FC Barcelone : la première saison ratée d'Antoine Griezmann à la loupe

Par Max Franco Sanchez
5 min.
Antoine Griezmann lors d'un match du Barça @Maxppp

Antoine Griezmann (8 buts et 4 passes décisives en 32 apparitions de Liga) vit une première saison compliquée en Catalogne. Décryptage des difficultés d'adaptation de l'attaquant tricolore.

En signant à Barcelone l'été dernier, après un premier transfert avorté douze mois avant, Antoine Griezmann se voyait probablement déjà fêter des buts et des titres à la pelle avec Lionel Messi, Luis Suarez et compagnie. Si le Français a toujours la possibilité de gagner un titre cette saison - ça sera probablement plus en Europe que sur la scène nationale - force est de constater que ce premier volet de l'aventure catalane de Grizi est raté. Dès le départ, plusieurs médias ibériques spéculaient sur des soucis dans le vestiaire barcelonais, avec plusieurs cadres qui auraient préféré que leur direction rapatrie Neymar. Des problèmes relationnels avec ses compagnons du front de l'attaque pourraient donc être une des causes de ce malaise Griezmann et de ce manque d'automatismes évident.

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Mais plutôt que d'évoquer des causes internes dont nous n'avons finalement pas vraiment confirmation, regardons plutôt ce qui se passe sur le pré. Tout d'abord, il faut comparer les deux contextes dans lesquels a évolué le natif de Mâcon récemment. À l'Atlético de Madrid, il évoluait principalement dans le rôle de deuxième pointe, même s'il avait une certaine liberté, tant d'un point de vue du positionnement qu'au niveau de la liberté créative. Il endossait même parfois plusieurs rôles en même temps, faisant office de playmaker et meneur de jeu des Colchoneros mais aussi de finisseur des actions. Au FC Barcelone, on savait que, forcément, il allait devoir se contenter d'un rôle plus secondaire compte tenu des joueurs présents dans l'effectif. Le numéro 17 était plutôt attendu comme un complément de luxe à Lionel Messi et Luis Suarez que comme la nouvelle star de l'équipe, mais force est de constater qu'au final, son apport s'apparente plus à celui d'un jeune de La Masia sans forcément d'énormes perspectives d'avenir à qui on donne du temps de jeu dans le but de voir sa valeur grimper avant une vente.

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Un profil difficilement intégrable à ce Barça

Cette saison, Antoine Griezmann a été utilisé à deux postes, celui d'ailier gauche, la plupart du temps, puis celui d'attaquant de pointe, de façon plus circonstancielle. Sur un flanc, le Français a du mal. A priori, il a les qualités pour le faire, on l'a vu avec les Bleus, mais le système et l'animation offensive défaillante du Barça n'aident pas. Plus qu'un profil peu compatible, il s'agit là d'une façon de jouer qui le bride ou qui, du moins, ne lui permet pas d'afficher ses qualités. Tout d'abord, parce que les différents milieux axiaux utilisés proposent assez peu de solutions aux joueurs de couloir. L'équipe est assez statique et dans son champ d'action, le Français n'a généralement que Jordi Alba voire Frenkie de Jong pour s'associer. Et dans le cas du latéral, l'entente est encore loin d'être idéale, ce dernier cherchant Lionel Messi en permanence lorsqu'il déboule aux avant-postes. L'absence de joueur de surface avec lequel combiner - Luis Suarez ayant énormément de mal dans le jeu - n'est pas propice à des repiquages dans l'axe. Il ne peut ainsi pas graviter autour d'un Diego Costa ou d'un Alvaro Morata comme ce fut le cas l'an dernier par exemple et éventuellement tenter des combinaisons dans les petits espaces.

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La présence d'un attaquant un peu plus mobile et participatif au jeu que le Suarez actuel (Lautaro Martinez ?) pourrait non seulement bénéficier à l'équipe mais aussi à l'ancien de la Real Sociedad. Quant à Lionel Messi, difficile de signaler une quelconque complicité entre les deux hommes sur la pelouse. Au final, les deux ne se trouvent que très peu, notamment parce que les lignes de passes sont coupées en permanence. L'Argentin a tendance à jouer assez axial, et privilégie les combinaisons aux abords de la surface, avec Luis Suarez voire Arturo Vidal ou Riqui Puig ces dernières semaines. Et lorsqu'il souhaite faire basculer le jeu, Alba est le premier destinataire. Trop loin sur son côté gauche, mais dans le même temps pas collé à la ligne comme le latéral, Griezmann n'est que très rarement dans le viseur de la star argentine, situé dans cette zone un peu bâtarde entre l'axe et la ligne de touche, où on retrouve souvent plusieurs défenseurs rivaux. Un véritable joueur de couloir apporterait bien plus de solutions qu'un joueur qui conserve tout de même des réflexes de joueur de pointe, notamment dans ses appels.

Est-il vraiment meilleur en pointe ?

Sa présence en tant qu'ailier, à la place d'un Ansu Fati que beaucoup veulent voir à sa place, fait également perdre beaucoup de choses à l'équipe : de la profondeur, du un contre un et de la facilité à créer du danger à partir du moindre ballon exploitable. Ça, Griezmann sait le faire, mais on ne l'a pas encore vu cette saison. Trop inhibé ? Peu enclin à la prise de risque ? Quoi qu'il en soit, il reste tout de même le premier responsable de sa situation malgré l'existence de circonstances atténuantes. Lorsqu'il a joué en pointe, en l'absence de Luis Suarez, il n'a également pas réussi à tirer son épingle du jeu dans une situation a priori plus favorable et où ses partenaires étaient plus enclins à le trouver. On l'a aussi vu manquer bon nombre d'occasions qu'il avait l'habitude de transformer lorsqu'il évoluait sous les couleurs rouges et blanches.

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Là aussi, il faut dire que l'animation offensive barcelonaise n'a pas été idéale pour son intégration à l'équipe, puisque l'énorme majorité des situations viennent d'actions individuelles ou de coups d'éclat plutôt que de véritables séquences collectives. Même si Antoine Griezmann reste un joueur assez auto-suffisant, du moins de ce qu'on a vu à Madrid, il a tout de même besoin d'avoir des ballons dans le bon tempo, ou d'avoir du soutien dans les derniers mètres. Une première saison d'adaptation manquée donc, dans un contexte où il n'avait pourtant pas le droit à l'erreur. Reste maintenant à savoir s'il aura une deuxième chance dès le prochain mois de septembre ou s'il se trouvera un nouveau point de chute cet été, poussé par sa direction ou par sa propre volonté...

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