Les langues commencent à se délier en Belgique après les suspicions de fraude

Par Maxime Barbaud
4 min.
Vincent Kompany @Maxppp

48 heures ont déjà passé après le lancement de l'opération de police pour des soupçons de fraudes financières et sportives en Belgique. Sur le terrain judiciaire, 9 mandats d'arrêt ont été délivrés sur les 19 personnes inculpées. Du côté des acteurs du football, on commence doucement à sortir de cette loi du silence qui empoisonne le milieu.

Le football belge vit un vrai séisme. Deux jours après le coup de filet international (Belgique, France, Luxembourg, Chypre, Serbie, Macédoine, Monténégro, notamment) qui a valu l'inculpation de 19 personnes et la livraison de 9 mandats d'arrêt ce matin pour des soupçons de fraude financière et sportive, certains acteurs du football commencent à parler ouvertement des problèmes auxquels ils sont confrontés. En cette période de trêve internationale, les regards sont notamment tournés vers la sélection belge. Les médias n'ont pas manqué l'occasion d'entendre les Diables à ce sujet. Si Eden Hazard a préféré botter en touche refusant même d’évoquer cette actualité, ce n'est pas le cas de Vincent Kompany dont les propos tapent fort.

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Avant de recevoir la Suisse en Ligue des Nations à Tubize ce soir, l'ancien capitaine des Diables rouges a ouvertement abordé ce sujet brûlant pour le football belge. Selon lui, il n'y a rien d'étonnant. «Quand on connaît le milieu du football, on ne peut pas être surpris par ce scandale. Je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas de transparence au niveau international. Il faut que tout le monde ait des comptes à rendre à propos de ce qu’il facture. Il est évident que les agents sont importants pour protéger les intérêts des joueurs mais je ne comprends vraiment pas pourquoi ce système n’est pas transparent», a déploré le joueur à la télévision belge VTM, qui n'a pas hésité à comparer le milieu du ballon rond à des réseaux criminels.

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Kompany, Martinez et Lichtenstein sortent du silence

«Ce système opaque est très proche des pratiques de la traite des êtres humains, du trafic de drogue ou même de la prostitution, dans lesquels beaucoup d’argent circule et dans lesquels il est possible d'effectuer ce genre de transactions cachées. Pour le moment, il est trop tôt pour parler des personnes interpellées mais, dans le foot, il y a beaucoup de bonnes personnes mais également beaucoup de personnes mal-intentionnées. » Le cadre de la sélection a été rejoint par son sélectionneur, même si celui-ci n'a pas vraiment voulu souhaiter se positionner. Il a tout de même entamé son discours par une formule qui sous-entend pas mal de suspicions. «Je ne suis pas choqué ou surpris. (...) L'enquête en soi n'est pas dommageable. Ce qui peut être préjudiciable, ce sont les conclusions», a prévenu Roberto Martinez.

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Du côté des agents aussi, on commence à demander plus de transparence dans un milieu opaque où la loi du silence règne en maître. C'est le cas de Jacques Lichtenstein, un représentant de joueurs très influent en Belgique via sa société Eleven Management (Kompany, Meunier, Boyata...), qui n'a pas hésité à taper du poing sur la table dans un entretien accordé à la DH. «Cela fait des années que je communique dans le métier que ce qui se passe est anormal. Je signale à plein d’acteurs dans le football que je trouve des choses très étranges sur le marché belge. Mais il n’y a pas beaucoup de personnes qui ont voulu m’écouter. Celui qui aurait osé en parler aurait été boycotté par les clubs», dévoile Lichtenstein, concluant son propos par un missile envoyé directement à l'un des personnages centraux de cette affaire. « Sans Mogi Bayat, notre football va guérir…»

L'ancien président du Standart soupçonne Anderlecht

Il est de bon ton de rappeler que pour l'heure, si neuf personnes ont été maintenues en détention ce vendredi matin (les agents Dejan Veljkovic, Mogi Bayat, Karim Mejjati et Dragan Siljanoski, l'ex-avocat d'Anderlecht Laurent Denis, l'arbitre Bart Vertententoutes, les dirigeants du FC Malines Olivier Somers et Thierry Steemans, ainsi que Maria Bolgojevska, la maîtresse de Veljkovic), toutes sont présumées innocentes. Dans le Het Laatste Nieuws, cela n'a pas empêché Roland Duchâtelet, l'ex-président du Standard de Liège (de 2011 à 2015), de suspecter Anderlecht d'avoir profité d'un système de matches truqués lors des playoffs 2013/2014. «Des choses bizarres se sont passées à l'époque. À la peine au début des playoffs, Anderlecht a fini par devenir champion aux dépens du Standard. Notre généreuse avance s'était considérablement rétrécie jusqu'à perdre le titre. Il y a deux rencontres du RSCA qui sont suspectes, je ne peux pas dire lesquelles. Revisionnez les matches, vous le découvrirez vous-même.» Nul doute que la justice se penchera dessus également.

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