Juventus : Higuain aux portes de l’enfer du San Paolo

Par Andréa Morali
5 min.
Juventus FC Gonzalo Gerardo Higuaín @Maxppp

Près de six mois après son transfert record entre la Juventus Turin et le Napoli, le numéro neuf bianconero retrouve dimanche ses anciens tifosi, décidés à lui faire passer une très mauvaise soirée.

«Higuain, c'est un désastre » lâchait sidéré Francesco Totti - fidèle à l’AS Roma depuis 25 ans – à la suite du transfert de l’attaquant argentin entre le Napoli et la Juventus Turin. Un choix incompréhensible pour beaucoup dans la grande botte où l'adoption par un club se fait souvent ad vitam æternam.« Aujourd'hui, il est apparemment tout à fait normal pour un joueur étranger de quitter son équipe pour une autre pour gagner plus d'argent. C'est un problème de mentalité. Tous les étrangers ne sont pas comme Maradona (…) Les joueurs modernes sont un peu comme des nomades. Ils suivent l'argent, et non le cœur (…) L'argent a pris le pas sur la passion. Les gens vont au stade pour voir les joueurs fidèles à leur équipe. Ils ne veulent pas être trahis» avait alors complété « Il Capitano » dans la Gazzetta dello Sport. Toute une ville est alors sous le choc en cette fin d'été 2016. Des réductions pour chaque blessure d’Higuain sont affichées sur les devantures des pizzerias et les Napolitains brûlent le maillot de leur ancienne idole. S’ils s’attendaient bien que ce dernier parte un jour, ils n’auraient jamais pu imaginer qu’il s’en irait un jour, même pour 90 millions d’euros, chez l’ennemi juré : la Juventus Turin.

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Ou comment l’amour passionnel se mue en préface d'une haine profonde. Une saison historique durant laquelle l’ancien du Real Madrid devenait le meilleur buteur de l'histoire de la Serie A sur une saison avec 36 buts et Pipita était vénéré par le San Paolo. Lieu où on le comparait même au « dieu » Maradona. Mais ce dimanche soir, l’ancien jardin d’Higuain se transformera vraisemblablement en enfer pour lui. Le maire de Naples - Luigi de Magistri - l’a déjà prévenu : « Ce sera difficile de trouver une seule personne dans le stade qui ne siffle pas Higuain. » Le fameux speaker du stade – Daniele Bellini alias « Decibel » - témoigne, lui, du sentiment général avec dépit : « Ce sera comme tomber par hasard sur un ancien amour, qui t'a trahi et est parti avec un autre, ton pire ennemi en plus. » Les supporteurs du club sont, eux, partagés entre l’envie de témoigner une indifférence absolue ou de lancer tout ce qui leur passe sous la main sur leur Judas.

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Figo, Gomis, Laudrup… eux aussi ont osé passer chez l’ennemi

Enfiler les couleurs du club rival n’est à l'évidence pas un phénomène nouveau dans le football. Parmi ces déserteurs, Frédérique Piquionne expliquait dans Sofoot la sensation de parjurer sa fidélité à l’ASSE, club dans lequel il a joué trois saisons (2004-2007), avant de rejoindre Lyon en 2008 :« Je peux me mettre dans la peau d'un supporter. C'est mon club, celui de mes ancêtres. Quand un joueur arrive dans le club ennemi, ça fout la haine (…) On sait qu'on s'expose à des réactions du public. Mais l'OL, c'était l'équipe où il fallait jouer. Donc quand il y a un intérêt, on ne reste pas insensible aux appels du meilleur club français du moment ». Pour mettre de l’eau sur le feu, certains tentent de faire preuve de diplomatie. Ce fut le cas de Bafétimbi Gomis qui quitta lui aussi le chaudron pour Gerland en 2009. Pendant toute la période de son transfert, celui qui a depuis réalisé « le Grand Chelem de l’infidélité » en rejoignant l’OM cette année, n'a cessé de déclarer qu'il comprenait le ressentiment des verts à son égard, au point même de les supporter de loin : « Je suis content et surtout, félicitations à eux. Voir les Verts dans le haut de tableau, ça fait plaisir. (...) Je leur souhaite le meilleur ». La panthère noire a eu la chance de ne jamais connaître l’accueil qu’avait réservé le Stade Vélodrome à Mathieu Valbuena. En septembre 2015, le néo-Gone remettait les pieds dans l’enceinte où il avait évolué durant huit saisons. Résultat : maillots brûlés, pendaison d'une marionnette à son effigie, banderoles explicites et chants insultants.

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Les jets d’objets en tout genre, dont une bouteille de whisky et une tête de porc, Luis Figo les a aussi connus lors de son retour au Camp Nou. Après son départ pour le Real Madrid, le public catalan l’a effectivement vraiment mauvaise envers le Ballon d’Or 2000 (remporté avec Barcelone) . Mais lui non plus n’est pas un précurseur en transfert entre les deux antagonistes ibériques. Pierre angulaire de la dream team menée par Cruyff au Barça, le Danois Michael Laudrup signe au Real Madrid lors de l'été 94.Pour sa dernière année en Catalogne, les Barcelonais infligent un 5-0 au Real à domicile. Un an après, pour son premier Clásico sous le maillot madrilène, il colle à son tour un 5-0 au Barça. À chaque fois, Laudrup est étincelant et remporte le championnat d'Espagne à la fin. Mais Gonzalo Higuain aura-t-il le culot d’ Emmanuel Adebayor ? En 2009, le Togolais court le cent mètres le plus rapide de sa carrière pour aller chambrer ses anciens supporters. Alors qu’il vient de marquer de la tête pour Manchester City, il traverse la pelouse et slalome entre ses coéquipiers avant de glisser sur dix mètres devant le parcage des Gunners. Une façon de se venger des sifflets et des insultes de ces derniers, mécontents de son départ un mois plus tôt. Lors de ses premières retrouvailles avec les Partenopei en Serie A au Juventus Stadium, Pipita n’avait en tout cas pas fêté son but (2-1). Fera-t-il le fanfaron au San Paolo ? Réponse ce soir à 20h45.

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