De Bruyne, Salah : la revanche des bannis

Par Aurélien Léger-Moëc
3 min.
Kevin De Bruyne @Maxppp

De l'avis de nombreux observateurs, Kevin de Bruyne et Mohamed Salah sont les deux meilleurs joueurs actuels de la Premier League. Leur point commun ? Ils avaient connu une première aventure malheureuse en Angleterre, à Chelsea plus exactement.

Il est parfois des choix que l'on regrette. José Mourinho, malgré son ego surdimensionné, dira peut-être un jour qu'il n'a pas su faire suffisamment confiance à Kevin De Bruyne et Mohamed Salah lorsqu'il les avait sous ses ordres à Chelsea. Aujourd'hui, les deux hommes sont, de l'avis de la majeure partie des consultants anglais, les meilleurs joueurs de la Premier League cette saison. Kevin De Bruyne (8 passes décisives) éclaire le jeu de Manchester City, impitoyable leader du classement. Mohamed Salah explose tout à Liverpool (14 buts en 18 rencontres) et forme un quatuor formidable avec Firmino, Coutinho et Mané.

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Pour ces deux hommes, cela ressemble à une sacrée revanche. Kevin De Bruyne rêvait de briller en Premier League. Lorsqu'il rejoint Chelsea en 2012 en provenance de Genk, il est vite envoyé en Allemagne pour s'aguerrir, du côté du Werder Brême. Auteur d'une bonne saison (10 buts en 33 matches), il revient plein d'espoir chez les Blues mais tombe sur un José Mourinho intransigeant et visiblement déçu de l'investissement du Belge. « Il ne m’a pas convaincu. Ici, ce n’est pas Brême », lâche par exemple le Special One. Une punchline parmi d'autres, tant il critiquera souvent De Bruyne publiquement . Finalement vendu à Wolfsbourg, le Diable Rouge reviendra par la grande porte deux ans plus tard, à Manchester City, où il s'est imposé dans un rôle de milieu relayeur, sublimé depuis plus d'un an par Pep Guardiola.

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La faute incombe-t-elle seulement à Mourinho ? Souvent moqué en Angleterre pour ce choix, Mourinho n'était pourtant pas pointé du doigt à l'époque. Mieux, certains consultants écrivaient leur étonnement, pour ne pas dire plus, de voir Manchester City dépenser autant (74 M€) pour ce joueur qui n'avait pas séduit en Premier League, à l'image de Paul Merson, ancien joueur d'Arsenal. « Que Manchester City paye autant d'argent pour Kevin De Bruyne est une immense blague. Je pensais qu'il était déjà dépassé par la situation à Chelsea. Il n'a jamais convaincu sur le terrain. Je ne pense pas qu'il peut y arriver. Et maintenant, il va à City pour 3 fois le prix que Wolfsbourg avait payé. Très peu pour moi. Ok, il a fait une bonne saison en Allemagne. Mais il y a peu de clubs décents là-bas, n'est-ce pas ? Ce n'est pas la Premier League. »

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Une véritable deuxième chance

Pour les observateurs anglais, voir un joueur échouer une première fois dans ce championnat si particulier était alors une preuve irréfutable d'un mauvais casting. Pas de deuxième chance possible, ou alors dans un club d'une envergure beaucoup moins grande. De Bruyne en est désormais l'antithèse, suivi par Mohamed Salah. Lui aussi a été négligé par Mourinho, bien que sa relation avec le Portugais n'ait pas été aussi conflictuelle que celle de De Bruyne. En le recrutant à Bâle en janvier 2014, l'entraîneur portugais voulait surtout le préparer pour la saison suivante. Un match raté contre Bradford City en FA Cup (défaite 4-2 à Stamford Bridge) et une sortie sous les sifflets ont eu raison de Mourinho, qui l'a envoyé en prêt à la Fiorentina. L'AS Roma a ensuite saisi l'occasion, avant que Liverpool paye le prix fort (42 M€) pour le récupérer l'été dernier, pour son plus grand bonheur.

Autrefois véritable coupe-gorge, la Premier League autorise une deuxième véritable chance. À force d'y aller très tôt dans leur carrière, certains joueurs y perdent leurs moyens, et accumulent du retard à un âge où il est important d'engranger du temps de jeu et l'expérience qui va avec. De Bruyne a dû trouver cela en Allemagne, Salah en Italie. Leur retour glorieux, à grands frais pour leurs clubs respectifs, empêche désormais les consultants, observateurs et journalistes anglais à temporiser certains jugements trop hâtifs sur les nouveaux venus. Contrairement à l'idée reçue et diffusée en Angleterre, il est maintenant possible d'y échouer puis d'y triompher.

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