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Karim Bouamrane et Patrice Haddad dévoilent leur plan pour ramener le Red Star en Ligue 1 !

Par Sebastien Denis
10 min.
Patrice Haddad et Karim Bouamrane posent au stade Bauer du Red Star (crédit photo : Baptiste Autissier) @Maxppp

La semaine dernière, lors du lancement de la saison du Red Star, Patrice Haddad et ses équipes ont reçu la visite de Karim Bouamrane. L’occasion pour les deux hommes de montrer leur convergence sur la feuille de route du club, un projet très axé sur les jeunes et la Seine-Saint Denis. L’objectif est de recentrer le Red Star sur son territoire et de viser la Ligue 1, tout un programme.

Club historique du football français fondé en 1897 par Jules Rimet, le Red Star a connu ses heures de Gloire entre les deux guerres raflant notamment 5 coupes de France. Avec 54 saisons passées dans le football professionnel (19 en première division et 35 en Ligue 2), le club de Saint-Ouen est un nom qui compte dans le football français. Pourtant, le club de Seine-Saint Denis ne parvient pas à se stabiliser sur le long terme en Ligue 2. La faute à ce qui représente le plus son histoire, le stade Bauer. Nichée au cœur de la ville et dont un immeuble est adossé derrière l’un des buts, cette enceinte atypique fait la fierté de ses habitants et aussi de ses supporters. Mais le stade Bauer est vieillissant, ne peut plus accueillir que 3000 spectateurs, dont la plupart du côté de la tribune « Rino Della Negra », où sont accueillis les supporters du club. Une enceinte aussi mythique que vieillissante qui ne permet pas au club audonien d’y évoluer en Ligue 2. Mais cela va changer. Le projet de reconstruction du Stade Bauer, qui a fait l’objet d’un appel à concours porté par la Métropole du Grand Paris, va permettre au club de se doter d’un nouveau stade qui répondra aux exigences du monde professionnel. Cette perspective offrira au Red Star la garantie de pouvoir évoluer parmi l’élite sur son territoire. Lors des dernières saisons en Ligue 2, le club avait dû s’exiler à deux reprises à Beauvais, et une autre saison à Jean Bouin.

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Un problème dont a conscience Patrice Haddad, le président du club depuis 2008, qui fait tout pour y remédier. « On oeuvre depuis 10 ans pour apporter une pérennité aux infrastructures du club. L’attachement de Karim Bouamrane pour le Red Star n’est plus à démontrer, on sent une réelle volonté de sa part de faire évoluer les choses, et d’accompagner le club dans son développement. Le Red Star a besoin de l’appui de sa mairie, autant que les Audoniens peuvent avoir besoin d’un club comme le Red Star. On attend avec impatience de pouvoir échanger avec le maire sur Bauer. Il y a des options un peu différentes. Mais ce qui est sûr, c’est que nous, on se prépare et on est structurés, tout le club est structuré pour être en Ligue 2 la saison prochaine et pour jouer ici en homologuant Bauer aux exigences de la Ligue 2, en attendant que les travaux de la reconstruction puissent débuter. »

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«Bauer c’est le Red Star et le Red Star c’est Bauer»

Même son de cloche du côté du nouveau maire, Karim Bouamrane, très attaché à sa ville, à son club et à l’enceinte mythique du club audonien. « Bauer c’est le Red Star et le Red Star c’est Bauer. L’un va avec l’autre, l’autre va avec l’un. Historiquement, à chaque fois qu’on a dû être délocalisé, la saison sportive a été impactée. Au-delà de l’aspect sportif, il y a un aspect humain. Bauer, ça fédère des personnes qui viennent de tous les milieux : que ce soient des ouvriers, des chômeurs, des cadres, des profs, des personnes âgées, des jeunes, des femmes. Et comme je le disais à la causerie faite aux joueurs et au staff, il y a très peu d’endroits aujourd’hui où on arrive à fédérer autant de personnes », explique celui qui a le Red Star dans son cœur et ses tripes, avant d’aller plus loin. « Le Red Star, c’est ma vie. Et l’attachement que j’ai pour le Red Star, que j’ai pour Bauer, c’est l’attachement que j’ai pour ma ville. J’ai 47 ans, j’ai donné 30 ans de ma vie à militer pour mon territoire. Je n’ai jamais été élu ailleurs qu’à Saint-Ouen. Je suis né ici, je vis ici. Le Red Star, c’est comme les puces, c’est comme Michelin à Clermont-Ferrand, Manufrance à Saint-Étienne, ce sont des icônes pour nous. Ne pas aimer le Red Star, c’est ne pas aimer Saint-Ouen. »

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Mais en plus de miser sur un futur stade, Patrice Haddad a déjà posé les fondations de son projet. En s’appuyant sur les jeunes du 93, tant sur la formation sportive que sur l’éducation culturelle, via le Red Star Lab. « Mettons un ciment éducatif qui sera notre base. Au sein du club, il doit y avoir une ouverture sur l’esprit d’épanouissement culturel. Je pense qu’il y a peu d’accès dans une zone si difficile de la Seine Saint-Denis. On dit : "venez il y a un endroit où vous pouvez vous nourrir culturellement". Ça, c’était fondamental. On devient un exemple démonstratif là-dessus. » Ensuite, le club audonien s’est enfin doté d’un outil qui va lui permettre de conserver ses joueurs les plus prometteurs, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. « Depuis 2008, on a fait un travail énorme jusqu’aux U15. Après, on les perdait parce qu’on n’a pas de centre de formation. L’un des piliers est le développement d’un lieu possible sur notre territoire pour avoir notre centre de formation. On a signé à Marville (situé à Saint-Denis, toujours dans le 93). On va avoir 4 terrains, 5000 m² de bâtis, on va s’installer au cœur de l’olympisme pour monter notre centre de formation. Monter en Ligue 2, on sait le faire, on l’a fait. Mais le faire pour quoi ? Le faire pour jouer ici et se projeter vers la Ligue 1. Parce que si c’est pour monter et aller jouer à Beauvais pour ensuite redescendre, ce n’est pas viable. Il faut jouer sur ses terres. Cette notion de territoire et cette notion d’appartenance, c’est un autre volet fondamental pour structurer le club sur une longévité maîtrisée. »

«Il faut que le Red Star retrouve la Ligue 1»

Un projet pour son stade, un centre de formation en préparation, un maire fan de football et de son club. Les planètes semblent enfin alignées pour permettre au Red Star de retrouver son rang. Et Karim Bouamrane y croit : « il faut comprendre plusieurs facteurs. Il faut connaître le football, pas sur le plan technico-technique, mais sur le plan environnemental, sur le plan économique et sur le plan stratégique. Il faut aussi connaître le football amateur, le football semi-pro, et le football 100 % pro, ce n’est pas pareil. En jouant en National, il faut avoir cette capacité à construire sur le long terme. Il faut comprendre l’écosystème politique. Le département, l’intercommunalité, la ville, les régions et le département. Et dernier élément, il faut comprendre la ville, les gens, leur vie. Et les gens qui viennent ici, ils viennent parce que toute la semaine, ils n’ont pas tous forcément une vie drôle. Et là pendant 1h30, ici à Bauer ils retrouvent du bonheur, des bonnes ondes. C’est une ville et une population qui doivent retrouver le sourire, c’est ça ma mission », explique celui qui vient d'être élu à la mairie de Saint-Ouen avant d’aller plus loin sur les raisons qui ont fait que le Red Star a longtemps échoué dans sa quête de retrouver les sommets. « La question du pourquoi ça n’a pas marché, c’est parce qu’il est difficile d’avoir ces 4 éléments-là. Je pense que notre équipe l’incarne. C’est pour ça qu’on va bien travailler avec la direction du Red Star, qu’on connaît bien. J’ai déjà été élu aux Sports, j’ai déjà été élu tout court. Je connais le club par cœur, on va faire de belles choses. »

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Il faut dire que la ville de Saint-Ouen est en pleine mutation. Très proche de Paris, la cité audonienne voit débarquer de nombreux Parisiens qui fuient le centre de Paris et ses prix au mètre carré prohibitifs. Ajoutez à cela l’arrivée de la ligne 14, la construction d’un grand hôpital, les JO de 2024 dont Saint-Ouen sera au cœur du projet et vous comprendrez pourquoi l’émulation qui règne autour de cette ville du 93 est sans précédent. « On ne peut pas s’appeler Saint-Ouen, avoir un club comme le Red Star et jouer en amateur, ce n’est pas possible. J’en discutais avec les supporters, je leur disais, il faut arrêter de parler Ligue 2, moi je ne parle pas de Ligue 2. Je ne traite pas le dossier Red Star en me disant que la finalité c’est de jouer en Ligue 2. Pour nous, c’est l’élite, c’est la Ligue 1. Il faut que le Red Star retrouve la Ligue 1. » Même son de cloche pour Patrice Haddad qui vise lui aussi l’élite. « Saint-Ouen bouge. On fait stade plein à 3000 aujourd’hui. Tout le Paris limitrophe vient ici. On sent qu’on est en banlieue proche de Paris et on attire Paris. Si on pouvait accueillir 5000, on remplirait 5000. Le public répond. Les supporters sont une base forte du club. On a mis du temps à trouver notre ligne éditoriale ensemble et on l’a trouvé. On va être un modèle d’exemplarité dans la relation club-supporter. C’est une force commune, et ça ira encore plus fort et plus vite au niveau pro et sportif si les supporters et le club sont sur des missions communes. On est ici à Saint-Ouen, depuis 1909. C’est notre territoire. On est en centre-ville, proche de Paris. Si les entreprises du territoire, la politique, et le club sont réunis, on ne nous arrêtera plus. »

Fort de tout cela, les ambitions du tandem Haddad-Bouamrane sont sans limites. Pour le maire PS de 47 ans, l’objectif est tout simplement de devenir le premier club à Paris. « Moi, je n’aime pas être le numéro 2. Moi, je pense qu’on peut être le premier club à Paris. Évidemment, on n’aura jamais les moyens du PSG, évidemment, on ne sera jamais comme le PSG. Mais on peut être le premier club quand on parle de notre âme, de notre histoire, et ça on ne nous l’enlèvera pas. Il n’y a personne en Île-de-France qui a notre histoire. Maintenant, les 73 ans d’avance sur le PSG, il faut que ça se traduise en dynamique. On n’aura jamais la puissance des Qatariens. On ne la veut pas, ce n’est pas notre socle. Nous c’est une construction qui est enracinée territorialement avec le label Seine-Saint-Denis. Un club généreux, qui va de l’avant, égalitaire. »

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«Je veux un club qui mise sur les jeunes et sur le vivier de la Seine-Saint-Denis»

Le Red Star peut compter sur l’incroyable vivier du 93. Peut-être l’un des plus compétitifs du monde aujourd’hui au niveau de la qualité des joueurs. « Moi, en tout cas, je veux un club qui mise sur les jeunes et sur le vivier de la Seine-Saint-Denis. Pour moi, les exemples à suivre, ce sont des clubs comme l’Athletic Bilbao, l’état d’esprit de Liverpool, l’ambiance de Sankt Pauli, c’est ça pour moi les exemples. Avec une équipe composée d’un joueur par ligne formé au club, ou en tout cas du bassin local. Regardez à Ajaccio, ils arrivent à faire une équipe avec beaucoup de Corses. Il y a au moins 20 % de joueurs de L2-L1 qui sont issus de Seine-Saint-Denis », justifie Karim Bouamrane. Le président du Red Star ne peut évidemment pas dire le contraire et assure que le Red Star veut et va miser sur les joueurs du département de Seine-Saint Denis. « On est dans un vivier très puissant du football français. Tous les clubs se nourrissent en Seine Saint-Denis. Ce centre de formation sera un filtre sur l’Europe. On ne sera jamais un club qui achètera des joueurs par dizaine de millions d’euros. On les formera. Je pense qu’on peut construire un modèle alternatif, avec 70-80 % de joueurs issus de la formation ou du territoire. Ça serait le rêve. »

Après avoir échoué dans sa quête de la Ligue 2 du fait du COVID-19 (le club a terminé à la 4e place du classement de National après avoir été 3e à la fin des matches aller), le Red Star a conservé son ossature, son staff et s’est renforcé de quelques éléments dont la moitié vient de la région parisienne. L’objectif est clair, celui de monter en Ligue 2 cette saison. Mais cette fois-ci, pas question d’évoluer à Beauvais comme c’est le cas ces dernières saisons sans supporter et loin de Bauer. L’objectif du nouveau Maire de Saint-Ouen et de Patrice Haddad est simple. Accélérer les travaux du stade Bauer pour permettre au club audonien de retrouver rapidement la Ligue 2 pour mettre la formation au cœur du projet et ensuite la Ligue 1. Un programme qui fait déjà saliver les supporters du Red Star qui n’avaient pas vu une telle symbiose depuis très longtemps rue du Docteur Bauer.

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