Retour sur le mythique passage de Maurizio Zamparini à Palerme

Par Maxime Barbaud
5 min.
Palerme Javier Matías Pastore @Maxppp

Après 15 ans à la tête de Palerme, Maurizio Zamparini cède sa place à un fonds d’investissement anglo-américain. Retour sur un personnage incontournable de la Serie A réputé pour son tempérament volcanique, son impatience avec ses entraîneurs et quelques magnifiques opérations financières grâce aux transferts.

Clap de fin pour Maurizio Zamparini. Après avoir annoncé son futur départ de Palerme en mars 2016, le président âgé de 75 ans a officialisé le passage de témoin ce lundi. «Dans les quinze jours sera nommé le nouveau président, qui sera présenté lors d’une conférence de presse à Palerme. Le nouveau président est membre et représentant d’un fonds anglo-américain.» Une page se tourne pour le club sicilien et pour Zamparini qui avait pris l’équipe en main en 2002. «Le football m’a épuisé. Je serai heureux si de nouveaux propriétaires reprennent le club», reconnaissait-il il y a un an. On le comprend, les entraîneurs passés à Palerme aussi.

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Après 15 ans passés chez les Aquile, l’homme d’affaires, qui a fait fortune dans la grande distribution en revendant notamment sa chaîne de supermarchés Emmezeta pour plusieurs centaines de millions d’euros au groupe français Pinault-Printemps-Redoute (PPR renommé dorénavant Kering), n’y arrive plus. Ou peut-être bien que ses méthodes ne passent plus. Il gère son club comme une entreprise lambda, en cherchant la rentabilité à tout prix. Alors, dès que les résultats sportifs ne sont pas au rendez-vous, il vire l’entraîneur. Un fonctionnement qui a ses limites puisque malgré quatre coaches différents cette saison (Davide Ballardini, Roberto De Zerbi, Eugenio Corini et Diego Lopez depuis janvier), Palerme pointe à la 18e place à 7 longueurs du premier non-relégable. Autant dire que la route vers la Serie B est grande ouverte.

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Une quarantaine d’entraîneurs victimes de Zamparini et des punchlines mythiques

C’est bien simple, depuis qu’il est dans le football, Zamparini a limogé une quarantaine (!) de coaches. Avant les Rosaneri, il avait racheté le Calcio Venezia, alors en Serie B, en 1987 avant de le revendre en Serie A en 2002 pour racheter Palerme contre 20 M€. 12 techniciens ont été évincés à Venise et 28 entraîneurs ont été usés pour 36 changements durant sa période palermitaine. Seuls deux entraîneurs ont réussi l’exploit de tenir toute une saison : Francesco Guidolin en 2004/2005 et Giuseppe Iachini en 2014/2015. Le premier nommé a même été en poste sur quatre périodes différentes (juillet 2004 à juin 2005, mai 2006 au 23 avril 2007, du 14 mai à juin 2007 et enfin de novembre 2007 à mars 2008). Véritable essoreuse, Zamparini, et son tempérament volcanique, est aussi réputé pour ses punchlines de l’espace, dont France Football a fait un classement.

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«Pioli ? Je m’en mange le deuxième testicule de l’avoir laissé partir. Le premier, je l’ai déjà mangé», avait-il lâché après avoir évincé l’actuel coach de l’Inter Milan en 2011. Autre déclaration fracassante, celle qu’il adresse à son entraîneur d’alors Davide Ballardini. Ce dernier avait eu le malheur de critiquer le mercato décevant de son équipe à l’été 2016, notamment après le départ de Franco Vazquez pour Séville. «Ballardini veut des recrues ? Il devrait apprendre à fermer sa gueule et à laisser le terrain parler pour lui.» Quelques jours plus tard, De Zerbi prenait les rênes de l’équipe. Enfin, la plus drôle, c’est probablement la pique adressée à Giuseppe Iachini qui aura tenu un mois et demi entre février et mars 2016 avant de démissionner lui-même. «Autrefois, je virais moi-même les entraîneurs. Maintenant, ils partent d’eux-mêmes. On s’en sortira avec Novellino. Mais avec des nuls, on ne se sauve pas.»

Des coups incroyables sur le marché des transferts

Tout de même, le règne de Zamparini aura été globalement satisfaisant avec deux titres de champion de Serie B en 2004 et 2014, une finale de Coupe d’Italie en 2011 et cinq participations (les seules de l’histoire du club) en Coupe UEFA puis en Ligue Europa. Avec lui, Palerme est devenu un club qui compte dans la Botte alors qu’avant sa venue, sa dernière apparition en Serie A remontait à la saison 1972/1973… une éternité de 31 ans avec même en point d’orgue, une descente en 4e division (Serie C2 en 1986) pour des problèmes financiers. Parvenu à replacer l’équipe sicilienne sur une carte, le sulfureux président, qui n’en oublie pas d’être un parfait business-man, a pu mettre en place ce qu’il sait faire de mieux : revendre ses meilleurs joueurs au prix fort.

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Depuis plus de 10 ans, sa belle vitrine a fourni pas mal d’effectifs en Italie et ailleurs, comme en France. Doté d’un réseau très puissant, notamment en Amérique du Sud, il s’est fait spécialiste dans l’éclosion de jeunes joueurs étrangers mais aussi italiens. L’un de ses plus beaux coups est surement la vente de Javier Pastore. Acheté 7 M€ à Huracan, El Flaco a été revendu 42 M€ deux ans plus tard au PSG, nouvellement acheté par QSI. Andrea Barzagli et Luca Toni sont parmi les précurseurs de ce système hyper rentable. Recrutés respectivement en 2004 et 2005 contre 1,5 M€ au Chievo et 6 M€ à Brescia, ils sont repartis contre 14 et 10 M€. Cavani était lui arrivé pour un peu moins de 5 M€ avant d’être transféré à Naples pour 21 M€. Dybala a été acheté 12 M€ et constituait un gros risque puisqu’il n’avait qu’une saison de 2e division argentine dans les jambes mais il est parti à la Juventus pour un chèque de 32 M€. La dernière jolie plus value est à mettre à l’actif du transfert de Franco Vazquez à l’été 2016. Arrivé en provenance de Belgrano pour 4,5 M€, il a été revendu à Séville pour 15 M€. Après toutes ces années d’union pour le meilleur comme pour le pire, il est temps pour Zamparini et Palerme d’emprunter d’autres chemins. Comme dit l’adage, le club sait ce qu’il perd mais ne sait pas ce qu’il gagne.

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