Entretien avec... Sylvain Distin : « La France me manque mais... »

Par Khaled Karouri
9 min.
Everton Sylvain Distin @Maxppp

Taulier de la défense d'Everton, Sylvain Distin fait des ravages en Premier League. Étincelant sous le maillot des Toffees, le joueur fait partie des tauliers du championnat anglais. Pour Foot Mercato, le défenseur revient sur sa saison, fait le point sur son avenir, sans oublier de parler de l'équipe de France.

Foot Mercato : La saison bat son plein en Premier League. Comment ça se passe pour vous du côté d'Everton ?

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Sylvain Distin : C'est un petit peu frustrant parce qu'on a fait beaucoup de matches nuls. Cette saison, le championnat est très, très serré. Avec les matches nuls, on n'avance pas trop et on reste dans le ventre mou du classement. On a quand même de plus grandes ambitions. Et puis au vu des matches qu'on fait, on mérite un peu mieux. Seulement, on a eu du mal à marquer en début de saison et là maintenant qu'on marque un petit peu plus de buts, on en concède aussi un petit peu plus. On arrive à revenir au score à chaque fois, mais il y a beaucoup trop de matches nuls pour le moment.

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FM : Quelles sont vos ambitions pour cette saison, que ce soit à titre personnel ou collectif ?

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SD : Collectivement, on n'en a pas parlé plus que ça. On sait qu'on a le potentiel pour aller chercher les places européennes. Je pense qu'instinctivement, c'est ce qu'on espère tous. Personnellement, j'espère continuer sur ma lancée. Pour l'instant, je fais un bon début de saison et j'aimerais continuer comme ça.

FM : Vous avez été titulaire à tous les matches de championnat jusque-là. Une situation qui doit vous ravir...

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SD : Oui, ça se passe bien pour le moment. Mais voilà, dans le foot on sait très bien que tout peut changer d'un match à l'autre. Il faut donc continuer à travailler et surtout prendre du plaisir.

FM : Comment voyez-vous cette saison qui s'annonce plus que jamais indécise, avec des cadors moins souverains...

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SD : Les écarts se resserrent. Avant, il y avait les quatre gros et puis c'est tout. Il y avait trois ou quatre clubs qui étaient en dessous, et puis après tout le reste. Là, les écarts se resserrent chaque année de plus en plus. Il y a des clubs comme Everton, Aston Villa, Tottenham et City maintenant, même si c'est pour des raisons financières, qui sont derrière les quatre gros. Le championnat est donc beaucoup plus intéressant. Comme on peut le voir, le championnat est totalement relancé. Il y a des clubs comme Bolton qui sont quatrièmes. Après une quinzaine de journées, personne n'aurait pensé voir ce genre de clubs à ce niveau. C'est serré, mais c'est bien pour les supporters, c'est bien pour nous. Ça relance le championnat et c'est très intéressant.

FM : Quel est votre favori pour le titre ?

SD : Logiquement, ça devrait être Chelsea ou Manchester United. Mais, c'est très serré donc il n'y a vraiment rien de fait encore.

FM : Vous qui avez joué à Manchester City, que pourriez-vous nous dire sur ce club qui monte en puissance à coups de millions d'euros ?

SD : C'est complètement différent par rapport à l'époque où j'y étais. Ils ont changé trois fois d'entraîneurs depuis, une ou deux fois de présidents. Et c'est pareil pour l'effectif. De ce groupe-là, il y a peut-être un ou deux joueurs avec lesquels j'ai évolué. C'est donc difficile de juger parce que c'est un club complètement différent.

FM : Everton est le club rival des Reds de Liverpool. Comment se passe le derby entre ces deux clubs ?

SD : C'est un peu comme un PSG-Marseille. Il y a beaucoup de tension, mais c'est assez sain quand même. Il n'y a pas d'altercations entre supporters ou quoi que ce soit de ce genre. Mais ce match-là, c'est un gros match comme les PSG-Marseille. Mais j'ai pu faire d'autres derbys en Angleterre, que ce soit Newcastle-Sunderland ou City-United, ce sont des matches intenses et dont tout le monde te parle des semaines avant le match.

Un possible retour en France ?

FM : Vous attaquez votre dixième année outre-Manche. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur la Ligue 1 ?

SD : C'est évident que chaque année, les meilleurs joueurs partent. C'est un petit peu dommage parce que ça ne va pas améliorer la Ligue 1, ça c'est sûr. Mais les championnats étrangers sont attractifs et il y a aussi pas mal de joueurs qui partent pour des raisons financières. Tant que ces problèmes sont toujours là et ne sont toujours pas réglés, les meilleurs joueurs continueront forcément de partir. Et ce ne sont pas que les meilleurs joueurs maintenant, depuis quelques années il y a beaucoup de joueurs qui préfèrent évoluer à l'étranger dans des clubs qui se battent pour éviter la relégation ou même dans des clubs de niveau inférieur dans le but de prendre autant de plaisir qu'en France tout en gagnant plus qu'en France. C'est dommage pour le championnat français, mais c'est la réalité.

FM : Vous parlez de choix financiers. Est-ce aussi ce qui a motivé votre départ pour l'Angleterre ?

SD : Non. L'Angleterre, c'était un but parce que j'ai toujours aimé le championnat anglais. Quand j'étais au PSG, je m'étais dit que je ferais quelques années au club pour prendre de l'expérience avant de partir au bout de quelques années en Angleterre. Même si j'étais content de jouer au PSG parce que c'est aussi mon club de cœur. Mais bon, ça s'est fait autrement. Il y a eu un changement d'entraîneur, on m'a demandé de quitter l'effectif. Plutôt que de me retrouver dans un club de bas de tableau en France, j'ai préféré venir en Angleterre. Ça s'est très bien passé et du coup je suis resté. Mais en fait, c'est vraiment une coïncidence.

FM : Êtes-vous déçu, voire amer, de ne pas avoir pu rester plus d'un an à Paris ?

SD : Je ne dirais pas amer parce que si je regarde la carrière que j'ai faite depuis, je ne peux pas avoir de regrets, ça serait déplacé. Mais déçu oui parce que j'aurais aimé jouer et évoluer plus longtemps au PSG parce que c'est mon club formateur, c'est là où j'ai grandi. C'est un club que je porte en moi. C'est quelque chose de spécial d'avoir signé professionnel, d'être en D1 à l'époque. Jouer au PSG, ça avait un parfum attirant pour moi. Je n'ai pas eu l'occasion d'y jouer plus d'un an, mais c'est déjà ça. Je prends. Je prends parce que j'y ai pris beaucoup de plaisir.

FM : Suivez-vous toujours de près les performances du PSG ?

SD : Oui, toujours. Je suis un peu la Ligue 1, plus ou moins de loin. Mais les performances du PSG, bien sûr je les suis régulièrement.

FM : Est-ce qu'un retour au PSG pourrait vous intéresser ?

SD : Je n'ai jamais été contre un retour en France. Seulement, il ne faut pas se voiler la face. Une fois qu'on a joué en Angleterre et que ça se passe bien comme c'est le cas pour moi, c'est très difficile de revenir en France. Entre ce que j'aimerais et ce que je devrais faire, il y a une grosse différence. Donc oui, la France me manque. Oui, ça ne me dérangerait pas de revenir jouer en France. Oui, ça serait possible. Mais vu que ça se passe bien pour moi en Angleterre, ça serait très, très difficile pour le moment.

FM : Avez-vous eu des touches avec certains clubs français durant l'intersaison ?

SD : Non, il n'y a eu aucune touche. C'est simplement que je suis Français et la France me manque. Ça ne me dérangerait pas de revenir en France. Mais là, il ne s'agit que d'une envie, sur un plan pratique. Mais si je suis un peu plus réaliste, je me sens bien en Angleterre. Tout se passe bien, c'est un super championnat avec de supers joueurs et de supers stades. C'est un championnat super intéressant et comme je suis un compétiteur, je me sens bien ici.

Son regard sur l'équipe de France

FM : Vous n'avez jamais été appelé en équipe de France. Est-ce une déception de ne pas avoir pu accrocher le wagon Bleu ?

SD : Si j'y avais goûté ou si je pouvais comprendre ce qui s'est passé, ça aurait été une déception. Mais ce n'est pas le cas. Je n'ai jamais été appelé ou préconvoqué, ne serait-ce qu'avec les Espoirs. À une époque, il y avait même les A et les A' avec une cinquantaine de joueurs convoqués et je n'ai pas été convoqué. À partir de là, on ne se fait plus d'illusions. Je me suis souvent demandé pourquoi. Mais là j'arrive à un âge et à un stade de ma carrière où je me rends compte que j'ai fait sans l'équipe de France. Ça n'est pas venu et je n'ai toujours pas les réponses. Mais c'est sûr que je me pose des questions, surtout quand on voit qu'en défense centrale ça a pas mal bougé. Il y a eu beaucoup de joueurs qui ont eu leur chance, qui ont même eu deux ou trois fous leur chance. Et d'autres qui ne l'ont jamais eue et moi je fais partie de ceux-là. Je n'ai pas à réfléchir plus que ça. Le sélectionneur ne me voyait certainement pas assez bon à ce moment-là pour évoluer en équipe de France.

FM : Y pensez-vous malgré tout dans un coin de votre tête ou faîtes-vous une croix dessus ?

SD : Ça fait un bon moment que je n'y pense pas. De toute manière, ce n'est pas moi qui décide. Je ne joue pas dans mon club en pensant que si je fais de bons matches alors je serai en équipe de France. Je joue et je prends du plaisir. Si ça vient, c'est super, tant mieux. Et si ça ne vient pas, tant pis, ce n'est pas bien grave.

FM : En tant que joueur français, comment avez-vous vécu le sombre épisode de la Coupe du monde ?

SD : Évidemment, déçu. Pas spécialement par les réactions des joueurs, mais plus par les résultats. On a beaucoup parlé de leurs réactions ou de ce qui a pu se passer au sein de l'équipe parce que les résultats n'étaient pas là. Mais s'il s'était passé exactement la même chose et qu'on s'était qualifié pour les tours suivants, ça n'aurait pas choqué grand monde. Mais oui, déçu par les résultats parce qu'on veut que l'équipe de France réussisse.

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