Comment le PSG peut battre Manchester City ? @Maxppp

Comment le PSG peut battre Manchester City ?

Par Frederic Yang - 27/04/2021 - 18:03

Récent vainqueur de la Carabao Cup et leader de la Premier League, Manchester City impressionne cette saison. Même si elle paraît injouable, l’équipe de Pep Guardiola n’est pas sans faille comme l’attestent ses récentes défaites contre Chelsea en FA Cup, Manchester United ou Leeds en championnat. Des prestations dont devra s’inspirer le PSG avant sa double confrontation en demi-finales de Ligue des champions.

Pour sa cinquième année à Manchester City, Pep Guardiola semble bien parti pour réaliser la meilleure saison du club (avec la saison 2018/2019). Ce qui était particulièrement difficile à prédire après un démarrage en dents de scie ponctué par 5 matches nuls et 2 défaites en championnat. Mais lors du Boxing day, les Skyblues se sont métamorphosés et ont enchaîné 21 succès de rang, toutes compétitions confondues, en plus d’avoir enfin brisé leur barrière psychologique des quarts de finale de Ligue des champions.

Mieux, les hommes de Pep Guardiola produisent un football de très grande qualité depuis cinq mois, marqué notamment par l’éclosion de Phil Foden, l’émancipation de João Cancelo, la réinvention d’Ilkay Gündogan, devenu un buteur redoutable à 30 ans, et l’absence régulière d’un vrai numéro 9 dans le onze aligné sur le terrain. Ce Manchester City-là est particulièrement redoutable car il est protéiforme et que le danger peut venir d’absolument partout.

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Pourtant, Manchester United, Leeds United et Chelsea ont récemment réussi à faire tomber les Citizens tandis que le Borussia Dortmund les ont aussi bien embêté en quarts de finale de Ligue des champions. Observons donc quels sont les ingrédients pour battre Manchester City.

Ne pas mordre aux hameçons tendus par Manchester City

Tout le monde le sait, Pep Guardiola est un adepte du jeu de position. Les sorties de balle de ses équipes ont toujours été très minutieuses et élaborées mais ce que fait Manchester City cette saison atteint des sommets grâce à l’intelligence et l’adaptation constante de ses joueurs face aux organisations défensives adverses.

Selon l’opposition, l’organisation de la sortie de balle varie et les joueurs occupent des positions différentes comme l’a très bien expliqué le site Nosotros. On a ainsi pu voir des organisations en 2-4-4, en 2-3-2-4, en 3-2-3-2, en 3-2-5 qui pouvaient évoluer constamment selon les choix défensifs des adversaires.

Sur les sorties de balle de Manchester City, chaque action a donc une intention claire. Le porteur de balle conduit le ballon pour déclencher le pressing d’un adversaire direct, ce qui libère des espaces et déclenche une série de mouvements derrière. Certains joueurs ont pour rôle de fixer l’attention des défenseurs pour libérer des couloirs de passe dans leur dos. D’autres servent de relais pour un joueur libre qui va pouvoir faire avancer le jeu.

Le PSG devra avoir un plan défensif avec des principes clairs et éviter de se faire aspirer dans les pièges tendus par City. Le staff de Mauricio Pochettino pourrait s’inspirer de ce qui a été mis en place par les récents adversaires des Skyblues. Le Leeds United de Marcelo Bielsa avait opté pour une défense hybride: en zone mais avec des principes de marquage individuel. Si les décrochages de Gabriel Jesus, Raheem Sterling et Bernardo Silva ont bien été contrôlés, le trio Stones, Aké et Fernandinho a eu beaucoup de champ libre tandis que Zinchenko a parfois bien exploité le marquage individuel de Leeds pour se projeter dans la surface adverse.

Cette stratégie risquée n’est sans doute pas le plan défensif idéal pour une double confrontation. Le staff de Mauricio Pochettino pourrait plutôt s’inspirer de ce qui a été mis en place par Manchester United et par Thomas Tuchel avec Chelsea, lors de la demi-finale de FA Cup. Tombeurs de leurs voisins qui restaient sur 21 succès de rang, les hommes d’Ole Gunnar Solskjaer ont défendu en 4-2-3-1, avec Bruno Fernandes en marquage direct sur Rodri et Rashford qui suivait les déplacements dans l’axe de João Cancelo, tout en étant couvert par Fred s’il décidait de sortir sur John Stones. Pour perturber cette organisation défensive, Kevin De Bruyne a décroché dans cette partie du terrain mais la communication entre Fred et Rashford a permis de bien gérer ces situations.

Quelques semaines après la défaite des Skyblues face aux Red Devils, Thomas Tuchel a mis en place un plan défensif proche de celui de Solskjaer mais avec une organisation en 3-4-2-1. Devant Timo Werner et Hakim Ziyech laissaient constamment libre un des deux défenseurs centraux de City et se relayaient pour aller presser. Quand l’un sortait au pressing, l’autre couvrait derrière et gardait un œil sur Rodri en coupant les couloirs de passe tandis que Mason Mount était quasiment au marquage direct de Fernandinho. N’Golo Kanté pouvait sortir vers l’avant pour prêter main-forte à ses partenaires, étant lui-même couvert par Jorginho tandis que Reece James et Ben Chilwell contrôlaient les joueurs de couloir.

Le but principal des plans défensifs de Thomas Tuchel et de Ole Gunnar Solskjaer étaient donc de couper les transmissions vers les deux relayeurs (Rodri et Cancelo pour Manchester United, Rodri et Fernandinho pour Chelsea) afin de forcer les centraux à jouer sur les côtés, où le pressing est plus facile et efficace, mais aussi à les inciter à sortir eux-mêmes avec le ballon. L’avantage ? Optimiser les contre-attaques puisque Thomas Tuchel comme Ole Gunnar Solskjaer avaient aligné des joueurs très rapides devant et capables d’exploiter très rapidement l’espace laissé par les centraux de City, dont la vitesse n’est pas le point fort. Ce plan pourrait très bien fonctionner avec les joueurs du PSG.

En quarts de finale de C1, le Borussia Dortmund avait aussi fait le choix de laisser les centraux de Manchester City libres en essayant de couper au maximum les transmissions vers les milieux relayeurs. Un plan qui a globalement bien fonctionné mais qui a été mis à mal sur quelques séquences par Erling Haaland, qui s’est parfois délesté de ses tâches défensives et a facilité l’installation des Citizens dans le camp de Dortmund.

Il faudra donc que Neymar et Mbappé évitent ce type de situations et reproduisent leurs efforts défensifs effectués lors du match retour face au Bayern Munich. Ce qui est aussi sûr, c’est que la possession du ballon sera mancunienne et que les joueurs parisiens devront donc être patients, disciplinés, très concentrés et attentifs durant l’intégralité de la rencontre pour ne pas se faire piéger par le jeu de position des Citizens. Ce qui passera sans doute par refuser les invitations au pressing des centraux de City.

Contrôler les projections des milieux de terrain de Manchester City

Cette saison, Manchester City n’évolue quasiment plus avec un 9. Pep Guardiola privilégie les faux 9, capables de décrocher et de participer activement à la construction du jeu de leur équipe. Si bien que plusieurs joueurs ont occupé ce rôle: De Bruyne, Foden, Bernardo Silva, Ferran Torres, Gabriel Jesus. Pour remplacer l’apport d’un 9 classique dans la surface de réparation, Pep Guardiola a poussé ses milieux de terrain à se réinventer en se projetant davantage dans la zone de vérité. Et celui qui illustre à merveille cette transformation, c’est Ilkay Gündogan.

L’international allemand, qui n’avait inscrit « que » 22 buts (en 164 matches) lors de ses quatre premières saisons chez les Skyblues, en a déjà inscrit 16, toutes compétitions confondues, cette saison. Ce qui fait de lui le meilleur buteur du club cette saison devant Phil Foden (14 buts), Raheem Sterling, Gabriel Jesus (13 buts) et Riyad Mahrez (11 buts). Comment expliquer cette transformation ? Tout simplement sa présence dans la surface, qui s’est accrue et aussi la qualité de ses appels en profondeur, qui ont été à l’origine de nombreux buts. Personne ne soupçonnait cette qualité chez l’Allemand (mis à part Guardiola peut-être), qui n’a jamais été réputé pour sa vitesse. Mais plus que la vitesse, c’est son timing et son intelligence qui impressionnent.

Avec un faux 9 qui dézone et des ailiers très écartés, l’attention des défenseurs adverses est facilement détournée, ce qui laisse plus de marge de manœuvre pour les projections de Gündogan et des autres milieux de terrain, voire des défenseurs, qui vont surprendre les adversaires. De tous les joueurs de champ utilisés régulièrement par Pep Guardiola cette saison, seul Zinchenko n’a pas encore inscrit de but.

Outre Ilkay Gündogan, Kevin de Bruyne, Bernardo Silva ou Joao Cancelo sont capables de faire des courses en profondeur en partant du milieu de terrain et d’être adroits à la finition. Plus rare mais à signaler tout de même, les défenseurs centraux s’aventurent parfois aussi loin de leur zone pour prêter main-forte aux attaquants à l’image des centraux de l’Atalanta Bergame.

Il s’agira donc pour les Parisiens d’être attentifs, et plus particulièrement les milieux de terrain centraux comme Paredes (pas toujours le plus prompt sur ces phases de jeu), et de veiller à ces appels dans le dos. Vu que les Parisiens vont sans doute défendre en zone, la communication entre les défenseurs centraux et les milieux de terrain sera cruciale pour bien gérer ces situations.

Les Parisiens devront aussi garder un œil sur les ailiers, qui sont à la fois des points de fixation, dont le rôle est d’élargir la surface de jeu afin de permettre aux joueurs intérieurs de percuter et de se projeter donc, mais aussi eux-mêmes des joueurs de percussion et de profondeur. Riyad Mahrez réalise d’ailleurs une grande saison sur son flanc droit tandis que Phil Foden demeure aussi intenable quand il joue sur un côté. Comme face au Bayern Munich, les duels sur les côtés seront déterminants.

Soigner ses sorties de balle face au pressing haut de Manchester City

Comme le Bayern Munich au tour précédent, Manchester City aime presser haut. S’il est mieux organisé que le bloc haut munichois, celui de City n’est toutefois pas sans faille. Récemment, Chelsea ou le Borussia Dortmund ont réalisé de belles prestations contre les Citizens car ils ont su déjouer leur pressing haut avec une grande qualité technique et de la fluidité dans les combinaisons.

Akanji et Hummels ont su effectuer les passes « qui tuent » pour casser les deux premières lignes défensives de City en quarts de finale de Ligue des Champions. Jorginho a lui été décisif en demi-finale de la FA Cup en étant à l’origine du seul but de la rencontre.

Le PSG avait aussi su déjouer le pressing du Bayern Munich lors du quart de finale retour de C1, ce qui lui a permis de ne pas trop subir le jeu avant les vingt dernières minutes. Les hommes de Pep Guardiola sont aussi très forts sur les phases de contre-pressing (le pressing dès la perte du ballon) donc les Parisiens devront être particulièrement vigilants dans les secondes qui suivent leur récupération de balle. C’est pourquoi des joueurs comme Marco Verratti et Angel Di Maria seront cruciaux lors des sorties de balle parisiennes mais aussi Keylor Navas, dont le jeu aux pieds avait posé des difficultés lors du match retour contre Barcelone en huitièmes de finale.

Vu que Manchester City n’aime pas défendre sur de longues séquences et qu’il n’y est d’ailleurs pas habitué, le PSG a tout intérêt à faire durer certaines séquences de possession du ballon. Mais il ne doit pas oublier que son arme principale pour faire tomber Manchester City, c’est la vitesse de ses attaquants, et plus spécialement celle de Kylian Mbappé qui peut donner des sueurs froides aux défenseurs adverses et à Pep Guardiola.

Faire mal en attaquant la profondeur

La grande faille du pressing haut, c’est justement tout l’espace à exploiter dans le dos des défenseurs si les premières lignes sont éliminées. En termes de vitesse, il n’y a pas photo entre les attaquants du PSG et les défenseurs de Manchester City. À lui seul, Kylian Mbappé peut faire exploser la défense mancunienne, comme il l'a fait en 2017 avec l’AS Monaco.

Sur le papier, Manchester City remplit les critères des équipes contre qui Kylian Mbappé aime briller. Bloc haut, porté vers l’avant et qui laisse donc beaucoup d’espace à exploiter dans le dos des défenseurs centraux, des critères qui peuvent rappeler l’Argentine de 2018, le FC Barcelone et le Bayern Munich. L’international français rencontre davantage de difficultés face aux blocs bas et ce ne sera pas le cas lors de cette double confrontation.

Il est tout de même important d’indiquer que Manchester City défend globalement très bien la profondeur, même si c’est moins évident ces derniers temps. Pour gérer les situations délicates en contre-attaque, le rôle de Rodri demeure primordial. C’est souvent le joueur qui coupe la contre-attaque avant qu’elle ait lieu de par son positionnement de compensateur en phase de possession. João Cancelo est aussi très important à la perte de balle. Grâce à sa vitesse, le Portugais est capable de reprendre rapidement sa position en défense après s’être projeté en attaque. Plus globalement, les joueurs de City ont bien ancré les principes défensifs prônés par Pep Guardiola et ils sont tous capables de réagir intelligemment à la perte de balle.

De manière générale, au moins deux joueurs de City occupent le rôle de compensateur en se plaçant près des attaquants quand trois joueurs assurent constamment la couverture de la profondeur derrière, sans compter Ederson qui part parfois à l’aventure à la manière d’un Manuel Neuer. Le Brésilien demeure toutefois fragile sur ces situations, qui auraient dû donner un but supplémentaire au Borussia Dortmund lors du quart de finale aller de C1 suite à une intervention de Bellingham devant lui, qui a été injustement sanctionnée d’une faute. Comme lors de la double confrontation contre le Bayern Munich, le PSG devra insister dans la profondeur et espérer être aussi réaliste que lors du match aller à l’Allianz Arena.

Se méfier des combinaisons de Manchester City sur coups de pied arrêtés

Cette saison, Manchester City a inscrit sept buts sur corner et six sur coups francs tandis que d’autres buts ont été inscrits dans la continuité de coups de pied arrêtés, avec des centraux restés aux avant-postes. Depuis l’arrivée du Français Nicolas Jover dans le staff de Pep Guardiola, en tant que spécialiste des coups de pied arrêtés, les Citizens se sont améliorés sur ces phases de jeu.

Les Mancuniens ont d’ailleurs tout pour être performants sur coups de pied arrêtés: de la taille, des bons joueurs de tête et surtout des bons tireurs. Ajoutez à cela l’aspect stratégique et vous avez un cocktail redoutable et difficile à contenir pour les adversaires. Les Citizens ont mis en place de nombreuses combinaisons sur coups francs avec deux tireurs et des fausses pistes pour faire bouger la défense.

Aymeric Laporte

Sur les corners, on retrouve aussi souvent des combinaisons à deux voire à trois comme sur le but de Phil Foden en quart de finale retour contre le Borussia Dortmund. Les corners à deux sont aussi utiles pour faire sortir la défense et se donner de meilleurs angles de passe avec des centres/tirs très difficiles à négocier pour les défenses. Le PSG est prévenu, il devra se méfier de ce type de combinaisons et garder un œil sur les centraux, qui aiment rester dans la surface après les coups de pied arrêtés.

Créer le chaos, faire tomber le match dans l’irrationalité

Les équipes de Pep Guardiola ne sont jamais aussi fortes que quand elles ont la mainmise sur le script d’un match. Elles se préparent à quasiment toutes les situations... Sauf au chaos, comme on a pu le voir lors des précédentes saisons contre l’AS Monaco, Liverpool, Tottenham et aussi contre l’Olympique Lyonnais. Le PSG a justement les joueurs pour créer le chaos dans la défense de City et devra sans doute parvenir à rendre les matchs fous à un moment ou à un autre.

Pep Guardiola

Le PSG a les joueurs pour faire mal à Manchester City, qui est moins efficace ces dernières semaines devant le but mais aussi moins souverain défensivement. Si les joueurs acceptent de faire le dos rond et défendent avec autant de détermination et d’envie que lors du match retour contre Bayern Munich, alors les motifs d’espoir sont réels et justifiés. Comme d’habitude, cette double confrontation se jouera sur des détails et sur des faits de jeu. Mais pour n’avoir aucun regret, les joueurs de Mauricio Pochettino devront provoquer leur réussite. Et cela, ça passe inévitablement par un brin de folie.

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