Espagne : le modèle des socios est-il voué à disparaître ?

Par Max Franco Sanchez
6 min.
Florentino Pérez et Joan Laporta, présidents du Real Madrid et du Barça @Maxppp

Les clubs dits "de socios", dans lesquels on retrouve le Barça et le Real Madrid notamment, commencent à montrer leurs limites. Faut-il changer de statut ? C’est une question très épineuse…

Des clubs qui appartiennent à leurs supporters. Même si c’est bien plus complexe que ça et qu’il y a certains fantasmes autour de ce statut, les clubs de socios ont certaines particularités qui en font, en quelque sorte, des institutions démocratiques et où les supporters ont leur mot à dire. A l’heure où de plus en plus de formations sont rachetées en Europe et où les fans se sentent parfois un peu exclus voire méprisés par les propriétaires, certains résistent. En Espagne, ils sont quatre : le Real Madrid, le FC Barcelone, Osasuna et l’Athletic Club. Et ce, alors que dans les années 90, la justice a obligé tous les clubs à se convertir en SAD, sociétés anonymes sportives professionnelles, les SASP en français. Un statut juridique qui aura, finalement, fait beaucoup de mal aux clubs espagnols, mais ça, c’est encore un autre sujet…

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Quelles sont les caractéristiques de ces clubs de socios ? Pour résumer, ce sont des institutions dans laquelle les supporters votent pour leur président, et doivent être, à tout moment, tenus au courant et consultés de toute avancée faite par le club. Les fans ont même le pouvoir, comme on l’a vu au Barça, de déstituer la direction en place, et ils ont de nombreux bénéfices en termes de billeterie, de produits dérivés, d’accès à des évènements etc… Même si cela peut faire sourire, sur le papier, ce sont des association sans but lucratif. Ces clubs profitent aussi de certains avantages fiscaux. Seulement, de plus en plus, des spécialistes et des journalistes espagnols estiment que ce modèle commencent à porter préjudice aux clubs en question, notamment en termes de compétitivité sur la scène européenne. Effectivement, les clubs de socios ne peuvent par exemple pas ouvrir leur actionnariat à l’arrivée de capital venu d’ailleurs. Ils sont donc intégralement dépendants des revenus qu’eux-mêmes génèrent.

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La solution à tous les problèmes ?

Il n’y a donc pas d’actionnaire pour réinjecter de l’argent, que ce soit pour avoir une plus grosse marge de manoeuvre sur le mercato, ou même pour combler les trous en période de crise, comme pendant le covid. Le Barça ou le Real ne peuvent que compter sur les sources de revenus classiques, comme les droits TV, la vente de joueurs ou la billeterie, entre autres, pour budgéter leur saison. Dans le même temps, à l’étranger, de plus en plus de clubs passent en main d’investisseurs richissimes, à l’image de Manchester City, Chelsea ou du Paris Saint-Germain, entre autres, et n’ont donc pas cette problématique. Un temps très puissants et dominateurs en termes d’attractivité et de pouvoir d’achat, les deux ogres espagnols ont aujourd’hui du mal à s’aligner sur les montants que peuvent payer les clubs cités ci-dessus, sans parler des salaires qu’ils peuvent proposer. Bien sûr, ce n’est pas la seule raison, puisqu’il y a aussi ce fair-play financier de la Liga à prendre en compte, mais ce statut de club de socios empêche donc en partie Catalans et Merengues de se hisser à la hauteur des autres.

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Des combines existent pour dégager des revenus supplémentaires, comme l’a fait le FC Barcelone avec ses fameux leviers l’été dernier, mais elles impliquent de se séparer d’actifs du club en échange. Pour beaucoup d’observateurs la solution serait de transformer ces clubs en SAD. Pour le Barça, certains économistes expliquent même que ça serait la solution miracle, et que les récents problèmes avec l’enregistrement des joueurs auraient été évités. Une piste écartée publiquement par Joan Laporta, qui se montre plutôt réactionnaire à changer l’identité et l’histoire de son club, mais qui fait sens auprès d’autres dirigeants du Barça, soulevant ainsi un sérieux débat interne. Et de toute façon, quand on dément quelque chose publiquement, c’est qu’il y a toujours une part de réel derrière… Par le passé, Florentino Pérez a lui déjà évoqué ce thème, comme s’il avait déjà senti venir ce qui allait se passer. Il avait, cependant, au début des annés 2010, confirmé qu’un passage en SAD n’était pas à l’ordre du jour. La donne pourrait cependant changer, même si ça serait une décision assez peu populaire.

Les socios tiennent à leur histoire

Il faut dire que les socios barcelonais et madrilènes, tout comme ceux d’Osasuna et de l’Athletic, tiennent à leur histoire. Pour eux, leur côté unique et prestigieux, en plus des avantages que confère le fait d’être socio, est bien trop précieux. Hors de question de devenir "comme les autres". Une ouverture de l’actionnariat ou même une arrivée en bourse aurait de sacrées conséquences sur l’identité du club. Les socios ne veulent par exemple pas que des Américains ou des Asiatiques s’emparent du club et puissent faire ce qu’ils veulent avec. On peut les comprendre puisqu’en Espagne, les investissements étrangers ont tous tourné au fiasco, et que trois des quatre derniers au classement appartiennent à des groupes étrangers, avec le Valence de Peter Lim comme meilleur - ou pire dans ce cas - exemple. Il faut aussi préciser qu’en Espagne, cette course à la compétitivité face aux Anglais notamment, et bien les supporters s’en fichent un peu. C’est plus une lubie des médias ou des instances, alors que le supporter moyen n’a pas forcément tendance à regarder ce qui se passe loin des frontières espagnoles tant que son club se porte bien en championnat et est meilleur que ses rivaux.

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Les socios n’ont aucune envie de céder le contrôle de leur club à un actionnaire majoritaire qui pourrait avoir un pouvoir d’action total. Même s’il faut dire que, dans le cas du Barça et du Real Madrid, on a surtout parlé d’actionnaires minoritaires, mais qui auraient tout de même une certaine capacité décisionnaire. Autre point à signaler déjà mentionné plus haut: le fait qu’avec ce modèle, les socios sont au courant de tout ce qui se passe dans le club. La direction est tenue de leur présenter tous les résultats financiers du club, de les consulter dès qu’ils veulent mettre en place quelque chose de nouveau, les gros changements sont soumis à leur vote etc. La transparence est très importante pour eux. Ceci n’empêche pas forcément des dérives, on l’a vu avec le Barça de Bartomeu. Mais c’est justement grâce à leur pouvoir que les socios ont pu le mettre à la porte. Sinon, nul doute qu’il serait toujours en poste. Nul doute cependant que dans les prochaines semaines, ce sujet va revenir encore et encore sur la table outre-Pyrénées…

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