Inter Milan : pourquoi Diego Godin est à la peine

Par Aurélien Léger-Moëc
4 min.
Inter Milan Diego Roberto Godín Leal @Maxppp

C'était l'un des gros coups de l'Inter Milan l'été dernier. Arrivé libre, le défenseur uruguayen Diego Godin venait former une défense redoutable avec Skriniar et De Vrij. Mais tout ne se passe pas comme prévu...

« Annonce : il y a un nouveau shérif en ville ! Diego Godin est un joueur de l’Inter Milan ». Le 1er juillet dernier, l'Inter Milan officialisait le coup attendu avec le transfert de Diego Godin, libre de tout contrat après 9 saisons passées à l'Atlético de Madrid. La presse italienne en faisait les choux gras et évoquait le mur bâti par les Nerazzurri avec la défense à 3 composée de Skriniar, De Vrij et Godin. Antonio Conte pouvait être ravi. Sept mois plus tard pourtant, Diego Godin n'est même pas un titulaire indiscutable au sein de l'arrière-garde intériste, meilleure défense du championnat avec 16 buts encaissés. Une bizarrerie au regard du CV de Godin, qui est aussi l'un des joueurs les mieux payés du club.

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Reste que pour l'instant, le défenseur de 33 ans (il en aura 34 dans un mois) ne répond pas totalement aux attentes de son entraîneur et du football italien. La première cause ? Le fameux système à 3 défenseurs. « Lui, il n'avait quasiment jamais joué à 3 derrière. Le système de jeu influe sur ses performances, malgré ses 33 ans et son expérience. C'est principalement la raison de ses performances moyennes. Ce ne sont pas les mêmes mouvements. Ils le mettent axial droit. Ils gardent De Vrij dans l'axe, car il a une meilleure relance, c'est l'école néerlandaise », nous explique Valentin Pauluzzi, correspondant de L'Équipe en Italie.

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Conte adore le jeune Bastoni

Dans les faits, après 19 journées de Serie A, l'Uruguayen a été titularisé à 9 reprises. En Ligue des Champions, il a disputé 5 matches sur les 6 de poule. Antonio Conte, conscient de l'âge de son joueur, l'a souvent préservé en championnat pour bénéficier de son expérience européenne dans les gros matches. Cela n'a pas été flagrant, notamment lors de la défaite 3-2 contre le Borussia Dortmund le 5 novembre dernier. Depuis cette rencontre, Godin semble avoir perdu du crédit aux yeux de son entraîneur. Ce qui nous amène à la deuxième cause de sa saison médiocre : l'avènement d'Alessandro Bastoni.

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« L'Inter a investi 15 M€ il y a deux ans alors qu'il avait à peine débuté en pro avec l'Atalanta. C'est un joueur qui progresse à vitesse grand V. Et du coup, c'est un investissement sur le futur », raconte Valentin Pauluzzi. Effectivement, Bastoni s'est fait une place dans le système de Conte. L'entraîneur italien ne tarit pas d'éloge au sujet de son jeune défenseur de 20 ans. « Je suis ici pour faire des choix et Alessandro est un grand talent. C'est notre avenir, mais aussi notre présent », avait-il déclaré le 6 janvier dernier après la rencontre Naples-Inter. C'était la première fois que Bastoni était aligné d'entrée pour un si gros choc, à l'extérieur qui plus est. Le voilà à 9 titularisations en Serie A, autant que Godin.

Confronté à un système qu'il ne maîtrise pas et à une concurrence inattendue, l'impérial Godin ne l'est plus. Ses limites apparaissent de manière flagrante, comme son manque de vitesse qui saute bien plus aux yeux lorsqu'il s'agit d'aller défendre régulièrement sur le côté droit par exemple. Même sur ses qualités, il est parfois pris à défaut. Comme lors du dernier match en Serie A face à l'Atalanta, où il s'est fait battre dans un duel aérien par Malinovskiy sur le but de l'égalisation.

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L'Italie est déçue

Si le déclin de Godin n'est que peu commenté en Espagne, où sa dernière saison avec l'Atlético avait déjà été jugée bien moins bonne et où son apogée est datée à la saison 2013-2014, il commence à faire jaser en Italie, qui attendait beaucoup d'un tel joueur. « En Italie plus qu'ailleurs, c'est un défenseur qui a une excellente réputation car il a souvent croisé des clubs italiens. Quand un grand défenseur arrive en Serie A, les attentes sont encore plus importantes », rappelle Pauluzzi. Officiellement, Diego Godin se sent bien et ne s'émeut pas outre-mesure de sa situation actuelle. D'ailleurs, il avait vigoureusement répondu par un communiqué à une première rumeur en provenance d'Espagne sur une volonté de retour à l'Atlético...

Cependant, ce n'est pas si facile à encaisser pour un joueur de sa trempe. « Il y a du temps de jeu suffisamment pour chacun. Mais Godin n'a jamais été remplaçant dans sa carrière, il a du mal à encaisser. Il n'est forcément pas satisfait. C'est aussi mérité, car il a fait des erreurs importantes, qui ont coûté des buts. Les journalistes italiens sont globalement déçus de ce joueur. Et Bastoni, c'est propre », poursuit Pauluzzi. De quel côté la saison de Godin va-t-elle basculer ? Soit il s'adapte au schéma tactique de Conte et pourra enfin s'épanouir. Soit il rejoindra Nemanja Vidic dans la catégorie des grands défenseurs qui ont échoué à l'Inter Milan malgré une solide expérience et une réputation flatteuse.

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