Serie A : l’improbable retour en grâce de Luca Toni

Par Alexandre Pauwels
4 min.
Hellas Verona Luca Toni @Maxppp

L'Hellas et son Bentegodi n'avaient pas manqué au Milan AC. En s'imposant face aux Rossoneri en ouverture de la nouvelle campagne de Serie A (2-1), le promu a ravivé le souvenir de la Fatal Verona, qui priva les Milanais de deux titres en 1973 et 1990. Mais surtout, il a remis un coup de projecteur sur ce bon vieux Luca Toni.

Deux coups de caboche. Luca Toni a déployé son mètre 93 par deux fois, pour offrir hier une victoire de prestige à son nouveau club, l'Hellas Vérone. Qui l'aurait cru, il y a de cela un an. Qui aurait cru que le grand Luca, ancien buteur du Bayern et de la Squadra Azzurra championne du monde 2006, pourrait encore être l'auteur de telles performances à un âge aussi avancé et au sortir d'une expérience douloureuse au Émirats ? Oui, Luca Toni revient de loin. Il a toujours été question de difficultés dans sa carrière - révélé à l'aurée de la trentaine, il a manqué d'arrêter le foot à 20 ans, et a vu sa progression malmenée par les blessures - mais l'ancien Bavarois, sur la pente descendante avant son départ pour les Émirats à l'hiver 2011, semblait proche de raccrocher définitivement les crampons il n’y a pas si longtemps.

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Il y a un an, Luca Toni pensait à prendre sa retraite. Il arrivait en effet au terme de son contrat avec l'Al Nasr, fin d'un séjour pour le moins éprouvant. D'abord parce qu'en dépit de performances correctes (5 buts en 13 matchs), le buteur n'a pas trouvé l'environnement footballistique qu'il espérait. Ensuite, parce que lui et sa femme ont été frappé par un drame, la perte de leur premier enfant, quelques heures seulement après sa naissance. A ce moment-là donc, devant tant de douleur, Tonigol songeait sérieusement à stopper sa carrière. « Perdre un fils est une tragédie que Marta et moi porterons toujours en nous. J’ai à ce moment-là pensé à arrêter, pour passer plus de temps avec ma femme. Mais elle ne me supportait plus. C’est ainsi que je me suis remis à jouer, que j’ai pensé à terminer ma carrière sur une note positive » a-t-il confié plus tard au Corriere della Sera.

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Ce plaisir du jeu, Luca l'a finalement retrouvé du côté de son ancien club, la Fiorentina. Au dernier jour du précédent mercato estival, la Viola officialisait le retour de son ancien bomber, qu'elle avait vendu quelques années plus tôt au Bayern. Si l'enthousiasme était de mise devant cet inattendu retour, personne n'attendait grand-chose du vieux Luca, qui était clairement sur le déclin avant même son départ pour les Émirats. Et pourtant, comme si ses mésaventures à l'étranger l'avaient reboosté, l'ancien international s'est totalement relancé. Il a grandement participé à l'obtention de la 4e place des Florentins, avec 8 buts inscrits. Des performances étonnantes, qui lui ont donné l'envie de jouer encore, alors que la Viola lui proposait au terme de son contrat un poste au sein du centre de formation. « Je quitte la Fiorentina parce qu’on ne m’offrait qu'un poste d’entraîneur des jeunes. Je remercie le président Della Valle, mais j'ai refusé. Je sens que je peux encore jouer, et c’est ce que je veux faire » a assuré l’ancien Munichois aux micros de Lady Radio. C'est ainsi qu'il a rejoint le promu de l'Hellas Vérone, le 15e club de sa carrière. Un choix qui déjà, s'avère payant.

A Vérone pour le plaisir du jeu

Car la motivation du buteur a interpellé coach Mandorlini. Ce dernier n'a d'ailleurs pas hésité à ériger le vétéran en titulaire, aux dépens de Daniele Cacia, pourtant parmi les meilleurs buteurs de Serie B la saison passée. Et les résultats n'ont pas tardé, entre un but en Coupe d'Italie pour éliminer son ancien club Palerme, et ce fameux doublé face au Milan AC. Dans le jeu, Toni fait du Toni. Il épuise les défenseurs, excelle dans le jeu dos au but et la conservation de balle, et crée des espaces à ses coéquipiers et notamment aux ailiers, Martinho et Jankovic ayant bien exploité les brèches contre les Rossoneri. En bref, Tonigol continue d'étonner, et de prendre plaisir, comme il l'a expliqué avec enthousiasme dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport.

« Je me sens bien. Nous ne sommes qu'au début, mais je m'amuse et c'est fondamental. Par chance, j'ai gagné beaucoup d'argent dans ma vie, et aujourd'hui je ne joue que parce que j'aime le football. J'aime m'entraîner, me donner à fond, me sacrifier. Et tant que ce sera le cas, je continuerai à jouer. » A jouer, et à marquer. Avec ses deux nouveaux buts, l'avant-centre présente de belles statistiques : 111 réalisations en Serie A en 250 apparitions, dont 41 de la tête, ce qui en fait le 4e meilleur scoreur de l'histoire du championnat dans ce registre, à trois petites longueurs de Bierhoff. Un record qui devrait tomber, si le grand Luca Toni poursuit sur sa lancée. Mais pour l'intéressé, qu'importe. L'essentiel, il le répète, « c'est de s'amuser. »

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