Chievo Vérone : la folle histoire de Luciano, révélé dans le football sous un autre nom

Par Alexandre Pauwels
3 min.
Luciano s'est révélé sous un autre nom @Maxppp

Avec son départ canon en Serie A, ce Chievo rappelle son glorieux aîné {dei Miracoli}. Comment ne pas penser, dès lors, à l’un des artisans de cette 5e place obtenue en 2001/2002, Eriberto devenu Luciano ? Portrait d’une double personnalité.

Dix points en cinq journées, avant son déplacement à Sassuolo (1-1), le Chievo n’était pas aussi bien parti en Serie A depuis la saison 2001/2002. La saison du Chievo dei Miracoli, qui tout juste promu, avait étonné l’Italie jusqu’à glaner une 5e place. Performance rendue possible grâce à la malice de coach Del Neri, aux buts du duo Marazzina-Corradi, et à l’efficacité de ses ailiers Manfredini et Eriberto. Surtout Eriberto. Avec 4 buts et 2 passes décisives en 30 matches, mais surtout beaucoup de dribbles et de courses concluantes sur son flanc droit, le Brésilien était la révélation dans la révélation, destiné à franchir une nouvelle étape avec un transfert pour un club huppé. Or tout a capoté, du fait d’un terrible secret.

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Changer de nom et d’âge pour sortir de la pauvreté

Au terme de la campagne, alors qu’il est en pleine négociations pour son passage à la Lazio, Eriberto révèle aux autorités brésiliennes qu’il se prénomme en réalité Luciano Siqueira de Oliveira. Qu’il n’est pas né le 21 janvier 1979, mais le 3 décembre 1975. La stupeur et la consternation se mêlent aux rumeurs les plus folles en Italie, et le joueur est vite contraint de raconter son histoire. Celle d’un orphelin qui a grandi dans la pauvreté à Boa Esperança, dont le destin a basculé avec la rencontre d’un agent surnommé Moreno.

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« J’avais 19 ans, je jouais dans le district de Boa Esperança et un prêtre du coin me disait que j’avais de l’avenir, et qu’il me présenterait un jour à un dirigeant. En 1996, il me présente Moreno, qui dit être un agent. Il m’a demandé si je voulais jouer au Vasco da Gama. Ça m’a tout de suite fait rêver parce que j’entrevoyais la possibilité de vivre plus dignement, sans dépendre de ma sœur ou de mon beau-frère. Après un mois, il revient et m’impose des conditions, la plus importante regardant l’âge. Il me considérait trop vieux, me disait que les clubs ne me prendraient pas et qu’il me fallait présenter un autre âge pour effectuer des essais. Deux semaines plus tard, il m’amenait l’acte de naissance d’un autre gamin de la localité », confiait-il à L’Arena. Avec trois ans de moins, Luciano a pu passer des tests au Vasco et São Paulo, et finit par signer à Palmeiras.

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La vérité pour son fils

La carrière d’Eriberto se sera ensuite écoulée sur presque cinq ans. Assez pour lui permettre de percer au Brésil, glaner un transfert vers l’Italie à Bologne avant sa révélation à Vérone. C’est au top de cette carrière que le joueur a décidé de dire la vérité, pour des motifs familiaux. « J’ai décidé, avec ma compagne, de régulariser ma position, parce qu’autrement mon fils n’aurait pas pu porter mon nom. Je l’ai aussi fait parce que j’étais sur le point d’être transféré dans un autre club et que j’étais très préoccupé. Les risques judiciaires et financiers passaient au second plan », expliquait-il encore. Luciano n’avait que faire des sanctions, son mea culpa lui a visiblement conféré la clémence.

Et des autorités, qui ne lui ont finalement pas infligé plus qu’une suspension de 7 mois, et du Chievo, qui n’a absolument pas mal pris la chose. « J’ai accueilli la nouvelle avec surprise, mais j’ai une grande affection pour ce joueur, qui est parvenu à se sortir de cette manière d’une situation de grande pauvreté sans voler ni tuer personne », déclarait ainsi coach Del Neri à la révélation de l’affaire, résumant à lui seul la position du club. Avec trois ans de plus cela dit, Luciano n’a pas pu signer à la Lazio ni honorer les promesses : il passa 11 autres saisons avec les Clivensi, avant une dernière pige à Mantova et la retraite. « Qu’importe », se dit sûrement aujourd’hui l’ancien numéro 10 gialloblù. Si Eriberto l'a tiré de la misère, avec le temps, retrouver son identité valait bien plus qu'une carrière.

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