Ces autres fois où la Super League a échoué

Par Alexis Pereira
4 min.
 Florentino Pérez, Silvio Berlusconi et Lorenzo Sanz (de gauche à droite) @Maxppp

La Super League portée par 12 clubs européens a finalement été abandonnée face à une immense levée de boucliers. Ce n'est pas la première fois qu'un tel projet tombe aux oubliettes...

La bombe aura finalement fait pschitt. Annoncée en grande pompe dimanche soir, la Super League, portée par le Real Madrid, l'Atlético de Madrid, le FC Barcelone, l'Inter, l'AC Milan, la Juventus, Manchester United, Chelsea, Liverpool, Manchester City, Tottenham et Arsenal, n'aura finalement pas lieu. Après plus de deux jours d'une contestation quasiment unanime, ces douze écuries se sont successivement retirées du projet pour le laisser officiellement à l'abandon. Un échec retentissant pour les clubs en question. D'autant que, pour la première fois, ils s'étaient clairement mouillés.

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Par le passé, ce fantasme de Super League avait déjà été brandi par certains patrons de clubs. Silvio Berlusconi, devenu fraîchement propriétaire de l'AC Milan en 1986, est convaincu de la nécessité d'organiser un championnat mondial des clubs. Il Cavaliere n'ira pas si loin, mais, fort de la domination de ses Rossoneri à la fin de cette décennie, il proposera de faire sécession avec l'UEFA, organisatrice de l'ancienne Coupe d'Europe des Clubs Champions, pour lancer un semblant de Super Ligue européenne. À l'époque, il a l'oreille de l'Olympique de Marseille de Bernard Tapie et du Real Madrid, déjà. Cette idée ne verra jamais le jour mais poussera tout de même l'UEFA à réformer sa compétition pour donner naissance, en 1992, à la Ligue des Champions.

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Un peu plus tard, en 1998, Media Partners, une société spécialisée dans les droits TV, relançait l'idée, présentant un format avec 36 qualifiées, trois poules de 12, avec 18 fondateurs «protégés» (Bayern Munich, Ajax Amsterdam, Real Madrid, FC Barcelone, Inter, Juventus, Milan, Paris SG, Olympique de Marseille, Arsenal, Liverpool et Manchester United notamment) et les champions nationaux des autres pays invités d'une année sur l'autre. Lorenzo Sanz, alors président du Real Madrid, est l'un des fervents défenseurs du projet et enchaîne les sorties médiatiques pour convaincre l'opinion de son bien fondé. À l'image de Florentino Pérez aujourd'hui. Mais là encore, l'initiative n'ira pas au bout. L'UEFA, après avoir menacé les formations candidates, réformera une nouvelle fois sa C1, avec l'instauration de deux phases de poules successives.

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Une idée fixe pour le Real Madrid... et Pérez

À la fin des années 2000, Pérez, déjà, évoquait la nécessité de réformer la Champions League et remettait sur la table l'idée d'une Super Ligue européenne. Un serpent de mer qui sera un peu plus concret en 2016. Selon des documents révélés par les Football Leaks, sous l'impulsion d'un homme d'affaires américain Charlie Stillitano, qui organisait l'International Champions Cup (compétition estivale amicale entre cadors européens pendant leur préparation à travers le monde), un projet a été présenté au Real Madrid dès 2015. Les Merengues auraient ensuite convaincu le FC Barcelone, le Bayern Munich et la Juventus de s'appuyer sur cette mouture pour mettre la pression sur l'UEFA. Tout en étudiant en parallèle la faisabilité d'une telle compétition, sur le plan légal notamment, pendant des mois, ce groupe de quatre accueille Manchester United, l'AC Milan et Arsenal et instaure un rapport de force avec l'instance dirigeante du football européen pendant de longs mois.

Cette dernière, afin d'éviter la création de cette fameuse Super League, réforme à nouveau sa compétition phare et accorde notamment 4 places qualificatives directes à l'Angleterre, l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne, leur évitant ainsi de pénibles barrages et d'éventuelles éliminations coûteuses... Mais les géants européens ne délaisseront pas pour autant cette idée de Super League. Toujours d'après les Football Leaks, en 2018, un projet était dans les tuyaux et prévoyait la naissance d'un nouveau tournoi en 2021. Avec onze membres fondateurs (le Real Madrid, l'AC Milan, Arsenal, le FC Barcelone, le Bayern Munich, la Juventus, Manchester United, Chelsea, le Paris Saint-Germain, Liverpool et Manchester City) et cinq clubs invités pour la saison inaugurale (l'Atlético de Madrid, le Borussia Dortmund, l'Inter, l'Olympique de Marseille et l'AS Roma). Là encore, les acteurs n'ont pas été au bout de leurs idées.

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Certains d'entre eux ont donc décidé de remettre ça il y a quelques jours et de concrétiser leurs plans avec un communiqué officiel, un site web et un financement sérieux. Ils ont finalement été obligés de faire machine-arrière face à une levée de boucliers sans précédent un peu partout en Europe et à bien des niveaux (supporters, joueurs, consultants, diffuseurs, pouvoirs publics, instances, etc.), dont ils n'avaient sans doute pas anticipé la portée... Au regard de ce bref historique, nul doute cependant que l'UEFA, qui sort grandi de ce dernier épisode, devra rester vigilante car de nouvelles tentatives risquent de voir le jour dans les années ou décennies à venir.

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