Argentine : pourquoi Lionel Messi dit stop

Par Alexis Pereira
5 min.
Argentine Lionel Andrés Messi Cuccittini @Maxppp

Au sortir d'une nouvelle désillusion avec l'Albiceleste, en finale de la Copa América contre le Chili (0-0, 2 t. a. b. à 4), Lionel Messi a décidé de prendre sa retraite internationale. Un choix dicté par les échecs répétés de l'Argentine mais pas que...

«No te vayas». Ne pars pas. La une de Olé résume à elle seule le sentiment qui règne ce lundi en Argentine après l'annonce de la retraite internationale de Lionel Messi (29 ans). La Pulga a en effet décidé de dire stop à la sélection, après 113 capes et 55 buts (un record !) ce dimanche. La défaite de l'Albiceleste, en finale de la Copa América Centenario face au Chili (0-0, 2 t. a. b. à 4), aura provoqué ce séisme. « C’est un moment difficile à analyser. Dans le vestiaire, j’ai pensé que c’était fini pour moi en sélection, que ce n’est pas pour moi. C’est pour le bien de tous, atteindre la finale et la perdre ne nous satisfait pas. J’ai essayé plusieurs fois d’être champion avec l’Argentine. Ça n’a pas marché, je n’ai pas réussi », a-t-il lâché. Lassé de ne pas parvenir à remporter de titre avec son équipe nationale, le n° 10 du FC Barcelone n'a pas digéré cette nouvelle désillusion, d'autant qu'après avoir réalisé une belle prestation, il a raté sa tentative lors de la séance de tirs au but.

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« Ce que je ressens en ce moment, c’est une grande tristesse que ça arrive à nouveau, j’ai raté mon tir au but, c’était importantissime. Voilà. C’est incroyable, mais ça ne marche pas. Ça nous arrive encore fois, aux tirs au but. C’est la troisième finale de suite. Nous avons tout tenté, et voilà. C’est terminé pour moi la sélection, je crois que c’est tout », a-t-il expliqué. Il n'en peut tout simplement plus. En 2007 (finale de la Copa América contre le Brésil, 3-0), en 2014 (finale de la Coupe du monde face à l'Allemagne, 1-0 a. p.), en 2015 (finale de la Copa América contre le Chili, 0-0, 4 t. a. b. à 1) et donc en 2016, le natif de Rosario a caressé l'espoir de décrocher un titre avec son pays. Mais à chaque fois, il a dû quitter le pré la tête basse... Cette déception sportive aura été celle de trop. Pourtant, sa prestation ce dimanche n'aura pas été catastrophique. Olé considère même qu'il s'agit de sa meilleure finale sous le maillot bleu ciel et blanc.

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«Il est dur de voir les difficultés de l'Argentine à marquer un but même lorsque le meilleur joueur du monde joue à un niveau monstrueux», analyse notamment le quotidien sportif argentin, car si Messi est pointé du doigt pour son penalty raté, d'autres joueurs auraient pu faire la différence lors du temps réglementaire bien avant lui, à l'image de Gonzalo Higuain. Comme s'il avait le sentiment d'avoir tout tenté pour briser sa malédiction en équipe nationale, Messi, également touché par ses soucis extrasportifs avec le fisc espagnol, jette l'éponge pour se consacrer totalement à sa carrière en club. Devenu au fil des années, à force de persévérance et de sacrifices, le leader technique que tout un peuple attendait, il était pourtant parvenu à gagner le crédit que son pays a tardé à lui accorder. Idole au Barça, le quintuple FIFA Ballon d'Or a en effet longtemps couru après la reconnaissance sur son sol.

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Lassé des critiques et des dysfonctionnements...

«Nous perdons un homme indispensable. Si les joueurs spéciaux ont quelque chose, c'est qu'un penalty raté ou une finale perdue ne ternissent pas leur grandeur. Le destin a donné à ceux qui n'avaient pas pu profiter de Maradona une deuxième chance. Nous l'avons gâchée. Nous ne te méritons pas, Leo», a lâché Camilo Francka dans un édito pour TyC Sports en réaction à ce que toute la planète football appelle aujourd'hui le Mexit (en référence au Brexit, sortie de la Grande-Bretagne de l'Union Européenne). Et si sa cote d'amour est largement remontée, son palmarès international (hormis les Jeux Olympiques 2008 à Pékin), lui, est resté vierge. Pour lui, gagner avec les siens était devenu essentiel. «Messi ne joue pas les finales avec l'Argentine pour la gloire mais pour qu'on le pardonne. Si l'Argentine gagne, il nous paraitra plus patriote», a analysé Jorge Valdano, champion du monde 1986, dans les colonnes de La Nacion.

Gagner pour effacer les critiques acides et sévères selon lesquelles lui "le Catalan" ne donnait pas tout lorsqu'il endossait la tunique argentine. Sa patience a finalement atteint ses limites. D'autres paramètres ont sans doute également influé sur son choix d'arrêter. Quelques jours après la qualification pour la finale de la Copa América, il n'avait ainsi pas hésité à tacler sèchement sa fédération - et implicitement son président Luis Segura à qui il n'adressait plus la parole d'après La Nacion - responsable selon lui de ne pas tout mettre en œuvre pour bien préparer les joueurs et le staff dans les moments cruciaux. « Encore une fois, on attend dans un avion en attendant de pouvoir partir... Quel désastre l’AFA, mon Dieu ! », avait-il publié sur son compte Instagram avant d'enfoncer le clou quelques heures plus tard en conférence de presse.

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Argentine Lionel Andrés Messi Cuccittini

« Nous ne demandons pas grand-chose. Le minimum. À savoir voyager, se reposer et bien préparer les matches. Ce n’est pas la première fois, cela fait longtemps que cela se passe et que nous, les joueurs, nous ne disons rien, il est temps que les choses changent », avait-il lâché. Des mots forts pour le discret gaucher qui en disent long sur les dysfonctionnements dans l'organisation du football argentin, l'AFA étant été placée sous tutelle par la FIFA, un comité de normalisation gérant même les affaires courantes jusqu'à de nouvelles élections... Entre pression populaire et politique et échecs sportifs, Lionel Messi a donc choisi de jeter l'éponge. Un choix que toute l'Argentine regrette déjà, et ce, malgré la déception liée à la nouvelle défaite de sa sélection. Olé a lancé une campagne auprès de ses lecteurs et internautes pour tenter de faire changer la Pulga d'avis avec le #notevayasLeo. Trop tard ?

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