Entretien avec… Vagner Love : «Monaco n’a pas voulu que je reste jusqu’à la fin de mon contrat…»

Par Alexis Pereira
9 min.
Alanyaspor Vágner Silva de Souza @Maxppp

L'attaque de l'AS Monaco régale l'Europe du football. Vagner Love, qui évoluait sur le Rocher la saison passée, est lui aussi sous le charme. Pour Foot Mercato, l'attaquant international brésilien (20 sélections, 4 réalisations), aujourd'hui à Alanyaspor en Turquie, a évoqué son aventure en Principauté, ses relations avec Leonardo Jardim ou Kylian Mbappé, son actualité en Süper Lig et la prochaine Coupe du monde en Russie, pays qu'il connaît bien pour y avoir longtemps évolué sous les couleurs du CSKA Moscou. Entretien.

Foot Mercato : Vagner Love, comment se passe votre expérience en Turquie, à Alanyaspor ? Pourquoi avoir décidé de rejoindre ce club l'été dernier ?

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Vagner Love : mon expérience ici se passe très bien, bien qu'Alanyaspor soit un club modeste, qui participe à la Süper Lig pour la première fois de son histoire. C'est un club qui a envie de grandir. Le club m'a présenté un très bon projet. C'est pour ça que j'ai décidé de venir ici l'été dernier. Je savais qu'ici j'aurai plus de temps de jeu qu'à Monaco. À Monaco, je n'avais pas beaucoup d'opportunités. J'ai donc décidé de venir ici pour aider le club à monter son projet : faire une bonne saison, rester parmi l'élite et investir davantage la saison prochaine pour pouvoir nourrir davantage d'ambitions.

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FM : comment se passe votre adaptation à ce nouveau championnat, la Süper Lig, vous qui êtes déjà passé par la Russie, la Chine et la France ? Comment jugez-vous le niveau de championnat en comparaison avec ceux que vous connaissez déjà ?

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VL : mon adaptation se passe très bien, je suis très heureux de ce qui se passe ici pour moi. À mon arrivée, je ne jouais pas beaucoup, j'étais en pleine préparation estivale avec Monaco. J'ai pris le rythme en jouant. Je me suis donc adapté plus facilement. Ici, le jeu est bon, le rythme est un peu plus cadencé. En Russie, il y a la partie technique et la puissance. En France, on utilise plus le physique. En Chine, c'est davantage basé sur la course. C'est un bon championnat, sympa à regarder et je suis très heureux de m'être aussi bien adapté.

FM : avez-vous été impressionné par un de vos partenaires ? Sur le plan personnel, quel bilan dressez-vous de votre saison jusqu'ici ? Quels sont vos objectifs d'ici la fin de la saison ?

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VL : Nous avons une très bonne équipe, avec de bons joueurs. Si on avait mieux commencé la saison, on serait sans doute mieux classé. Mais je suis sûr que l'on va gagner des places d'ici la fin de la saison. Nous allons terminer cet exercice en boulet de canon, au-delà des espérances du club même. Vu la qualité de nos joueurs, certains pourraient même être transférés vers de meilleurs clubs, j'en serais très heureux. Je suis content de ma saison (15 réalisations en 24 matches en championnat). J'ai beaucoup marqué dernièrement. Je veux continuer à marquer autant que possible pour aider mon équipe à marquer le maximum de points et terminer le plus haut possible. C'est mon objectif : marquer des buts, autant que possible, et bien finir le championnat.

FM : appréciez-vous la vie en Turquie ? Avez-vous eu peur après les derniers attentats survenus à Istanbul ?

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VL : l'ambiance dans les stades est très bonne, notamment à domicile. Nous n'avons pas un très grand stade, il est plutôt modeste puisque l'équipe monte pour la première fois de son histoire en Süper Lig, mais il y a 10-15 000 personnes à chaque match. Les supporters se font entendre, c'est très bien, ça rend très heureux. À l'extérieur aussi, l'ambiance est bonne. Les Turcs sont de vrais passionnés de football. J'aime beaucoup l'ambiance ici, c'est très bien pour le championnat. La vie ici est très tranquille, très agréable, en bord de mer. Je vis très bien ici. Je suis très heureux de connaître cette nouvelle culture ici en Turquie. Évidemment, j'ai eu un peu peur après les attentats. Mais tout est revenu à la normale. J'espère que tout continuera comme ça pour continuer à vivre aussi bien ici.

Bien dans ses baskets en Turquie

FM : votre contrat court jusqu'en juin 2018. Quelles sont vos envies pour votre avenir ?

VL : je suis sous contrat jusqu'en juin 2018, mais d'ici là, beaucoup de choses peuvent se passer. Je me suis bien adapté, mais je préfère vivre au jour le jour, laisser les choses se passer naturellement.

FM : quel est votre secret pour toujours marquer autant de buts ?

VL : mon secret ? Il n'y a pas de secret, la seule clé, c'est le travail. Il faut travailler dur pour pouvoir continuer à marquer année après année.

FM : vous disiez vouloir rester à Monaco. Pourquoi n'est-ce pas arrivé ?

VL : j'aurais voulu aller au bout de mon contrat (jusqu'en juin 2018), mais malheureusement, ça ne s'est pas passé comme ça. Le club n'a pas voulu que je reste jusqu'à la fin de mon contrat. J'ai été heureux pendant mon passage là-bas (4 buts en 12 apparitions en L1). J'aurais pu avoir plus d'opportunités là-bas, ça ne s'est pas passé comme ça. Malgré tout, j'ai pu démontrer de belles choses, comme ce match contre le PSG. Un grand match. J'avais marqué, j'avais bien joué, j'avais aidé l'équipe à obtenir un bon résultat à l'extérieur (victoire 2-0). Quand j'ai eu ma chance, j'ai fait de bons matches. Malheureusement ou heureusement, c'est la vie. Aujourd'hui, je vis aussi de belles choses. Je suis dans un club qui me donne tout le soutien possible, qui me permet de travailler, de jouer et de marquer. C'est ce que je veux faire, peu importe le pays, la ville. Je veux jouer, tout simplement, c'est ce que j'aime faire.

FM : cette année, Monaco enchante la France et l'Europe avec son style offensif. Continuez-vous à suivre les résultats et les matches de Monaco ? Comment imaginez-vous le quart de finale à venir contre le Borussia Dortmund ?

VL : c'est un peu difficile de suivre les matches en direct, car nous jouons souvent en même temps et ce n'est pas toujours diffusé ici. Mais je suis toujours les résultats. Je suis heureux de voir que Monaco réalise une belle saison, enchantant le monde du football. J'ai laissé des amis là-bas. Je suis leur premier supporter. Je pousse pour qu'ils soient champions de France et aillent le plus loin possible en Ligue des Champions. Ils jouent un football qui enchante tout le monde, qui donne envie d'être vu, avec des actions offensives. Je suis sûr que le match contre le Borussia Dortmund va valoir le détour. Ce sont deux équipes qui jouent l'offensive, portées vers l'avant. Je pense que celui qui passera ce quart aura ses chances d'atteindre la finale de Ligue des Champions.

FM : comment s'est passée votre collaboration avec Leonardo Jardim ? Êtes-vous toujours en contact avec le coach et/ou des joueurs ?

VL : je n'ai rien à redire au sujet de Leonardo Jardim et son travail. Je ne l'ai pas connu très longtemps, je n'ai pas eu le temps de vraiment connaître sa méthode de travail. Mais j'ai eu d'autres entraîneurs meilleurs que lui. J'ai laissé des amis là-bas, principalement des Brésiliens, Fabinho, Boschilia et Jemerson. Je leur souhaite le meilleur, j'espère vraiment qu'ils pourront être champions de France et arriver en finale de Champion's League. Ce serait très bon pour leur carrière et leurs succès à Monaco. Je pousse vraiment pour qu'ils y arrivent.

Impressionné par Mbappé et le Brésil de Tite

FM : Kylian Mbappé est en pleine forme en ce moment. Il faisait déjà quelques entrées la saison passée. Imaginiez-vous un pareil destin pour ce jeune talent ? On parle déjà de grands clubs pour lui. Pensez-vous qu'il ait le potentiel pour rejoindre ces tops clubs ?

VL : Kylian s'entraînait déjà avec nous quelques fois la saison passée, il avait eu quelques opportunités en match. Il est un excellentissime joueur, jeune. Monaco doit faire attention à ne pas trop l'exposer, à ce qu'on ne le compare pas trop à Thierry Henry. C'est un gamin qui a un potentiel énorme, qui a des qualités indiscutables, qui est très rapide balle au pied et qui finit très bien les actions. Il va aller très loin. Sa carrière sera très très longue, il passera par de grands clubs. Je suis sûr qu'il arrivera dans un top club et épatera la planète football.

FM : plusieurs joueurs de Monaco ont été appelés en équipe de France lors du dernier rassemblement (Kylian Mbappé, Tiémoué Bakayoko, Thomas Lemar que vous connaissez tous les trois et Djibril Sidibé et Benjamin Mendy arrivés l'été dernier). Pensez-vous qu'ils puissent être l'avenir de la sélection ?

VL : ce sont de jeunes joueurs. Je suis sûr qu'avec le temps ils deviendront des cadres de l'équipe de France, ils ont d'énormes qualités. De ceux que vous avez cités, je mettrai Thomas Lemar en avant. Pour moi, de tous ces jeunes, c'est celui qui est le mieux préparé pour le plus haut niveau. Il a tout, la passe, la frappe, avec beaucoup de qualités. Je crois que, si ce n'est pas lors de la prochaine Coupe du monde, il pourrait être l'une des révélations de la sélection française à l'avenir.

FM : vous avez longtemps joué en Russie, au CSKA Moscou. Comment voyez-vous la prochaine Coupe du monde en 2018 ?

VL : je crois que ce sera un très beau Mondial. La Russie est un grand pays avec de très belles villes, de bons stades. Le pays se prépare comme il faut, ils sont presque prêts. Quand j'étais encore là-bas, plusieurs clubs étaient en train de construire de nouveaux stades. Je suis sûr que la Russie organisera une très belle Coupe du monde.

FM : pensez-vous que la Seleção de Tite a et aura les arguments pour être un des candidats au titre ?

VL : la Seleção sera sans aucun doute une des candidates au titre mondial l'an prochain, notamment grâce à son entraîneur. Je suis très heureux d'avoir pu travailler avec Tite (au Corinthians). C'est un excellent coach et il le prouve aujourd'hui à la tête de la sélection brésilienne. Ce n'est pas un hasard si la Seleção est la première nation qualifiée, c'est grâce au travail de Tite. Les joueurs sont d'un très haut niveau. Je suis sûr qu'ils seront très bons pour la prochaine Coupe du monde. Ils auront des adversaires de taille face à eux, c'est sûr. Mais ils ont des individualités capables de faire la différence, comme Neymar, qui est déjà décisif avec Barcelone, Philippe Coutinho, Marcelo, Renato Augusto... Ce sont des joueurs qui sont capables de faire la différence pour ce rendez-vous en 2018 en Russie.

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