OL : Ben Arfa, Benzema, Rémy… Leur formateur vous dit tout
Septuple champion de France, l'Olympique Lyonnais a régné en maître sur la Ligue 1 de 2002 et à 2008. Une domination que le club rhodanien a basé sur un recrutement de qualité, avec notamment une filière brésilienne des plus performantes. Mais la bande à Jean-Michel Aulas n'en a pas oublié de s'appuyer sur son centre de formation, puisant dans les jeunes Gones issus du cru pour la plupart. Entraîneur-adjoint du groupe Pro 2 de l'OL, Robert Valette a vu passer tous les jeunes talents formés entre Rhône et Saône. Pour Foot Mercato, il revient sur le cas de ces grands espoirs lyonnais partis briller sous d'autres couleurs.

Foot Mercato : Certains jeunes formés à l'Olympique Lyonnais, comme Loïc Rémy ou Anthony Mounier, font leur trou de fort belle manière sous d'autres couleurs. Regrettez-vous qu'ils n'aient pas forcément eu leur chance sous le maillot rhodanien ?
Robert Valette : Non, je n'ai aucun regret. Ils tracent leur route. Ça ne s'est pas fait à l'OL. On est un club formateur mais il arrive très souvent dans la vie que des gens soient formés quelque part et qu'ils aillent ensuite ailleurs. C'est la loi de l'offre et la demande. Nous nous sommes occupés de nos jeunes. Je pense que la plus grande satisfaction qu'on a quand on parle de nos jeunes, c'est que ce sont des jeunes qui sont respectueux et qui sont bien formés.
FM : Parmi ces jeunes que vous avez formé, il y a Hatem Ben Arfa. Êtes-vous surpris par ses multiples déboires ?
RV : Je pense que c'est essentiellement dû à son entourage. C'est un joueur qui a besoin d'être bien entouré. Il n'a peut-être pas forcément fait les bons choix à ce niveau. Mais ce n'est pas un mauvais bougre. Il n'est peut-être pas très bien entouré. Compte tenu de son caractère, l'entourage qui était autour de lui à un moment donné, l'entourage que j'ai connu moi, n'a pu que compliquer les choses.
FM : Comme vous le dîtes, c'est un joueur qui a son caractère, plutôt bien trempé. Était-ce déjà le cas quand il était plus jeune ?
RV : Oui. Il avait déjà un besoin et un désir d'apprendre pour arriver très vite au haut niveau. Même si ça peut paraître un peu exagéré, il était programmé pour ça. Il avait des qualités footballistiques hors normes. Mais après, il y a l'homme derrière. Et je pense que, ce qu'on a fait avec Hatem, avec les différents entraîneurs qu'il a eu... On n'a peut-être pas su s'occuper bien du garçon et de l'homme qu'il est devenu et aller au-delà du footballeur. Car pour ce qui est du football, on avait rarement vu un joueur de cette qualité.
FM : Et, à l'inverse, Karim Benzema n'avait pas forcément l'aura d'un Hatem Ben Arfa, avant d'exploser littéralement au grand jour. Comment expliquez-vous cette ascension fulgurante ?
RV : Le cas de Karim est différent. Karim, c'est un joueur qui a toujours joué, qui a toujours été titulaire et qui a toujours marqué des buts. Mais à l'adolescence, il s'est fait tardivement d'un point de vue physique. Et quand il a vraiment eu son profil qu'il a actuellement, aux alentours de 16-17 ans, tout s'est enchaîné et il est devenu le joueur que l'on connaît aujourd'hui. C'est vrai qu'il a eu des difficultés à 14-15 ans mais après, une fois qu'il a eu son profil, ça s'est enchaîné rapidement. C'était juste un problème d'ordre physique. Il n'était pas très costaud, il était petit, voire même un peu grassouillet. Mais il a enchaîné derrière et il est devenu ce qu'il est devenu.
FM : Karim Benzema est aujourd'hui l'un des plus grands talents français. N'auriez-vous pas préféré malgré tout qu'il reste encore un peu à Lyon avant de rejoindre le Real Madrid, histoire de parfaire sa formation ?
RV : Oui, mais c'était une question de circonstances. Voulait-il vraiment rester ? Je ne sais pas. Est-ce que le club avait besoin d'une manne financière ? Ça peut être des éléments économiques, des éléments humains qui ont fait qu'il soit parti. Que ce soit moi, Patrick Paillot ou Armand Garrido, on est des formateurs, on forme des joueurs. Après, une fois qu'ils sont à l'échelon professionnel, on préfèrerait qu'ils soient chez nous mais les places sont chères. S'ils vont ailleurs, ce n'est plus notre problème. Je n'ai donc pas de regrets, que ce soit pour Loïc Rémy, Anthony Mounier ou d'autres comme Los Karaboué qui fait les beaux jours de Sedan. On les a bien aidés, on a fait notre travail.
En savoir plus sur