AS Roma : fin de l'état de grâce pour José Mourinho

Par Aurélien Macedo
5 min.
José Mourinho avec l'AS Rome @Maxppp

Arrivé à Rome cet été pour lancer un nouveau cycle avec les Giallorossi, José Mourinho avait soigné ses débuts. Pourtant, la dynamique s'est bien enrayée depuis quelques semaines. Les premiers doutes autour d'un effectif déséquilibré et le technicien portugais commencent à germer.

Sixième de Serie A avec 19 points en 12 matches, deuxième de son groupe de Ligue Europa Conference, mais en ballottage favorable pour la qualification, l'AS Roma de José Mourinho reste dans les temps de passage pour livrer un exercice solide. Pourtant, le début de saison particulièrement réussi a fait naître un enthousiasme qui n'est plus aussi présent alors qu'on est début novembre. Sur les dernières semaines, le club de la Louve a multiplié les prestations décevantes. Ainsi depuis la dernière trêve internationale, l'AS Roma a perdu 4 fois pour 2 matches nuls et une seule victoire contre la lanterne rouge Cagliari (2-1). Si les défaites contre la Juventus (1-0) et l'AC Milan (2-1) n'ont pas inquiété outre mesure, l'humiliation contre Bodø/Glimt (6-1) et la défaite 3-2 contre Venise ont mis en exergue des faiblesses qui sont de plus en plus criantes.

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Pourtant contre le club de la lagune pour sa dernière sortie en Serie A, José Mourinho avait tenté quelque chose d'intéressant avec un passage en 3-5-2 pour apporter plus de présence dans la défense adverse tout en gardant une assise défensive, mais cela a volé en éclat. Malgré une déferlante d'occasions, cette équipe romaine manque de qualité dans la finition et dans d'autres secteurs du jeu. José Mourinho en est d'ailleurs bien conscient. «Le club a beaucoup fait, mais je ne pense pas que cette équipe soit meilleure que l'année dernière. C'était un marché réactif. Cette saison peut aussi faire mal au cœur et à l'âme, mais c'est très important de comprendre. Non, nous avons des problèmes, mais lorsque vous construisez une équipe, vous devez partir d'un modèle de jeu. Quand une équipe est déséquilibrée, tu perds plusieurs joueurs entre les blessures et les cartons, il faut trouver des solutions. Nous n'avons pas 2 joueurs par poste, les autres si. L'équipe a des limites et ce n'est pas une critique envers le club, on connait le travail fait cet été. Ce n'est pas la saison pour voir grand, mais je dois augmenter l'ambition et la motivation de l'équipe. Tant qu'il n'y a pas de mathématiques, il faut penser à la quatrième place» expliquait-il au micro de Sky Italia.

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Mourinho déjà remis en question

Une volonté de bouger sur le mercato qui pourrait se matérialiser au cours des prochains mois puisque certains éléments sont poussés vers la sortie : Bryan Reynolds (prêté par le FC Dallas, «pas assez offensif»), Marash Kumbulla («une condition physique trop juste»), Amadou Diawara («n'arrivera pas à atteindre le niveau nécessaire»), Gonzalo Villar («Mourinho veut un regista plus physique») et Borja Mayoral («n'est pas assez rapide et puissant»). Voulant recruter un milieu et un latéral droit au point, il dispose de quelques doutes sur ses buteurs Tammy Abraham (5 buts et 2 passes décisives en 17 matches) et Eldor Shomurodov (2 buts et 5 passes décisives en 16 matches) pour qui il a dépensé 57,5 millions d'euros cet été. L'idée est néanmoins de continuer avec eux tandis que certaines pistes comme Ruben Loftus-Cheek (Chelsea), Harry Winks (Tottenham), Antonio Rüdiger (Chelsea), Denis Zakaria (Borussia Mönchengladbach), Marcus Holmgren Pedersen (Feyenoord), Erik Botheim (Bodø/Glimt), Dani Ceballos (Real Madrid) et Nacho Fernandez (Real Madrid) ont été évoquées. Recruter semble particulièrement important pour les Giallorossi alors que les premières critiques commencent à arriver.

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Pour l'ancien footballeur italien Luca Marchegiani, sur le plateau de la Sky, le problème vient surtout de la régularité et de la qualité des joueurs romains : «Mourinho a une gestion d'équipe basée sur les hommes. La question n'est pas de savoir s'il est juste de faire cela ou de s'entraîner d'une autre manière, chaque entraîneur a sa propre conviction. Il a un aspect positif, sa grande crédibilité, les critiques à son encontre sont toujours très légères et cela permet de préserver l'environnement. Mais les joueurs, en ce début d'année, ont peu grandi, en effet, certains qui sont arrivés comme Abraham, ont eu un creux. À part Pellegrini, je ne vois personne jouer à la hauteur de son potentiel. C'est ce qui je pense ne fonctionne pas en ce moment.» Pour l'ancienne gloire de la Lazio Paolo Di Canio en revanche, la critique est plus acerbe : «s'il y avait eu un autre entraîneur, il aurait été massacré. Il a fait une purge voulue par lui et a dépensé près de 100 millions, il a fait des choix et il doit prendre ses responsabilités.»

S'il n'est pas encore définitif, il est de plus en plus dubitatif : «évidemment, il est encore tôt, peut-être qu'il gagnera les quatre matches suivants et résoudra les problèmes. Mais jugeons ce qu'il a créé jusqu'à présent, au niveau du vestiaire. Mourinho préfère toujours les joueurs, quel que soit son âge, avec qui il peut avoir une relation simple et directe. Il a toujours construit une empathie incroyable, ses joueurs se jetant dans le feu pour lui même les jours difficiles. Techniquement et émotionnellement, il n'y a pas de vrai leader dans sa Roma : n'y a-t-il pas un risque que même les propriétaires se perdent en chemin ?» Revenu sur terre après avoir débuté la saison tout feu tout flamme, José Mourinho va devoir réagir après la trêve internationale. Devant composter son billet en Ligue Europa Conference, mais aussi se replacer en Serie A, le technicien portugais a du pain sur la planche et devra prendre les bonnes décisions. Pour la première fois depuis son retour en Italie, le Special One est contesté.

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