Valenciennes, un club au bord de l’implosion

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Valenciennes @Maxppp

Résultats sportifs en chute libre, tensions en coulisses, situation financière extrêmement compliquée : Valenciennes traverse une période tumultueuse. Explications.

C’est l’histoire d’un club sauvé l’été dernier par Jean-Louis Borloo en personne et qui se retrouve à nouveau au bord du précipice. Valenciennes, 17e de Ligue 2, a « à peine de quoi tenir un mois dans les caisses », selon une source proche du club. Pourtant, Eddy Zdziech, président du club nommé le 30 août dernier pour succéder à Borloo, avait bien conscience de la situation. « Le sauvetage est entamé, mais il n'est pas terminé, il faut rétablir de la confiance dans le club, et pour ça, il va falloir une union sacrée: on aura besoin de tout le monde ». Malheureusement, rien ne se passe comme prévu pour la direction du club.

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CommeL’Équipe l’a expliqué dans son édition de jeudi, entre le désistement de certains partenaires, la non-cession du centre de formation et d’entraînement et le non-versement de la subvention de la ville, la situation financière du club apparait aujourd’hui bel et bien dramatique. En décembre dernier, Eddy Zdziech a dû procéder à des licenciements économiques et a notamment sacrifié Philippe Pelluault, ancien directeur administratif, ou encore Loïc Pérard, ancien directeur du recrutement et bras droit de l’ancien président Jean-Raymond Legrand. Un investissement personnel de la part de Zdziech était également annoncé. Contacté par nos soins, le président de VA a assuré que « des augmentations de capital ont été faites, il y a encore des choses en cours, en voie de finalisation », refusant de céder à la panique.

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La mauvaise gestion du mercato hivernal

Pourtant, il s’était montré moins calme quelques jours plus tôt durant un conseil d’administration, où la gestion du mercato hivernal avait clairement été pointée du doigt. En pleine crise financière, Valenciennes n’a pas réussi à vendre un seul joueur. Consigne était donnée de trouver des portes de sortie à certains membres du club, soit en raison d'une cote élevée sur le marché des transferts (N'Guette par exemple), soit parce que l'économie de salaire serait appréciable (Le Tallec). Résultat, un seul joueur est parti, Lyes Houri, et il n'a pas rapporté le moindre centime puisqu'il s'en est allé gratuitement à Bastia, faute de contrat pro à VA. Une erreur de gestion dramatique au sujet d'un joueur considéré comme l'une des plus grandes pépites de la formation nordiste. « Lyes, ça a été un choix stratégique du club. Ils ont décidé de proposer un contrat professionnel à Lyes, puis de se rétracter. Je ne sais pas pourquoi. On a donc décidé de trouver une solution pour que Lyes parte, après Valenciennes a trouvé un accord avec Bastia, c'était très clairement un accord entre eux », raconte Kevin Ménez, le représentant du joueur. De son côté, le président Zdziech nous a affirmé que « vendre sur le mercato hivernal n'était pas une nécessité. On est encore là. On doit continuer à travailler.»

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Autre dossier sensible, celui menant à Opa N'Guette, longtemps annoncé sur le départ, avec la possibilité d'un transfert puis d'un prêt pour finir la saison à VA. Mais le joueur n'a pas trouvé de point de chute assez intéressant, selon son agent David Wantiez. « On ne va pas signer quelque part pour faire plaisir au club. Aucun de mes joueurs ne signe dans un club où il n'a pas envie d'aller », nous a-t-il déclaré. Alors, les ratés du mercato ne sont-ils dus qu’à une absence d’offres intéressantes ? Pas seulement. En début de semaine, plusieurs agents, travaillant régulièrement avec Valenciennes ou ayant des joueurs évoluant dans le club, ont reçu une lettre signée du président Zdziech regrettant et condamnant « des interventions et des ingérences passées de M. Popioleck ». Loïc Popioleck est l’agent de Bernard Casoni, l’entraîneur de Valenciennes. Et il concentre énormément de reproches de la part de nombreuses personnes, d'agents comme de proches du club, sous couvert d'anonymat.

Le rôle mystérieux de M. Popioleck

Tout a commencé l’été dernier, avec deux dossiers qui ont surpris certains membres du club : le transfert de Rydell Poepon, en provenance de La Haye, alors qu'il avait été annoncé qu'aucun transfert n'était autorisé, et la modification du contrat de Bernard Casoni, un peu plus d'un mois après son arrivée. Deux dossiers menés par Loïc Popioleck.« Bien sûr qu'il y avait un budget transfert, sinon il n'aurait pas pu être transféré. Et Poepon n'a vraiment pas coûté cher (environ 100 000 euros, ndlr) », nous a-t-il répondu. Quant au cas Casoni « le contrat validé à sa nomination en juillet est le même aujourd'hui, à savoir un contrat de deux ans », assure Popioleck, sans préciser toutefois que le premier contrat portait initialement sur 3 ans et ne comportait pas la prime de 180 000 euros en juin 2016 aujourd’hui insérée.

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Selon plusieurs sources concordantes, Loïc Popioleck a cherché, au cours des mois suivants, à s’insérer dans les dossiers qui allaient agiter le mercato hivernal, au grand dam de certains agents. Interrogé sur le sujet, Kevin Ménez, agent du seul joueur à avoir quitté le club cet hiver, assure cependant ne pas avoir eu affaire à Popioleck. « Je ne connais pas du tout cette personne, pour être honnête. J'ai traité directement avec le club, je n'ai jamais été confronté à lui. » David Wantiez, représentant de N’Guette, connait lui l’homme mais explique ne pas avoir été gêné par sa présence.« Je n'ai eu aucun problème avec lui et on ne m'a jamais dit « tu dois travailler avec lui ». S'il m'avait amené quelque chose de cohérent, je n'aurais pas hésité ». Le président Zdziech nous a expliqué au téléphone que Popioleck disposait bien de mandats du club pour trouver une porte de sortie à N’Guette et qu’il avait discuté avec le Standard de Liège. Popioleck a d’ailleurs fait allusion à une offre de 1,6 M€ pour N’Guette et Doumpé Diarra.

Alors, Loïc Popioleck est-il un grand manipulateur ou un homme victime du cruel monde footballistique ? « Je ne cherche pas à gagner de l’argent mais à aider un club », nous a-t-il assuré. « On m’accuse de beaucoup de choses mais je n’ai rien à me reprocher. Le président n'avait pas à démentir quoi que ce soit à mon sujet, j'aurais pu le faire seul (au sujet de la lettre adressée aux agents, ndlr). Je démens donc avoir occupé le poste de directeur sportif à Valenciennes, même si j'ai joué un rôle durant le mercato hivernal pour tenter de trouver des solutions ». De son côté, le président Zdziech a également tenu à secourir l’agent de Bernard Casoni. « Simplement, M. Popioleck a été missionné sur 2 pistes qui n'ont pas abouti. On n'est pas déçu de l'action de M. Popioleck. La lettre était une réponse aux rumeurs, si jamais les agents y avaient cru, on s'en excusait. Il n'a pas de rôle officiel, ou officieux », nous a-t-il affirmé. On peut s’étonner cependant de voir un président de club prendre sa plume pour s’excuser auprès de plusieurs personnes d’une simple rumeur… En privé, plusieurs agents nous ont confirmé que Loïc Popioleck avait souvent agi dans le dos des représentants et des joueurs. Exemple : un agent informe le président Zdziech d'une offre étrangère pour un joueur de VA dont le salaire est conséquent. Quelques minutes plus tard, c'est M. Popioleck, qui, rappelons-le, n'exerce aucune fonction au sein du club, rappelle l'agent en question pour prendre en main le dossier. Un cas qui se serait répété à plusieurs reprises...

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Entre les conflits internes et la grave situation financière, Valenciennes traverse une période très sombre. Et ce ne sont pas les résultats sportifs qui mettent du baume au cœur puisque VA reste sur 6 défaites consécutives (Ligue 2 et Coupe de France) qui l'amènent au bord du précipice (17e de Ligue 2 à 1 point du premier non relégable, avant la rencontre prévue face à Créteil ce soir). Là encore, VA s’est compliqué la vie puisqu’au sein du vestiaire, tout n’a pas été rose. Selon Anthony Le Tallec, au club depuis 2012, les problèmes entre joueurs ont été réglés. « C'est vrai, il y a eu des embrouilles. On s'est parlé, on a multiplié les réunions et tout est aplani », assure-t-il. Sur le terrain, on aura un élément de réponse dès ce soir. Pour les coulisses, il faudra désormais attendre le 23 février et le prochain conseil d’administration qui s’annonce d’ores et déjà très musclé.

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