« On a acheté Paulo Dybala, l’attaquant le plus fort d’Amérique du Sud. Nous l’avons payé une somme considérable : 12 M€. Mais je pense qu’il les vaut. Le nouveau Sergio Agüero est ici. » Avril 2012, le fantasque Maurizio Zamparini est fier d’annoncer le recrutement de Paulo Dybala. L’enthousiasme est de mise au sein du board palermitain, heureux d'avoir raflé une pépite pistée par certains grands d'Europe, il n’est pas partagé par les tifosi, qui craignent le coup de folie et attendent confirmation sur les prés du talent de ce joueur de 18 ans, qui sortait d’une première saison pro exceptionnelle à l’Instituto de Cordoba – 17 buts en 38 matches et une flopée de records de précocité. Visage de bambin et classe indiscutable sur les prés, l'attaquant ne parviendra pas à les contenter, entre difficultés d’adaptation et trop grande pression sur ses épaules. Si on ne lui imputera pas la responsabilité de la relégation au terme de son premier exercice – résultant davantage d’une faillite collective et de l’habituelle instabilité sur le banc de touche –, le talent a livré un bilan mitigé.

De recrue pimpante à la Serie B, Dybala a en tout cas fait le choix de la patience. Plutôt que de penser au départ, il a vu en ce passage en division inférieure un moyen de parfaire ses gammes italiennes, et de se faire une place de choix dans un effectif ayant pour ambition la remontée directe. Un choix payant à tous points de vue : plus que ses 5 buts, sa progression est palpable sur la saison et il gagne la confiance de coach Iachini. « Ça a été difficile de quitter mon pays, j’étais très jeune et j’arrivais de la deuxième division argentine. Ici j’ai dû changer mes habitudes, la relégation a été dure à digérer mais jouer à l’étage inférieur m’a fait du bien. Je n’ai jamais eu de doute quant à ma décision de continuer à grandir dans ce club. Il était juste de rester, les faits le démontrent. Aujourd’hui j’ai la confiance du coach, j'en suis très heureux. (…) Avec lui je me sens différent, je le démontrerai sur le terrain. Pour le retour en Serie A, je veux marquer beaucoup de buts, devenir décisif », assurait-il en marge de cette saison. Cette fois-ci, il n'a pas manqué le coche.

« Il vaut autant que Pastore »

Libéré du poids de son transfert et désormais parfaitement acclimaté, Dybala est l’une des belles sensations de cette campagne italienne. S’il a toujours son visage enfantin et son allure frêle, le polyvalent attaquant est devenu un sérieux client pour les défenses adverses, qui ont beaucoup de mal à le contenir devant sa capacité à multiplier les courses et appels de balle. Entre ça, une technique au-dessus du lot, un pied gauche exquis et une certaine élégance balle au pied, l'espoir s'est mué en ce crack que tous attendaient. Et fait la décision : auteur de 3 buts en 10 apparitions, il a notamment fait chuter le Milan lors de la dernière journée, avec un nouveau golazo.

Autant de composants qui le placent déjà dans les rubriques transferts, alors que des clubs comme Benfica, Southampton et Wolfsburg sont annoncés parmi les prétendants. Il y a fort à parier, cependant, que Palerme attendra plus prestigieux. Alors que coach Iachini estimait ce dimanche que son joueur était « prêt pour un top club », Zamparini, lui, s’est dit convaincu de pouvoir le vendre plus cher que Pastore, sa dernière pépite partie au PSG contre un chèque de... « 42 M€. Dybala vaut 42 M€. Pour l'acheter il faudra un cheikh, de ceux qui extraient du pétrole pour un milliard par jour. Comme celui du PSG. Autrement, il reste à Palerme », a assuré le sulfureux dirigeant sur Radio2. On peut en être convaincu, Dybala refera parler de lui...