Mercato, Serie A : la Juventus abat ses jokers

Fraîchement couronnée d’un troisième titre de champion consécutif, la Juventus figure logiquement parmi les équipes italiennes les plus actives sur le mercato estival. Et hormis le cas Juan Iturbe, qui lui a filé entre les doigts durant le flou post-démission d’Antonio Conte, la Vieille Dame est parvenue à recruter tous ses objectifs établis. Le grand public retient avant tout les Evra et Morata, mais c’est en réalité faire injure au duo Roberto Pereyra-Rômulo. Des joueurs certes moins connus, mais qui paradoxalement, apportent plus de garantie à coach Massimiliano Allegri. Pour leur connaissance de la Serie A d’abord, gage d’une adaptation rapide. Pour leur polyvalence ensuite, les deux joueurs étant la définition même de ce que l’on appelle en Italie un jolly.

Jolly, qui signifie littéralement joker, désigne dans le langage footballistique italien un joueur capable d’interpréter plusieurs rôles avec la même efficacité. Rômulo, qui a explosé la saison dernière à l’Hellas Vérone, peut par exemple évoluer sur toute la longueur du côté droit. « Il sera une grande surprise pour les tifosi bianconeri, prédit à Tutto Juve Delio Rossi, qui l’a coaché quelques mois à la Fiorentina. Il n’est pas de ceux qui transforment une équipe, un Vidal par exemple, mais c’est un joueur appréciable pour sa capacité à jouer dans plusieurs positions, pour ses courses incessantes et son intelligence tactique. Latéral, milieu, ailier et récupérateur, il sait tout bien faire. » Bon joueur doublé d’un travailleur et professionnel exemplaire, Rômulo a dans le profil comme la dégaine de quoi rappeler aux supporters turinois une vieille connaissance, un certain Giaccherini. Le joueur sympa par excellence, qui répond toujours présent, et ce quelque soit son temps de jeu ou positionnement.

Si Rômulo peut être considéré comme un Giak en puissance, le rôle de Roberto Pereyra, plus jeune et prometteur, est encore à définir. De l’autre côté des Alpes, certains assurent déjà que l’ancien de River est le successeur désigné d’Arturo Vidal, donné partant pour Manchester. D’autres, en revanche, le voient évoluer en numéro 10 dans un 4-3-1-2 inédit. C’est en effet en soutien de Di Natale, que le Tucumano avait explosé dans le Frioul courant 2013, après avoir été testé en latéral, récupérateur ou ailier par coach Guidolin. Cette légende d’attaquant de l’Udinese ne voit pas, cependant, le succès de son ex-partenaire conditionné par son futur positionnement. « Si les supporters doutent à son sujet, ils changeront d’avis. Croyez-moi, il s’imposera comme Asamoah. Roberto est un très grand joueur, les milieux de terrain avec ses caractéristiques ne courent pas les rues. Ailier, mezz’ala, numéro 10 : il est polyvalent et peut occuper plusieurs postes. Et surtout, il a de la qualité. Maintenant, il doit rester concentré au maximum. S’il a l’envie, Roberto est un champion. Un autre Sanchez. »

Giaccherini et Sanchez, voilà pour les parallèles, mais bien d’autres pourraient coller devant tant de polyvalence. Au vrai, tout dépendra de la vision de Massimiliano Allegri. La palette qui s'offre à l'ancien technicien milanais regorge de possibilités, et quels que soient ses choix, l'intéressé pourra compter sur l'investissement de ses deux nouvelles recrues. Lors de leurs présentations, Rômulo et Pereyra ont tous deux rapporté qu'ils avaient assuré à Allegri n’avoir « aucune préférence » quant à leur positionnement sur la pelouse. Pour un coach, c'est ce qu'on appelle une aubaine, entre la perspective de nouvelles possibilités et d'imprévisibilité pour l'adversaire. À moins qu'il ne s'agisse d'un casse-tête...