Serie A : les cartes redistribuées ?

Par La Rédaction FM
5 min.
Evra et la Juventus enfin menacés ? @Maxppp

Ça y est, c’est reparti pour une saison de Serie A. Ses polémiques, ses innombrables derbys, son intensité… Les fruits d'une passion, en somme. Une saison de Serie A, c’est toujours l’assurance d’une variation unique entre l’absurde, le tragique et le beau. Alors oui, elle n’est plus ce qu’elle était, et le mercato estival n’a fait que le confirmer. Mais sportivement, il y a encore de quoi frissonner.

Les étés passent et se ressemblent, du côté de l’Italie. Depuis Calciopoli, le football transalpin est chaque été amputé de ses plus grandes stars ou révélations, qui filent en Allemagne, en Espagne ou à l’anglaise. Chose inimaginable au top de ce championnat dans les nineties, les clubs, y compris les plus gros, sont incapables de se calquer sur le marché du "top five" européen, faute de moyens. L’an dernier, Cavani, Marquinhos, Osvaldo, Lamela ou Jovetic quittaient la Botte. Ce mercato n’a pas échappé à la règle, entre les départs du capocannoniere Ciro Immobile, du fantasque Balotelli et de Benatia. « Immobile, c’est malheureux, surtout quand tu vois que la Juve cherche aujourd'hui un attaquant. Balotelli, en termes d’image, était important. C’était un mec qui faisait parler du championnat. Il apportait un attrait médiatique à la Serie A », pointe ainsi Bilel Ghazi, correspondant en Italie du journal L’Équipe, qui ne voit que « deux cas dont on peut se réjouir, Cuadrado et Iturbe, qui sont restés au sein du championnat ». L'ailier argentin, qui a décidé de poursuivre sa carrière à la Roma plutôt qu’à l’étranger et a coûté une vingtaine de millions, fait office d’exception. Mais si les Cuadrado, Vidal et Pogba, candidats à l’exil, sont toujours là, la fin du marché pourrait encore réserver des surprises.

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Côté arrivées, les recruteurs italiens n’ont très logiquement pas fait de folies. Pas d’entrée d’argent, pas d’investissements en conséquence. CQFD. Les têtes d’affiche de ce mercato sont ainsi « des joueurs arrivés en fin de parcours dans les grands championnats, Vidic à l’Inter, Evra à la Juve, Cole et Keita à la Roma », à un Morata près, comme le synthétise Ghazi. L’essentiel des transactions s'est fait intramuros, prise de risque minimale, avec en fil rouge l’apparition de la nouvelle formule en vogue, le prêt avec option d’achat, qui vient remplacer la défunte – et complexe – copropriété. Truc de radins ? « La réalité c’est que l’Italie n’attire plus les grands joueurs, poursuit Ghazi, qui va même plus loin. De bons joueurs de L1, qui ne sont pas des stars, ont été approchés dernièrement par des clubs italiens, mais ils n’ont pas voulu y aller, et préfèrent signer dans des clubs de seconde partie de tableau anglais. » La Serie A n’a plus le même appeal, mais conserve fort heureusement les arguments d'un pays de football, qui font à la fois sa force et son charme. Ça, et une compétitivité encore accrue, résultant du départ de Conte de son poste d’entraîneur à la Juventus.

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Le départ de Conte change la donne

Car le transfert – sans en être un, finalement – de l’été se trouve là. De l’avis des spécialistes, ce changement d’entraîneur pourrait marquer la fin de l’hégémonie de la Vieille Dame, qui avec Conte à sa tête, marchait sur le calcio depuis maintenant 3 ans. « Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Conte avait une grande part de responsabilité dans les résultats de la Juventus, tactiquement c’était l’équipe la plus douée d’Italie, et c’est là où on ressent la patte d’un entraîneur. Est-ce qu’Allegri va pouvoir assurer la transition ? La Juve reste favorite, mais je pense que le départ de Conte redistribue les cartes », assure Ghazi. Alessandra Bianchi, journaliste à Diesefoot et L’Équipe 21, abonde dans ce sens. « La perte de Conte n’est pas un détail, je suis curieuse de voir ce qui va changer, si ce n’est d’un point de vue technique, au niveau des mentalités des joueurs de la Juventus ». Dès lors, la Roma ou le Napoli, derniers dauphins des Bianconeri, pourraient en profiter. Reste à savoir comment les Giallorossi aborderont un calendrier nouvellement surchargé avec la Ligue des Champions, et à mesurer l’impact psychologique de l'élimination en barrages sur les Partenopei.

Quoi qu’il en soit, la lutte pour le titre devrait concerner une nouvelle fois les trois équipes arrivées en tête la saison passée. Mais attention aux outsiders, entre une Inter remodelée et une Fiorentina qui, si elle parvient à aligner son duo de feu Gomez-Rossi plus de 3 matches, pourrait prétendre à mieux que la 4e place qu’elle squatte depuis deux ans. Bilel Ghazi voit également deux autres clubs qui pourraient bouleverser l’ordre établi dans le haut de tableau. « Il y a la Lazio, qui a réalisé un recrutement intéressant et peut prétendre à l’Europe, et puis le Milan. Le contexte est peu évident, beaucoup de paris sur le mercato… Ils ont des joueurs de qualité, revanchards par rapport à la saison dernière, alors à voir ». Bianchi elle aussi, voit en ce Milan AC une possible surprise. Mais entre une campagne d’amicaux peu convaincante, bon nombre de transferts et la prise de fonction d’Inzaghi, il y a fort à parier que les Rossoneri auront besoin de temps. L’objectif est de retrouver l’Europe, mais avant tout l’enthousiasme avec un projet de jeu séduisant.

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Ces équipes annoncées, la continuité des Torino, Parme et Hellas Vérone, surprenants premiers rôles la saison passée, apparaît menacée en haut de tableau. Derrière, des clubs comme l’Udinese, désormais drivée par Stramaccioni, ou encore le Genoa, semblent armés pour faire mieux que la saison dernière. Reste aussi une curiosité, un Cagliari tout neuf, bâti pour un certain Zdenek Zeman. Le come-back du Bohème est une assurance de spectacle, plus que de résultats. Alors fiasco ou réussite, suspense là encore. Un suspense qui à première vue, ne pourrait composer avec le tout bas de tableau, alors que la qualité des promus paraît limitée. Mais attention, l’exemple Sassuolo invite à se garder de tirer toute conclusion hâtive. Et puis, au fond, les petits nouveaux ne sont pas dénués d’intérêt : le retour de Palerme s’accompagne déjà des premiers paris sur la durée de vie de l’entraîneur et des coups de gueule du président Zamparini, Empoli présentera un duo d’attaque « back in days » Maccarone-Tavano qui ravira les puristes, au moins autant que le maillot rose concocté par Cesena en l’honneur de Marco Pantani. La Serie A, c'est aussi une affaire de nostalgie.

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