Ces anciens clubs de l’élite partis à la dérive (2/2)

Par Dahbia Hattabi
7 min.

Il y a quelques jours, Foot Mercato s'est intéressé à d'anciennes écuries de l'élite parties totalement à la dérive. Après Strasbourg, Cannes et Grenoble, place à la deuxième partie consacrée à Gueugnon et Boulogne-sur-Mer.

On a coutume de dire que le plus difficile n'est pas d'arriver au sommet, mais d'y rester. Un vieil adage qui a pris tout son sens pour d'anciens clubs qui ont évolué en Ligue 1. Une expérience qui a duré en tout et pour tout trente-huit journées et pas une de plus. Le temps d'une saison, ils ont appartenu au cercle très fermé des vingt pensionnaires du championnat de France. Mais la découverte et les exigences du haut niveau ont été néfastes pour ces écuries, "rookies" au sein de l'élite française. Pour elles, le revers de la médaille a eu un goût amer. Le plus difficile a été de digérer l'après-L1 et le retour à l'échelon inférieur comme pour Arles-Avignon, dans le ventre mou du classement actuellement en Ligue 2. D'autres ont connu une chute vertigineuse sur le plan sportif quelques temps après leur passage en première division. C'est le cas de Gueugnon et Boulogne-sur-Mer.

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En 2000, le Football Club de Gueugnon remportait la Coupe de la Ligue aux dépens du Paris Saint-Germain et se qualifiait au passage pour la Coupe de l'UEFA. Treize ans plus tard, plusieurs divisions, des millions d'euros et surtout un fossé gigantesque séparent les deux écuries. En regardant dans le rétro, la dérive des Forgerons c'est aussi celle d'un club qui symbolise le football à l'ancienne. Des valeurs éloignées du foot business et des joueurs bling-bling avec lequel on doit composer désormais. Le FCG évolue actuellement en Division Honneur en Bourgogne. Comment a-t-il pu en arriver là ? En soixante-treize ans d'existence, le club a connu des pics de réussite. Le premier en 1979 lorsqu'il a terminé Champion de France de D2. Mais il n'avait pas pu monter car il n'avait pas souhaité obtenir le statut professionnel. Un statut qu'il a obtenu en 1987. Dès lors, Gueugnon a surfé sur la vague du succès avec une demi-fnale de Coupe de France en 1991 et surtout l'accession en D1 en 1995.

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Gueugnon : de la D1 à la DH

Mais il faut reconnaître que le FCG n'a pas tellement marqué l'élite de son empreinte. La saison 1995-1996 restera la seule du club en Division 1. Dix-huitièmes, les Forgerons ont fait l'ascenseur cette saison-là. Ils se sont maintenus en L2 plusieurs années avant de descendre en National en 2008. Une situation sur laquelle revient Bernard Canard, président actuel du club. «Il y a eu des mauvaises décisions prises par les présidents précédents en L2 comme certains licenciements de coachs. Ces choix ont entraîné le club dans cette situation là. À l'époque où Jean-Philippe Demaël était président, il dirigeait le club du Brésil. Il s'est reposé sur des gens en interne. Il y a eu des mauvais choix car il a eu de mauvaises informations. Ces mauvaises décisions ont entraîné un dysfonctionnement et la descente en National. (...) On n'a perdu les droits TV. C'était 80% de notre budget. La descente de la L2 au National a été fatal. On a dû réduire nos frais de façon drastique. (..) On n'a pas pu remonter dans les deux ans qui ont suivi. Le clan Vairelles a repris le club. Un an et demi après le club était en liquidation. Vairelles a fini ce qui a été commencé. Il n'est pas le seul fautif. Mais il a fini le travail de sape.»

Entre cessation de paiement et liquidation définitive de la SASP en avril 2011, le FCG a enchaîné les galères et est redevenu un club amateur. Pris en main par l'Association du FC Gueugnon, il a été sauvé grâce à des anciens du club comme Bernard Canard présent depuis dix ans. «Quand l'Association a survécu au séisme de la liquidation, on m'a sollicité pour reprendre le poste de président. L'objectif était dans les trois ans de faire monter le club en CFA 2. Cette saison, le but était de terminer dans les trois premiers. Avec la qualité de l'effectif, à mi-saison on visait la montée. On est deuxième à 2 points du premier. Il nous reste quatre matches. Rien n'est perdu. Au pire, on visera l'accession en CFA 2 la saison prochaine.» Malgré cette déroute sportive, le FCG reste un club qui a compté dans l'Hexagone. Il a lancé dans le monde professionnel des éléments comme Sylvain Distin, Aly Cissokho ou Romain Alessandrini. Il a aussi réussi à conserver une partie de son public. «On a gardé un noyau de supporters. On en a 300 ou 400, ce qui est pas mal pour un club de DH. Des ultras font même les déplacements avec nous. On ne retrouvera pas les 1000 ou 2000 spectateurs qu'on avait avant à Gueugnon. Pendant 40 ans, nous étions en L2. Par rapport au niveau et au spectacle proposé, une grosse partie nous a quitté. Mais si on retrouve du niveau, ils reviendront !» Reste plus qu'à accomplir la première partie du contrat pour Gueugnon.

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Boulogne-sur-Mer : après la chute, la reconstruction

Un ascenseur émotionnel, voici comment qualifier les années 2000 à l'Union Sportive Boulogne Côte d'Opale. Il y a eu l'euphorie tout d'abord. L'arrivée de Philippe Montanier a galvanisé les rouge et noir sacrés en CFA en 2005 puis montés en National et en L2 en 2007. Après une première saison difficile où le club assure son maintien dans le temps additionnel de la dernière journée (ndlr 1-0 contre Niort). L'année d'après, il a terminé troisième de L2 et est ainsi monté en Ligue 1 en 2009. Une première dans l'histoire de Boulogne-sur-Mer, plus petit budget de L1 à l'époque. Contacté par nos soins, Nicolas Parent, chargé de communication à l'USBCO confie: «La montée en Ligue 1 c'était du bonus. Elle est intervenue après notre deuxième année en L2. Ce n'était pas évident. Nous étions un jeune club professionnel qui découvrait le milieu. La L1 c'était vraiment un autre monde. (...) Plusieurs facteurs expliquent notre descente de la L1 à la L2. Le départ de Philippe Montanier à Valenciennes. Il était au club depuis 4 ans. Il a fait monter l'équipe du CFA à la L2. La blessure de Grégory Thil a été importante. Il s'est blessé à la 7e journée contre VA. Nous étions 8e en début de saison. Il est revenu en février-mars et était sur une jambe. Ca a été compliqué (..) On est descendu en L2. Les différents changements d'entraîneurs n'ont pas aidé. Il y a eu des mauvais choix en termes de recrutement aussi.»

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Ce manque de stabilité a conduit à la relégation en National en 2011. Un niveau auquel le club présidé par Jacques Wattez évolue depuis quelques saisons maintenant. Et la L2 ce n'est pas pour tout de suite puisque l'écurie du Pas-de-Calais est actuellement treizième en National. Il compte un point de plus que le premier relégable car six équipes descendent en CFA. Nicolas Parent explique: «On a le projet de retrouver la L2. Mais il faut d'abord se maintenir en National. L'an prochain, on repartira de zéro si on reste en National. Le but est de reconstruire une équipe. On ne pourra pas conserver les joueurs pros que nous avons. Ils sont restés en espérant retrouver la L2. D'un point de vue financier, on va devoir s'en séparer. On va reconstruire sportivement. On va recruter de jeunes joueurs qui correspondent à l'image et aux valeurs d'humilité et de simplicité de Boulogne-sur-Mer. On veut des joueurs qui adhèrent au projet. On veut retrouver une vraie complicité, une vraie cohésion avec le public. En Ligue 2, nous avions encore du monde. C'est un peu plus vide à présent. Ils n'ont pas compris les différents changements d'entraîneurs et certains choix.» Les fidèles du Stade de la Libération ne sont pas encore assurés de voir leur équipe évoluer au troisième échelon national. Une désillusion pour un club qui a tout de même vu passer dans ses rangs un élément comme Franck Ribéry. Plus dure sera la chute, dit-on souvent. Le FC Gueugnon et Boulogne-sur-Mer n'avaient pas prévu qu'elle ferait si mal. À eux de panser leurs blessures et de remonter vers les cimes du foot français.

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