La Super League ne passe pas du tout en France et en Ligue 1

Par Dahbia Hattabi
8 min.
Nasser Al-Khelaïfi et Jean-Michel Aulas @Maxppp

Depuis dimanche et l'annonce de la création de la Super League, la planète football est en ébullition. En France, où aucun représentant tricolore ne participe au projet pour le moment, cette initiative ne passe pas du tout !

La Super Ligue Européenne est née ! L'histoire retiendra que c'est le 19 avril 2021 que cette nouvelle compétition a été créée par douze membres fondateurs, à savoir le Real Madrid, le Barça, l'Atlético de Madrid, Manchester United, Manchester City, Tottenham, Chelsea, Arsenal, Liverpool, l'Inter Milan, l'AC Milan et la Juventus. Approché pour participer à ce nouveau projet, le Paris Saint-Germain a pour l'instant décliné l'invitation. Aucun club français ne figure d'ailleurs parmi les écuries présentes sur la ligne de départ. Ce qui n'empêche pas les différents acteurs du football français d'avoir leur avis sur la question.

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Les joueurs sont contre

Le milieu du PSG, Ander Herrera, a ouvert la voix lundi en publiant un long message sur son compte Twitter. «Je suis tombé amoureux du football populaire, du football des supporters, avec le rêve de voir l'équipe de mon cœur rivaliser avec les plus grands. Si cette Super Ligue européenne prend de l'ampleur, les rêves sont terminés, les illusions des fans, des rêves qui ne sont pas géants de pouvoir gagner sur le terrain en participant aux meilleures compétitions, prendront fin. J'adore le football et je ne peux pas rester silencieux à ce sujet. Je crois en une Ligue des champions améliorée, mais pas dans le vol par les plus riches de ce que les gens ont créé, de ce qui n'est rien d'autre que le plus beau sport de la planète.»

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Du côté de l'OM, Alvaro Gonzalez est du même avis. «Je crois en un football modeste, en de petits clubs qui veulent faire face aux plus grands, dans un sport loin de l'égoïsme et des egos. Je crois au mérite sportif et au sacrifice de celui qui lutte pour se battre chaque saison. Pour moi, le football c'est ça, vouloir être meilleur chaque jour et avoir l'opportunité de le démontrer. Je ne crois pas au football pour quelques uns».

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Comme eux, d'autres joueurs de notre championnat ont manifesté leur dégoût après cette annonce choc. Cela a été le cas d'Andy Delort. L'attaquant de Montpellier a répondu à un tweet lui demandant son avis sur le sujet. «La quoi ? La richesse ne suffit pas pour atteindre le bonheur», a-t-il publié. Du côté des féminines, où une Super League féminine serait aussi en préparation, Ada Hegerberg (OL) est monté au créneau. «J'ai grandi en aimant la Champions League. Ensuite, j'ai dû jouer en Women's Champions League. J'ai pu gagner 5 d'entre elles et devenir la meilleure buteuse de tous les temps. C'est un héritage. C'est le passé, le présent et l'avenir, tout comme la méritocratie dans le sport. La cupidité n'est pas l'avenir»

D'anciens joueurs ont aussi montré leur désaccord comme Bacary Sagna : «Oooook... je pense que je vais arrêter de regarder le football ... parce que le football que je connais n'est plus du football». Idem pour le King Eric Cantona : « Les fans sont la chose la plus importante dans le foot. Ils doivent être respectés. Est-ce que ces gros clubs ont demandé ce qu'ils pensent ? Non malheureusement et c'est honteux ».

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Les entraîneurs de L1 évoquent la Super League

Les entraîneurs ont aussi été invité à donner leur avis sur cette Super League. En conférence de presse, Mauricio Pochettino (PSG) est resté prudent. «Avant tout, j’émets une opinion sans avoir tous les arguments en ma possession. Nous voyons au regard des informations, un groupe de clubs tentant de créer une nouvelle compétition et l’UEFA essayer d’améliorer la Champions League, avec une autre version. On verra ce qui se passera dans les prochains jours, semaines, mois. On pourra alors donner une réponse davantage en adéquation avec la responsabilité qu’exige ma position. Je crois qu’aujourd’hui, en tant que joueurs et entraîneurs, nous devons nous concentrer sur nos matches de la meilleure manière possible».

Niko Kovac (Monaco), lui, s'est plus mouillé : «il y a beaucoup de discussions autour de ce sujet. Si on joue, si on se bat chaque jour, c'est pour être européen, pour disputer cette compétition, la Ligue des Champions. J'ai grandi avec la coupe d'Europe. J'ai même connu le début de la Ligue des Champions. Je l'ai joué, j'ai eu la chance d'entraîner dans cette compétition. La vraie chose à suivre, c'est de continuer à jouer cette compétition (...) Je suis un homme de sport avant tout. Je me bats pour qu'on soit récompensé chaque saison suivante. On veut se battre, être compétitif, montrer qu'on mérite de jouer cette compétition prestigieuse et européenne. C'est mon opinion et je suis sûr que beaucoup de supporters partagent mon opinion (...) Je souhaiterais conserver le format actuel de la Ligue des Champions».

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Stéphane Moulin (Angers) a, lui, été plus virulent. «Cette Super Ligue, c'est écœurant. C'est honteux. Ce n'est pas le football. Associer le football à un fonctionnement uniquement lié à l'argent... Si cette Ligue devait exister, je ne regarderais pas un match. Où on va ? C'est l'antithèse de tout.»

Les clubs de L1 restent soudés pour le moment

Du côté des clubs, les réactions n'ont pas été nombreuses. L'AS Monaco, par le biais d'Oleg Petrov, a rejeté une éventuelle participation sur les ondes de RMC Sport: «cette nouvelle de création de la Super League nous surprend beaucoup. Pour le moment, nous nous concentrons sur le championnat et la construction du club».

Mais c'est surtout la prise de parole de Jean-Michel Aulas qui était attendue. Le président de l'OL a déclaré sur Twitter. «Si un avocat au Conseil d’État, ancien de la LFP, confirme les sanctions possibles, on peut y ajouter que cette Super League n’obtient pas l’adhésion populaire, car elle met en avant les vertus de l’argent contre l’esprit de fair-play, alors que nous devons être plus solidaires (...) Quand les GAFAM sont de plus en plus forts, où tous nos supporters sont privés de stade et de lien social, nous devons construire des ponts, pas des murs. Construire ensemble avec Nasser (Al-Khelaïfi) l’avenir d’un football où la méritocratie sportive et l’émotion ne sont pas oubliées».

Nasser Al-Khelaïfi (PSG) a aussi affirmé sa position sur le sujet. «Le Paris Saint-Germain a la ferme conviction que le football est un sport pour tous. J'ai été constant sur ce point depuis le tout début. Il faut rappeler qu'en tant que club de football, nous sommes une famille et une communauté, dont le cœur est constitué de nos supporters. Nous devons nous en souvenir. Il y a un besoin manifeste de faire évoluer le modèle de compétition existant de l'UEFA, et la proposition présentée hier par l’UEFA, qui conclut 24 mois de consultation approfondie de tout le paysage du football européen, va dans ce sens. Nous pensons que toute proposition sans le soutien de l'UEFA - une organisation qui s'efforce de faire progresser les intérêts du football européen depuis près de 70 ans - ne résout pas les problèmes auxquels la communauté du football est actuellement confrontée, mais est au contraire motivée par des intérêts personnels. Le Paris Saint-Germain continuera de travailler avec l'UEFA, l'Association européenne des clubs et toutes les parties prenantes du football européen en se fondant sur les principes de bonne foi, de dignité et de respect de chacun».

Les instances sortent du silence

Pour le moment, la Ligue de Football Professionnel n'a pas encore officiellement réagi à cette annonce choc. Mais le président de la FFF, Noël Le Graët, est sorti du silence dans les colonnes de L'Equipe. « C'est proprement scandaleux. Le président de l'UEFA et de la FIFA sont sur la même longueur d'ondes. Ils ont eu ce matin un discours très proche l'un de l'autre pour condamner ce projet. Cela ne peut pas rester impuni s'ils persistent sur cette voie qui ne me paraît pas réaliste. Ils seront sûrement sanctionnés, même si dans un premier temps, il faut se donner encore une chance de paix.» Une annonce qui ne passe pas non plus au sein de l'UNFP. Le président Philippe Piat a confié au micro de RTL : « il y a scission et les joueurs sont au milieu. On est pris en otage, on n’est jamais consultés en amont. C’est trop facile ». Comme à l'étranger, la Super League ne rencontre pas un succès dans l'Hexagone.

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