La Serie A retrouve un buteur oublié, Ciccio Tavano

Par Alexandre Pauwels
4 min.
Empoli Francesco Tavano @Maxppp

Remonté en Serie A après six ans d’absence, Empoli est a priori le promu le moins armé et le principal candidat à la redescente immédiate. Pas pour autant que le petit club de cette bourgade toscane est dénué d’intérêt. Ce serait faire injure à ce diable de Francesco ‘’Ciccio’’ Tavano, un attaquant qui vaut le détour.

La Napolitain pur souche a un accent aisément identifiable. Natif de Caserta, à 30 bornes au Nord de la cité parthénopéenne, Francesco Tavano, Ciccio pour les intimes, a néanmoins perdu le sien au profit d’un air flairant bon la Toscane, sa terre d’adoption. Fiorentina, Pise, Rondinella – également basée à Florence – Livourne et Empoli, le petit attaquant a essentiellement écumé les écuries de cette région de la Botte. Et au vrai, il n’y a finalement que là où il ait réussi, dans une carrière prolifique en termes de buts, mais paradoxalement modeste. Pour quelqu’un qui dit croire à la notion de destin, son karma fut finalement celui de rester dans l’ombre. Des cyprès, cela va de soi.

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Oublié de Lippi, boycotté à Valence

Tavano a galéré, mais a pourtant eu ses chances de percer au plus haut niveau. 2006, il a 27 ans, et sort de deux saisons dantesques à 19 buts à Empoli, entre Serie B et Serie A. Enfin la révélation pour un joueur qui a dû traîner ses valises dans les bas-fonds du football italien, et qui ne pouvait jusqu'alors se targuer que d'un titre de capocannoniere de Serie C2. Son explosivité, son profil atypique propre aux attaquants de poche – 1m73 pour sa part – lui valent une convocation dans la pré-liste de Marcello Lippi pour le Mondial. Première déception : il n’est pas retenu dans les 23 qui soulèveront quelques jours plus tard la Coupe du Monde à Berlin. Comme une nouvelle preuve historique que la Squadra Azzurra n’a jamais su quoi faire de ses avant-centres courts sur pattes.

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Qu’à cela ne tienne, Ciccio profite de sa cote pour filer dans un club ambitieux, Valence, qui s’octroie ses services en l’échange de 10 M€, faisant de lui la 5e recrue la plus coûteuse de son histoire. Mais Tavano déchante rapidement. Boudé par coach Flores, il ronge son frein en tribunes et clame son spleen. « On m’a dupé. Une semaine après avoir accepté le transfert j’ai appris que le coach ne me voulait pas. Je ne jouais jamais, je n’ai rien pu démontrer. Il y avait un préjudice à l’encontre des Italiens, je l’ai dit à l’époque et je le répète aujourd’hui. Ça a fini en litige entre le directeur sportif Amedeo Carboni, responsable de mon arrivée, et l’entraîneur », racontait-il cette semaine à La Gazzetta dello Sport. Dès janvier, il regagne l’Italie et la Roma de Spalletti. Nouvelle occasion de briller, mais après six mois d'inactivité, l'attaquant peine à s'imposer. L'heure est alors venue pour la Toscane de le rappeler en son sein.

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Une fin de carrière sous le signe du but

Tavano choisit Livourne pour se relancer durant cet été 2007. Choix payant, puisqu’il s’offre 10 buts sur la saison en Serie A. Mais ni à ce moment-là, ni lorsqu'il claqua 24 buts à l'étage inférieur la saison suivante, les grands clubs italiens ne refrapperont à sa porte. Comme méfiants au regard de ses expériences ratées dans des écuries haut de gamme, ces derniers l’ignorent, et le voient revenir à son premier amour Empoli en 2011, une fois la boucle bouclée avec les Amaranti. Car dans son épopée toscane, Tavano considère comme son principal domicile cette bourgade de 50 000 habitants, étrangement la seule à être dénuée du charme de ses voisines. 2001-2006 puis 2011, une nouvelle histoire dans l'Histoire, pour en écrire les plus belles pages.

L'avant-centre enchaîne en effet, rapidement, les records prestigieux : celui de meilleur réalisateur de l’histoire de l’écurie azzurra, de meilleur buteur de Serie B en activité, alors que l’an passé, il a atteint la barre symbolique des 100 buts sous le maillot d’Empoli – il culmine actuellement à 118. Vivant pour et par le but, Ciccio, qui célèbre ses pions langue pendue et doigts posés sur la tête, reste sur trois campagnes à plus de 20 réalisations. Des statistiques à la Di Natale – lui aussi révélé à Empoli, par ailleurs – pour un attaquant de 35 ans qui ne songe désormais qu’à profiter de sa dernière chance dans l’élite. A son âge, il n’a en effet plus rien à attendre, si ce n'est quelques pions qui pourraient éventuellement sauver les siens d’une redescente immédiate. « Seule la chance m’a manqué dans ma carrière. J’ai fait moins que ce que je promettais, mais ça me va comme ça ». Ciccio le sait bien, il peut se vanter d'une chose dont peu de footballeurs peuvent se targuer : l'amour, et non seulement d'un club, mais d'une région toute entière.

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