Opposée à l'Italie en finale de l'Euro 2020, l'Angleterre a dû faire face à de nombreuses critiques pendant son parcours. Et notamment son sélectionneur Gareth Southgate, en première ligne dès la phase de poules. Mais aujourd'hui, le coach de 50 ans a inversé la tendance, endossé le costume de héros pour rallier tous les supporters à sa cause.
30 juillet 1966. Stade Wembley, à Londres. En finale de la Coupe du Monde, l'Angleterre accueille l'Allemagne de l'Ouest et s'impose 4-2 après prolongation grâce à un grand Hurst, auteur d'un triplé, et un but de Peters. Les supporters dans l'enceinte explosent de joie, et tout le monde se souvient des paroles en direct sur la BBC : « and here comes Hurst! He's got... Some people are on the pitch! They think it's all over! It is now, it's four ! » 55 ans plus tard, les Three Lions sont de retour en finale d'un tournoi majeur, cette fois-ci l'Euro, puisqu'ils affronteront l'Italie dimanche soir (21h), dans un Wembley largement rénové depuis. Un match si attendu de l'autre côté de la Manche et pourtant, rien n'a été simple. Surtout pour le guide de cette équipe, son sélectionneur, Gareth Southgate.
Comme un pion sur un échiquier, le coach aujourd'hui âgé de 50 ans a progressé petit à petit. Après avoir dirigé Middlesbrough, ce dernier a rejoint la FA (Fédération anglaise de football) en janvier 2011 en devenant coordinateur pour les jeunes. Derrière, il a pris en main les U21 anglais en 2013 avant de passer sélectionneur intérimaire de l'équipe première en septembre 2016 et d'être confirmé deux mois plus tard. La suite ? Tout le monde la connaît puisque Southgate est toujours sur le banc des Three Lions, en finale de l'Euro 2020 donc. Un joli parcours qui a été semé d'embûches.
Des critiques à cause d'un jeu assez terne
Demi-finaliste malheureux avec ses Three Lions lors de la Coupe du Monde 2018, avec ce match perdu contre la Croatie (1-2 a.p.), Gareth Southgate espérait se racheter derrière avec la Ligue des Nations mais là encore, l'Angleterre a échoué de peu en finissant à la troisième place. Pour son deuxième tournoi majeur, et donc son premier Euro, l'ancien défenseur avait donc pour objectif de faire encore mieux. Et la mission est déjà accomplie, malgré toutes les critiques et une énorme pression populaire.
55 - England have reached their first major tournament final in 55 years, since winning the 1966 World Cup on home soil. It's the longest gap between final appearances for any European nation in the history of the two competitions. Jubilation. #ENGDEN #EURO2020 pic.twitter.com/e333IaLOGQ
— OptaJoe (@OptaJoe) July 7, 2021
Dans un groupe largement à sa portée, l'Angleterre a eu du mal à offrir un jeu séduisant. La qualification pour les huitièmes de finale a été acquise grâce aux victoires très courtes contre la Croatie et la République tchèque (1-0) et le nul face à l'Ecosse (0-0), mais les critiques commençaient déjà à s'abattre sur Gareth Southgate. Marcus Rashford pas utilisé sur le plan offensif, le milieu d'expérience Jordan Henderson laissé sur le banc au profit du duo Phillips-Rice, Harry Kane pas si efficace devant. Les choix du sélectionneur ont interrogé. Mais un temps seulement.
«Tout le monde pense que c'est un génie»
Même si le style de jeu installé par Gareth Southgate n'a pas de quoi faire lever les foules dans un premier temps, l'essentiel est là avec cette finale. Un avis partagé par Martyn Ziegler, rédacteur en chef du service des sports au journal The Times : «certaines critiques formulées à l'encontre de Gareth Southgate ont été injustes. Ce n'est peut-être pas le football le plus excitant à regarder, mais la priorité est donnée à la défense, avec des lignes très serrées pour tenter de ne pas encaisser de but. Ensuite, ça permet de créer des occasions en attaque. Parfois, cela peut mener à beaucoup de buts, on l'a vu contre l'Ukraine, mais la priorité est évidemment la défense d'abord.»
Il n'y a tout simplement qu'à regarder les statistiques pour s'en rendre compte. Avec 10 buts marqués et seulement un encaissé (contre le Danemark en demie, sur un coup franc direct), les Three Lions ont érigé une véritable forteresse autour de Jordan Pickford, grand artisan également de ce joli parcours anglais. Et grâce à tout ça, Gareth Southgate est aujourd'hui le sauveur. «Certaines personnes ont été critiques, mais je ne pense pas que beaucoup de gens en Angleterre le critiquent maintenant. En fait, c'est plutôt le contraire, tout le monde pense que c'est un génie parce qu'il a trouvé la bonne solution», ajoute notre intervenant.
Le duo gagnant Phillips-Rice
La solution a donc été trouvée, et c'est le résultat de plusieurs choix payants. À commencer par ce double-pivot gagnant Kalvin Phillips-Declan Rice, très important comme nous l'explique Martyn Ziegler : «je pense que ce duo Rice-Phillips au milieu a été probablement l'un des plus grands facteurs de réussite. Les deux ont été très forts, en jouant bien l'un à côté de l'autre pour résister avec les autres. Et ils sont tous deux très en forme, très physiques.» Un milieu séduisant et une attaque emmenée par des coups de poker comme la présence parfois du très jeune Boukayo Saka (19 ans) à côté de l'expérimenté Harry Kane, parfois décrié en début de tournoi mais aujourd'hui décisif.
«Devant, il y a Sterling. Il a été le principal créateur en attaque, avec un bon soutien de Saka par exemple. Et il y a Harry Kane qui a commencé très lentement. Il ne semblait pas aimer le système, mais son but contre l'Allemagne l'a vraiment aidé et il a été beaucoup plus productif désormais», ajoute le journaliste du Times. Avec un groupe composé de jeunes pousses et de joueurs d'expérience (25 ans de moyenne d'âge), Gareth Southgate a donc réalisé sa propre recette. Gagnante. Suffisant pour aller au bout et remporter le Graal ?
Gareth Southgate bientôt dans l'histoire ?
«Ils sont probablement favoris maintenant, avec l'avantage du terrain et le soutien du public. L'Italie a perdu Leonardo Spinazzola, qui était l'un de leurs joueurs les plus forts. Je pense qu'il aurait, bien sûr, causé beaucoup de problèmes à l'Angleterre demain. Mais il y a probablement une bonne confiance dans le camp de Gareth Southgate», conclut Martyn Ziegler. Toujours est-il que si l'on regarde de plus près les dernières confrontations entre ces deux nations en compétition majeure, l'Angleterre peut faire la grimace avec cette défaite en phase de poules lors du Mondial 2014 (1-2), mais surtout avec cette élimination face à l'Italie en quart de finale de l'Euro 2012 (0-0, 2 t.a.b à 4).
En plus de l'attente d'une victoire finale après la Coupe du Monde 1966, les Three Lions ont donc une revanche à prendre. Et avec le technicien Gareth Southgate, capable de faire rentrer le chouchou Jack Grealish à la 69e minute contre le Danemark avant de le faire sortir en prolongation pour lancer Kieran Trippier à la 106e et tenir le résultat, l'Angleterre est désormais confiante. Il ne reste plus qu'à briller, marquer, et gagner pour libérer tout un peuple et faire rentrer Southgate un peu plus dans l'histoire de la sélection, présente pour la première fois de son histoire en finale d'un Euro.
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