Comment tout s'est dégradé pour José Mourinho à Manchester United

Tout partait si bien. Comme une évidence, José Mourinho était nommé entraîneur de Manchester United en mai 2016, après deux ans de règne de Louis van Gaal, dont le management avait éreinté les Red Devils. Après Moyes et le Néerlandais, Mourinho apparaissait comme l’entraîneur idoine pour réveiller un club devenu bien morne. Et cela a fonctionné la première année, avec trois titres récoltés, le Community Shield, la League Cup et la Ligue Europa. De quoi faire passer la pilule d’une 6e place en championnat. Aucun nuage à l’horizon pour le renommé Happy One, qui a le droit à un gros chèque sur le mercato estival 2017 avec les arrivées de Romelu Lukaku, Victor Lindelöf et Nemanja Matic. Les relations avec Paul Pogba sont encore bonnes, tout comme celles avec ses dirigeants.

Un premier coup de canif intervient tout de même en décembre 2017. José Mourinho se plaint de voir Manchester City dépenser énormément d’argent sur les latéraux. Une critique à l’encontre des Citizens, mais aussi auprès de ses dirigeants alors qu’il commence à estimer qu’il ne dispose pas d’un assez large panel défensif. Cela ne l’empêche pas d’être prolongé par la direction en janvier 2018. C’est à cet instant que les choses vont basculer, notamment avec Paul Pogba. Au cours d’une défaite à Wembley face à Tottenham, Mourinho et le milieu de terrain français discutent de manière assez vive au bord du terrain. Pogba est remplacé à l’heure de jeu. Plus rien ne sera jamais pareil entre les deux hommes. Le Français sera mis régulièrement sur le banc au cours du mois de février, Mourinho prenant un malin plaisir à jouer le jeu des comparaisons avec le discret Scott McTominay. Au-delà du cas Pogba, les relations se tendent avec plusieurs éléments du vestiaire, dont Antonio Valencia, et certains échos laissent entendre qu’il ne s’adresse plus qu’à certains par l’intermédiaire de son adjoint Rui Faria.

Le mercato estival 2018 source de tensions

Manchester United termine la saison à la 2e place, son meilleur classement final sous Mourinho, mais bien loin du lauréat Manchester City, à 19 points. Pas de trophée glané cette année-là, alors que, historiquement, c’est lors de la deuxième saison que l’entraîneur portugais récolte les meilleurs résultats. Est-ce pour cela qu’il semble se tendre ? Toujours est-il qu’à l’entame de son troisième exercice sur le banc de touche, il ne se prive plus pour tacler Ed Woodward, le directeur général, en charge des transferts, du manque d’activité de MU sur le mercato. Durant l’intersaison, Mourinho s’offre plusieurs sorties pour se plaindre.

Anthony Martial et Antonio Valencia sont publiquement critiqués par le coach lusitanien. Le mercato estival ferme ses portes avec le milieu brésilien Fred et le latéral droit Diogo Dalot comme principales recrues. Mourinho ne cache pas son mécontentement et se tend alors que les résultats du début de saison ne sont pas bons. Sèchement battu par Tottenham lors de la 3e journée sur le score de 3-0, il s’en prend aux journalistes après la rencontre et réclame plus de respect par rapport à son palmarès en Premier League (3 titres de champion). Ce jour-là, il montre trois doigts et dit : « Cela signifie quoi ? 3-0 mais aussi 3 titres de champions. J’ai gagné à moi seul plus de Premier Leagues que les 19 autres entraîneurs réunis ». La tension est palpable.

Rien ne va plus avec Pogba

Au-delà des résultats décevants, Manchester United affiche un niveau de jeu terriblement décevant, bien loin de la grande époque de Sir Alex Ferguson. À tel point que Pogba s’autorise une sortie médiatique après un nul concédé à domicile face à Wolverhampton le 22 septembre pour réclamer plus d’allant offensif. Une déclaration jugée comme une attaque directe par Mourinho qui retire au Français le statut de vice-capitaine. Le 26 septembre, des images captées de l’entraînement de Manchester United dévoilent la tension extrême entre Mourinho et Pogba. Manchester United affiche en parallèle le plus mauvais bilan depuis 29 ans en Premier League et Mourinho n’est pas loin d’être limogé début octobre. Une victoire arrachée contre Newcastle (3-2 après avoir été mené 0-2) semble montrer que les joueurs n’ont pas lâché leur entraîneur. Le parcours en Ligue des Champions est également honorable, avec une victoire de prestige sur la pelouse de la Juventus Turin.

Mais cela ne suffira pas à sauver Mourinho. La défaite face au rival Liverpool dimanche relègue MU à 19 points au classement. L’entraîneur note lui l’écart qui sépare les Reds de ses Red Devils, en termes d’intensité et de talent. Un discours défaitiste surprenant de la part de Mourinho, qui ne cherche même pas spécialement à sauver la face devant ses dirigeants. Arrivé à Carrington, le centre d’entraînement de Manchester United, mardi matin pour diriger l’entraînement, il est convoqué par Ed Woodward qui lui annonce en tête à tête qu’il est limogé. Une issue logique, au regard des résultats, de l’ambiance détériorée au sein du vestiaire et de l’image écornée du club, mais aussi surprenante par son timing. Mourinho ne sera pas le nouveau Ferguson.

Here is Jose Mourinho's Premier League record since taking charge at #MUFC in the summer of 2016.Jose Mourinho has been sacked by @ManUtd: https://t.co/cMgxUIfykQFollow updates and reaction after Jose Mourinho is sacked as @ManUtd manager here: https://t.co/kouvEuOFMj pic.twitter.com/X09BEX8TUN

— Sky Sports News (@SkySportsNews) 18 décembre 2018