Ligue 2 : l'inattendu rebond de l'AC Ajaccio

Par Maxime Barbaud
6 min.
Ajaccio @Maxppp

De la crainte d'une rétrogradation administrative en National 1 à une 3e place en Ligue 2, l'AC Ajaccio est passé par tous ses états en six mois. À l'heure d'affronter le RC Lens pour un choc au sommet du championnat (ce samedi à 15h), le club corse savoure ce petit miracle grâce à un mercato low cost, une défense de fer et BlaBlaCar.

C'est un peu le miracle ajaccien. Au matin de cette 17e journée de Ligue 2, l'AC Ajaccio (3e) s'apprête à recevoir le RC Lens (2e), candidat déclaré à la montée. C'est peut-être un tournant pour l'une des deux équipes mais c'est surtout un choc inattendu alors que la mi-saison approche. Il y a six mois encore, le club corse était suspendu à la décision de la DNCG de le rétrograder administrativement ou non en National 1. Le verdict tombe le 12 juillet. Le gendarme financier maintient finalement le dernier représentant insulaire dans le monde du football professionnel. «L’Orsu hè eternu» communique fièrement l'ACA. C'est surtout un grand ouf de soulagement mais il s'agit de reconstruire un effectif à la va-vite. Le championnat commence dans deux semaines et les finances sont très serrées. La masse salariale est même encadrée. Il faut la jouer malin.

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Pour remplacer les nombreux cadres partis (Gimbert, Nouri, Boé-Kane, Hergault, Cabit), Ajaccio passe par des prêts de joueurs jeunes pour la plupart (Cuypers, Bayala, Laçi déjà présent au club la saison passée sous forme de prêt, Jallow et Flips. Courtet est lui plus expérimenté) qu'il ne peut financer seul, un recrutement de joueurs libres (Kalulu, Huard) tout en parvenant à conserver les frères Lisandru et Matteo Tramoni. Alors que le club de la cité impériale s'avançait vers une saison incertaine, le miracle sportif a finalement lieu. «C’est une surprise pour tout le monde, le club en premier. Il y avait le spectre de la DNCG et cette épée de Damoclès au-dessus de la tête pendant plusieurs semaines. On était loin de se douter d’un tel début de saison mais force est de constater que la mayonnaise a pris rapidement entre les nouveaux, les anciens, les jeunes, les plus expérimentés», nous confie Anthony Appietto, journaliste à Corse Matin.

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Un groupe de joueurs déterminé

Guidé par l'emblématique capitaine Johan Cavalli (38 ans) et quelques éléments d'expérience (Leroy, Avinel, Choplin, Coutadeur et Lejeune, tous trentenaires), le groupe est renforcé par des besogneux, des courageux et surtout des revanchards à qui on n'a pas toujours accordé une réelle confiance. «Il y a eu des très bonnes pioches comme Kalulu, qui malheureusement s’est blessé mais qui a fait une excellente première partie de saison. L’autre latéral Huard aussi a vite fait oublier Hergault. Il est très vite monté en puissance. C’est un garçon qui en veut beaucoup. Il m’a raconté son transfert. Il a pris un BlaBlaCar pour descendre à Biarritz depuis Rennes à la dernière minute. Ça prouve qu’il est très motivé. Laçi aussi est un joueur en devenir, encore jeune et qui a une volonté folle. Il caractérise bien cette équipe ajaccienne. Ils sont un peu tous comme ça et forcément ils y croient. Le maintien est quasiment acquis et maintenant il faut se tourner vers autre chose», témoigne Appietto. Effectivement, l'heure est à l'optimisme.

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Le club occupe une brillante 3e place (33 points), à trois unités du leader lorientais et n'a perdu que deux fois depuis le début de l'exercice (un record détenu avec Nancy), notamment grâce à une défense de fer (11 buts encaissés, meilleure défense de Ligue 2 avec Valenciennes, 11 clean sheets soit trois de plus que toute autre équipe) et un Benjamin Leroy en véritable gardien du temple (il est d'ailleurs nommé pour le trophée de joueur du mois de novembre). Les Ours réalisent même un début de saison historique puisqu’ils n'ont plus perdu depuis le 30 août dernier au soir de la 6e journée. Sur une série de 11 matches sans défaite (meilleure série du championnat), ils ont capitalisé 23 points. C'est tout simplement un record depuis la saison 2001/2002, celle de la montée sous l'ère Rolland Courbis. «On peut voir que nous sommes une équipe très dure à manœuvrer. On défend énormément et bien. C’est notre première force. Plus les matches avancent et plus dans le jeu on est cohérent dans ce qu’on peut proposer», appuie l'attaquant Gaëtan Courtet (30 ans), arrivé en prêt de Lorient et auteur de 5 buts lors des deux premiers mois de compétition.

La défense ajaccienne à la base du succès

Le groupe vit bien comme le veut la formule et ça se voit sur le terrain. Les résultats aidant, l'ambiance est studieuse et il existe des axes de travail pour la suite. Souvent dominateurs dans leurs matches, les Corses peinent à concrétiser leurs occasions. Olivier Pantaloni, qui a souvent privilégié le 4-4-2 en début de saison, avant de revenir à son 4-2-3-1 préférentiel, a déjà regretté ce manque d'instinct de tueur en conférence de presse, comme à Guingamp. C'est aussi ce que concède Courtet. «Ça ne se voit pas forcément dans les scores obtenus mais plusieurs fois, on aurait pu mettre plus d’un but. On peut s’améliorer dans la finition. Sinon, nos enchaînements sont bons.» La faute aussi à une débauche d'énergie des joueurs offensifs, jamais avares d'efforts. Le travail défensif commence par eux, ce qui explique parfois leur manque de fraîcheur et de lucidité devant le but. Voilà une caractéristique qu'il faudra améliorer alors que se profile une seconde partie de saison passionnante. Les deux derniers matches contre Lens et à Troyes auront valeur de révélateurs pour la suite.

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«On travaille correctement pour connaître les forces de Lens, mais à aucun moment on se dit que c’est un match plus important que les autres. On n’avait pas l’objectif d’être à cette place là donc la pression est plus sur les Lensois, qui eux ont affiché leurs ambitions de monter. Nous, on ne crache pas sur notre place et on va tout faire pour rester là. C’est du bonus et si on peut frapper un grand coup, ça serait top», condense un Courtet déterminé. Après une saison galère et un été franchement compliqué, l'AC Ajaccio a là une belle occasion de rebondir. C'est un peu le résumé de l'histoire récente de ce club, toujours dans l'excitation du haut du classement ou dans l'angoisse de la descente schématise le suiveur de Corse Matin. «C’est vrai que c’est soit la peur au ventre, soit la montée. Au journal, on vit des saisons palpitantes. Ils ne sont jamais planqués à la 9e place. C’est aussi la particularité des clubs ici. Le Gazélec, c’est pareil. On est un peu habitué à souffrir à Ajaccio.» Pourvu que ce stress soit encore positif pour un moment.

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