Romain Genevois : « Je ne veux pas fermer la porte du football »

Par Aurélien Léger-Moëc - Guillaume Issner
9 min.
Romain Genevois @Maxppp

Il a plus de 300 matches chez les professionnels au compteur, mais à 32 ans, Romain Genevois cherche un club depuis plusieurs mois et la fin de son aventure à Caen. S'il a été capable de repousser des offres qui ne lui convenaient pas, il sait qu'une inactivité encore prolongée pourrait être fatale à la suite de sa carrière. Entretien.

Foot Mercato : comment allez-vous, que ce soit physiquement et moralement ?

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Romain Genevois : tout va bien, je rassure un peu tout le monde, l’entourage, etc. C’est vrai qu’on s’inquiète un peu des fois pour rien, ça fait partie de la carrière de footballeur. Aujourd’hui, je suis dans une situation d’attente, de recherche. Physiquement, j’ai la forme, je me maintiens et je fais ce qu’il faut. Et moralement, je reste positif.

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FM : comment vous entretenez-vous physiquement ?

RG : j’ai été aidé par mon préparateur physique à Nice. J’avais été convié à Nice pour récupérer mon trophée des Aiglons et je l’ai retrouvé. On a discuté et il m’a demandé si j’avais besoin d’aide donc j’ai dit que ce ne serait pas de refus.

FM : certains joueurs ont besoin de beaucoup de travail de fond pour se sentir bien physiquement, contrairement à d’autres. Comment vous situez-vous ?

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RG : je suis un joueur qui a une bonne VMA (Vitesse Maximale Aérobie). Quand on fait un travail physique, je suis dans le premier groupe avec ceux qui courent le plus.

FM : dans votre recherche d’un nouveau club, votre niveau physique est-il l'inquiétude première pour les clubs qui se renseignent ?

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RG : non, non, on ne m’en parle pas. Le seul point qui peut revenir, c’est ma blessure récente (au tendon d'Achille lors de sa dernière saison avec Caen en 2018-2019, ndlr). Au premier abord, tout va bien par rapport à mon profil et mon CV. J’ai quand même fait pas mal de matches dans ma carrière, environ 300 toutes compétitions confondues. Ensuite, les clubs regardent ma dernière saison et ils voient ma blessure. Je trouve ça dommage de tout gommer, car c’est une blessure dont je me suis bien remis et je n’ai pas fini la saison blessé. Je suis en pleine forme. Après, on ne m’a pas toujours remis ça sur la table. Il y a eu des discussions intéressantes, mais dans toute négociation, il faut qu’il y ait un accord. Ce n’est pas parce que quelque chose ne se fait pas que le club en question n’est pas bon. De plus, ce n’est pas parce que le projet ne me correspond pas qu’il ne correspondrait pas à quelqu’un d’autre.

FM : est-ce que la rémunération peut être un problème dans ces discussions ?

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RG : chaque projet est différent. Quelques fois, ça peut concerner la rémunération. Après, pour trouver un accord, il faut que des efforts soient faits de chaque côté. Il faut peser le « pour » et le « contre » et la liste du « contre » ne doit pas être trop importante pour que le projet se mette en route. L’idée, c’est de trouver le projet qui nous convient et dans lequel on est concerné pour prendre du plaisir, etc. Qu’est-ce qui fait qu’un joueur réussisse à un endroit et pas un autre ? Le joueur ne perd pas son talent sur le trajet, c’est juste qu’il y a un environnement qui est plus favorable que d’autres. On est également tous différents, chaque joueur n’a pas le même ressenti.

« En France, il y a plus de garanties »

FM : vous donnez l’impression de ne pas vous jeter sur la première offre qui se présente, bien que vous n’aillez pas de club depuis quelques mois.

RG : exactement ! À l’heure d’aujourd’hui, je ne suis pas malheureux non plus. S’il y a un projet à l’étranger par exemple, il faut que je me consacre sur la partie foot, mais également sur le côté privé, car j’emmène ma famille avec moi. Il faut faire des sacrifices, je l’entends, mais ces deux aspects sont liés. Ma vie a changé depuis que je suis devenu papa. Partir à l’étranger si tout va bien, tant mieux, mais il faut envisager les choses sous tous les angles. Même avec toute la bonne volonté du monde, quelques fois ça ne se passe pas comme on le veut. Moi, je fais ce que je peux sur l’aspect foot, mais si à côté de ça, ma famille ne se sent pas bien et a envie de rentrer au bout de quelques semaines, ce n’est pas envisageable. Ma famille est un moteur pour ma carrière.

FM : ça vous distingue de certains joueurs qui, dans cette situation, laisseraient leur famille pour partir faire un, deux ou trois ans dans un club.

RG : on est tous différents. Ce n’est pas parce que je fais ça que ceux qui ne le font pas sont des pères indignes. Ma conception de la vie est comme cela. Si je suis proche d’un club et que je sais que ma famille y sera bien, je peux faire un effort même si sur le côté foot, il y a quelques points négatifs. Alors qu’à l’inverse, si le projet foot me plaît, mais que le côté famille n’est pas bien, je ne vais pas la forcer de m’accompagner égoïstement. S’ils ne sont pas bien, je ne le serais pas non plus et ça aura un impact sur mes performances. Tout a son importance. Je parle des opportunités que j’ai pu avoir à l’étranger, mais il est clair qu’en France, il y a plus de garanties.

FM : vous devez parler des clubs turcs et des défauts de paiement ?

RG : je parle de mon côté famille, mais il y a d’autres critères. En Turquie oui par exemple, on s’était mis plus ou moins d’accord avant que j’aille sur place pour voir les choses. Le club a essayé de me convaincre, j’y suis allé. Donc j’ai passé la journée là-bas et j’ai fait plusieurs tests. Si c’était validé, je rejoignais l’équipe en stage. Mais sur le plan contractuel, le club était censé me donner une avance le jour-même sauf qu’on m’a annoncé qu’il y avait du retard. Le soir, tu pèses le pour et le contre et malheureusement il y avait trop de contre, même pour partir un an. Après, tout se passe bien pour certains, mais quand je vois que certains y vont et veulent revenir peu de temps après, je me sens rassuré par rapport au choix que j’ai fait.

« Je suis apprécié »

FM : votre projet idéal serait plus en France qu’à l’étranger ?

RG : ça dépend du projet, mais c’est sûr qu’ici, il y a des garanties pour la famille. On a grandi en France, ma femme est française et mes enfants aussi. Donc en France, c’est plus facile pour moi de faire un effort sur le plan contractuel (salaire, etc).

FM : est-ce que vous continuez à suivre la Ligue 1 et la Ligue 2 ?

RG : oui, je regarde, mais plus souvent les multiplex. J’observe un peu plus la Ligue 1, mais j’ai toujours un œil sur la Ligue 2 aussi et je ne perds pas de vue Caen.

FM : quand on est en recherche de club, est-ce qu'on ne regarde pas d’un œil plus intéressé les clubs qui peuvent être en difficulté dans le classement ou dans le jeu ?

RG : on regarde justement les clubs avec qui on a eu des discussions un peu poussées, pour observer leur jeu, mais également voir si je m’imaginerais jouer avec eux. Il y a l’amour du foot bien évidemment, mais le jeu n’est pas pareil selon le pays, le championnat, le club ou encore le coach. Par exemple, je n’ai pas eu la même façon de travailler à Caen et à Nice. Patrice Garande (Caen) avait une vision différente du foot.

FM : Une vision qui vous plaisait ?

RG : hmmm joker ! Il m’a demandé des choses que je n’avais jamais eu l’habitude de faire avant, mais ce n’était pas un mauvais coach.

FM : est-ce que certains de vos anciens coéquipiers sont déjà revenus vers vous ? Est-ce qu’il y a de l’entraide avec certains ?

RG : je suis assez chanceux sur ce côté-là. Je suis quelqu’un d’apprécié et je le vois par toutes les prises de nouvelles. Des anciens partenaires ne comprennent pas pourquoi je suis toujours sans club et ils essayent de m’aider. Ça m’élargit les possibilités et c’est un coup de pouce supplémentaire, c’est plutôt sympa. Même quand j’étais blessé, j’ai toujours eu des messages sympas, que ce soit Patrice Garande, Damien Da Silva ou même Vincent Bessat.

« Je pensais trouver un club bien avant »

FM : est-ce que vous vous doutiez que cette période sans club serait aussi longue ?

RG : je me doutais que ça n’allait pas être simple. En plus comme j’étais libre et que je n’avais pas la pression de la deadline du mercato d’été, j’ai eu des opportunités intéressantes jusqu’à septembre. Mais évidemment, je pensais trouver un club bien avant.

FM : vous regrettez d’avoir refusé certaines opportunités ?

RG : non, car je sais pourquoi je les ai refusées. Je pense avoir pris les bonnes décisions.

FM : vous avez eu combien de propositions différentes ?

RG : je ne pourrai pas vous dire exactement, parmi les contacts il y a eu des simples prises d’information au cours desquelles on m’a demandé ce que je recherchais. Ce sont des agents qui savaient par exemple que tel ou tel club cherchait un joueur et ils pensaient que mon profil pouvait intéresser. D’autres fois, ce sont des clubs qui peuvent être intéressés. Si j’avais eu autant d’offres concrètes que de prises d’informations, j’aurais sûrement retrouvé un club à l’heure actuelle. Après, je ne suis pas le seul sur le marché. Il faut aussi un peu de chance pour trouver.

FM : est-ce que vous vous donnez une deadline personnelle pour retrouver un club ?

RG : j’essaye de trouver le plus rapidement possible. Ça fait déjà six premiers mois sans club. Je ne veux pas fermer la porte du football, mais il faut rester lucide et je sais que ce sera encore plus dur de trouver cet été. L’idée est de tomber sur un projet qui me plaît pour profiter de mon métier, de ma passion.

FM : quel défenseur êtes-vous aujourd’hui ?

RG : je suis un joueur de club. Si je m’engage avec un club, je vais défendre ses couleurs au mieux. Je donne le maximum et suis à l’écoute. Et quelle que soit la situation, je vais donner le maximum. Je suis à l’écoute, j’ai de l’expérience acquise grâce à chaque coach que j’ai eu. Souvent on me considère comme un soldat et je suis quelqu’un sur qui on peut compter.

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