Inter Milan : les dessous d’une renaissance inattendue

Par Aurélien Léger-Moëc
5 min.
Inter Milan @Maxppp

On imaginait une saison de transition pour l’Inter Milan, qui n’a pas fait mieux que 6e depuis 6 ans, au regard de l’adversité corsée en Serie A. Mais les Nerazzurri surprennent avec une 2e place et surtout 26 points sur 30. Foot Mercato vous livre les dessous de ce redressement spectaculaire.

Durant toute la journée de mercredi, l’Inter Milan a de nouveau goûté à l’ivresse des sommets. Ceux du classement de Serie A, dominés, le temps d’une journée (avant que la victoire de Naples le replace au deuxième rang), pour la première fois depuis janvier 2016. À l’époque, l’entraîneur se nommait Roberto Mancini, mais il n’avait pas réussi à maintenir le cap, se classant finalement 8e. Il quittera le club en août 2016, de manière abrupte, remplacé par Franck de Boer, lui-même limogé quelques semaines plus tard. C’était là l’un des problèmes majeurs de l’Inter Milan au cours des 5 dernières années : avec plus de 50 joueurs achetés et 7 entraîneurs différents (mais aussi 3 propriétaires), il était impossible de trouver de la continuité sur et en dehors du terrain.

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C’est seulement depuis l’été dernier qu’une certaine forme de stabilité a été atteinte. Le groupe Suning, propriétaire du club depuis 2016, Pier Ausilio, directeur sportif, et Walter Sabatini, nommé coordinateur sportif en mai dernier, ont trouvé leur rythme, comme nous le raconte le spécialiste de la Serie A et fondateur du site calciomio.fr Valentin Pauluzzi. « Quand ils (les nouveaux propriétaires chinois, ndlr) sont arrivés il y a un an et demi, ils ont déboursé 45 M€ pour João Mario, ce qui est surpayé, et 30 M€ pour Gabigol, et ils ont vite compris que ce n’était pas forcément la bonne recette. Que ce soit le board chinois ou italien - parce qu’au final à la direction sportive, ce sont des Italiens - ils se complètent bien. Suning est resté assez humble dans son approche et laisse faire des spécialistes comme Ausilio et Sabatini. Ils ont compris que la continuité pouvait payer. »

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De bonnes pioches sur le mercato et Icardi

Handicapé par le fair-play financier lors du dernier mercato estival, l’Inter n’a pas fait de folies. Contrairement à l’AC Milan et ses 200 M€ dépensés ou aux 150 M€ lâchés par la Juventus, l’Inter Milan devait surveiller ses dépenses. Résultat : 86,6 millions dépensés (6 joueurs achetés) pour 61,7 millions récupérés (13 joueurs vendus dont 2 prêts payants). Avec de bonnes surprises à la clé, au premier rang desquelles on trouve Milan Skriniar, défenseur central de 22 ans qui épate l’Italie cette saison. « La grosse surprise, c’est Skriniar. C’est vraiment du solide », nous assure Pauluzzi.« Il était intéressant à la Sampdoria mais quand il a signé à l’Inter pour 15 M€ plus Caprari, tout le monde disait que ça faisait beaucoup pour un joueur avec une seule véritable saison dans les jambes. Eh bien non, c’est physique, technique, intelligent et ça forme un duo très complémentaire avec Miranda. » Avec les latéraux titulaires D’Ambrosio et Nagatomo, dans une forme éblouissante, qui leur permet de distancer les recrues Cancelo et Dalbert et les prestations toujours aussi épatantes du gardien Handanovic, l’Inter peut déjà s’appuyer sur une défense de fer (7 buts encaissés, 2e meilleure défense, derrière la Roma, à égalité avec Naples).

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Au milieu, c’est là que l’effectif est le plus fourni. « Ils sont trois à pouvoir jouer derrière Icardi. Brozovic et João Mario ont eu des pépins physiques. Borja Valero c’est la valeur sûre, celui qui connaît le mieux le championnat italien », explique Pauluzzi. Dans le 4-2-3-1 de Spalletti, les ailiers Perisic, conservé et prolongé malgré les approches très concrètes de Manchester United, et Candreva abattent un boulot considérable et savent parfaitement servir Icardi, le facteur X, auteur de 11 buts en 10 rencontres de Serie A. L’absence de participation à une Coupe d’Europe reste plutôt bienvenue au regard de la profondeur de banc un peu limitée. « L’effectif est un peu court. Il ne faut pas que les défenseurs centraux chopent un rhume ou que Icardi se blesse longuement », note Pauluzzi. Pour certains observateurs italiens, l’Inter « sur-performe » en ayant accumulé 26 points sur 30 possibles. Mais n’est-ce pas là tout le talent de Luciano Spalletti, qui a repris l’équipe en main cet été ? C’est ce que pense Valentin Pauluzzi.

Spalletti sublime le collectif

« La raison numéro 1 du retour de l’Inter en haut de l’affiche, elle est simple, c’est Luciano Spalletti, l’un des meilleurs entraîneurs au monde, je n’ai pas peur de l’affirmer. Partout où il est passé, il a obtenu d’excellents résultats. Il était grand temps qu’on lui donne sa chance dans un grand club italien. Ses deuxièmes places avec la Roma, ça valait des trophées remportés avec des équipes avec de plus gros budgets. C’est un entraîneur très complet, tactiquement c’est un monstre, il sait s’adapter, il n’est pas têtu, il sait prendre les caractéristiques de ses joueurs en considération pour monter son équipe, même s’il a une préférence pour le 4-2-3-1. C’est un excellent gestionnaire, au niveau du groupe et du vestiaire et c’est un excellent communicant, à la fois ironique, drôle, sérieux. Je pense que cela fait beaucoup de bien à ses joueurs. Il sait construire un environnement de travail positif. »

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Ce n’est pas faire injure aux joueurs de l’Inter que de dire que Spalletti sait les sublimer pour obtenir de bons résultats. Certes, le jeu n’est pas toujours agréable à regarder. Certaines victoires ou certains points ont souvent été arrachés au forceps, mais le style s’améliore, à l’image de la première heure du match remporté face à la Sampdoria mardi (victoire 3-2). Les Nerazzurri manquent encore sûrement d’un ou deux top-players qui pourraient améliorer la qualité de jeu. Mais ce ne sera pas forcément pour cette saison. « Dès cet hiver, il faudra voir les joueurs sur le marché, on peut déjà prévoir des renforts, au moins un défenseur central voire un remplaçant à Icardi même si Eder fait plutôt du bon boulot », explique Pauluzzi.

Et pour la suite alors ? L’Inter Milan est-il en train de bâtir une équipe sur le long-terme capable de dominer une Serie A redevenue extrêmement concurrentielle, entre une Juventus Turin qui se rêve indétrônable, un Napoli mature et spectaculaire, une Lazio surprenante ou encore une Roma solide, en attendant un AC Milan au niveau de ses ambitions ? Oui… et non. « Le fair-play financier et les directives du parti communiste chinois peuvent être les deux freins de l’Inter pour l’été prochain », explique Pauluzzi lorsqu’on évoque un prochain mercato estival prestigieux. Cela n’empêche pas les dirigeants nerazzurri d’être présents sur de nombreux dossiers imposants, comme Pastore, Reus, Özil, mais aussi sur les espoirs du football mondial, à l’image du transfert de Karamoh, comme Partey ou Bissouma. Des perspectives enfin réjouissantes pour les tifosi.

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