Entretien avec… Pierre Ducrocq : « Le PSG ? Mes plus belles années ! »

**Foot Mercato : Tout d'abord Pierre, comment allez-vous ?

Pierre Ducrocq :** Bonjour. Tout va bien, merci !

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**FM : Vous avez raccroché les crampons en 2011. Que devenez-vous aujourd'hui ?

PD :** Oui, après deux bonnes saisons pleines de plaisir et de soleil en Grèce, j'ai été obligé de me faire opérer du dos en Août 2011. À 35 ans, j'ai pris cela comme un signe, j'ai stoppé, et suis rentré à Paris, à la maison, prés de mon fils et ma famille ! Si j'ai toujours aimé jouer au foot plus que tout, si je sais aussi que je ne prendrai peut-être plus jamais autant de plaisir que ce qu'ont pu me procurer les soirs de matches, je suis certain aussi qu'il y a plein d'autres belles choses à faire. Je m'oriente donc aujourd'hui vers le métier d'agent sportif. Mais pour cela, il est hors de question pour moi d'y aller sans aucune formation, sans un minimum de compétences et surtout sans une certaine idée de comment essayer d'exercer ce métier !

**FM : Vous êtes donc aspirant agent à l'EAJF (École des Agents de Joueurs de Football). Pourquoi avoir fait ce choix de carrière ?

PD :** Joueur, j'ai eu toutes sortes d'expériences avec les agents sportifs. Bonnes ou mauvaises. J'ai pu me rendre compte de la difficulté de leur métier, mais aussi de la façon dont certains le pratiquent, et n'aident en rien cette profession! Je me suis longtemps posé la question, si je devais faire ce métier où je me heurterais sûrement à certaines pratiques que je ne cautionnais déjà pas en tant que joueur, ou si je devais faire autre chose. Mon caractère m'a finalement poussé à tenter le défi de faire avancer les choses ! C’est un beau métier. Un métier de service pour les joueurs de foot qui en ont réellement besoin. Nous ne sommes pas tous Messi ou Ronaldo !
Si tu fais ce métier avec une certaine déontologie, sans avoir un rapport à l'argent malsain je pense que tu peux prendre beaucoup de plaisir à aider et voir progresser les carrières sportives de tes joueurs.

**FM : Quel bilan faîtes-vous de cette formation jusque-là ?

PD :** Le programme est lourd ! L'EAJF nous permet de pouvoir bénéficier de l'expérience de juristes et avocats spécialistes. Droit du sport, droit des contrats, mais pas que cela. Droit du travail, de la sécurité sociale, droit des associations et des sociétés, droit des assurances pour ce qui est de la partie générale, conclue par un examen en Novembre. Et tous les règlements FIFA, statuts des transferts du joueur, règlements des agents de joueurs, règlements FFF et la charte du Football de LNF pour la partie spécifique en Février 2013. Le volume des cours est conséquent et on comprend mieux le faible taux de réussite de cet examen pour l'obtention de la licence FFF. C'est, je pense, nécessaire pour trier dès le départ. Le premier examen général est en Novembre (le 12) et pour les chanceux qui auront eu la moyenne, le deuxième examen est en Février pour le spécifique où il faut ce coup ci obtenir la note minimum de 14 !

**FM : Pour ceux qui ne connaissent pas, pourriez-vous nous décrire votre journée type ?

PD :** Ce sont 8 ou 9 heures de cours par jour. Il y a heureusement une ambiance de travail dans la bonne humeur.

**FM : Avez-vous déjà commencé à vous faire des contacts, à apprivoiser ce métier ?

PD :** Oui, bien sûr, même si j'en ai déjà beaucoup sur les terrains et dans les clubs après 15 ans de carrière ! J'en profite surtout pour multiplier les rencontres souvent intéressantes, d'avocats, de spécialistes du marketing, ou autres professions vers lesquelles je devrai être capable d'orienter mes joueurs dans un futur proche. Si le métier d'agent doit être pour moi en grande partie consacré au côté sport, il faut assurément aujourd'hui être également capable d'aider son joueur à faire les bons choix pour son entourage professionnel. J'y travaille, et c'est très intéressant. J'ai assisté, par exemple, aux premières assises du droit du sport à Rouen la semaine dernière. C'était très riche d'enseignements de voir parfois le décalage entre les textes et la pratique.

**FM : Pour en revenir à votre carrière de joueur, qui dit Pierre Ducrocq dit forcément PSG. Que retenez-vous de vos années parisiennes ?

PD :** Mes plus belles années ! Même si j'ai également rencontré des personnes de qualité et que je garde des excellents souvenirs, au HAC, à Strasbourg ou en Grèce, le PSG c'est pour moi vraiment spécial ! J'y ai été pro, mais également enfant et ado. On m'y a formé et pas déformé et je peux aujourd'hui remercier le club et donc les différents éducateurs que j'ai eus. Les victoires en coupes, la Ligue des Champions, évoluer avec de tels joueurs, se battre pour récupérer un ballon... C'est un vrai bonheur quand après tu le donnes à Marco Simone ou Rai (rires) !

**FM : Voir le PSG à un tel niveau aujourd'hui doit être une vraie fierté...

PD :** Oui, bien entendu ! Paris est une ville unique. Le Parc est un stade de fou quand tu es joueur. La dernière décennie n'a pas été facile, et il fallait un changement. Il est fulgurant et impressionnant ! Je pense que les Qataris savent ce qu'ils font et qu'ils n'oublieront pas, tout en faisant progresser le PSG vers les sommets, la culture et l'histoire de ce club et ses supporters.

**FM : Quand on voit ce PSG galactique, vous arrive-t-il de regretter de ne pas pouvoir y jouer ? De ne pas pouvoir évoluer avec ces joueurs ?

PD :** Je regrettais déjà de ne plus pouvoir y jouer avant (rires), alors imaginez maintenant ! Mais il faut être objectif et rester à sa place. Par contre, souvent je pense à des gars comme Mamadou (Sakho), Clément (Chantôme) ou Guillaume (Hoarau), et je suis heureux pour eux de pouvoir connaitre ça.

**FM : Peut-on dire que vous êtes encore supporter du PSG aujourd'hui ?

PD :** Vous pouvez le crier si vous voulez même ! Bon après, dans mon métier futur, il me faudra garder une certaine neutralité. Mais le samedi soir, c'est sûr, je regarderai toujours les résultats de Paris.

**FM : Quel est le joueur parisien qui vous a impressionné le plus depuis le début de saison ?

PD :** Verratti et Sakho. L'un joue comme si cela faisait 10 ans qu'il était au PSG, et l'autre a vécu une intersaison peu évidente, mais on se rend compte de sa force mentale. Bon Zlatan, on n'en parle pas, ce n'est pas nécessaire.

**FM : Malgré tout, le club de la capitale est actuellement encadré des deux Olympiques au classement. Êtes-vous surpris par le bon début de saison de ces deux clubs ?

PD :** Non, pas vraiment. Ce sont deux effectifs qui sont restés assez stables, ça compte pour prendre un bon départ.

**FM : Vous avez également évolué à l'étranger, à Derby County et Kavala. Quels souvenirs gardez-vous de ces deux expériences ?

PD :** Deux excellents souvenirs. L'Angleterre on connait, et ce sont des ambiances, des stades, des combats à chaque match. C'était génial pour prendre de l'expérience. La Grèce et Kavala, j'y ai pris beaucoup de plaisir. Des ambiances également très chaudes, un niveau de jeu entre le milieu de L1 et haut de L2. J'ai eu la chance d'être bien tombé, avec un président qui m'appréciait beaucoup et avec qui j'ai eu des relations originales mais fortes. Et personnellement, je suis tombé sur des gens extraordinairement gentils et généreux là-bas. J'y retourne régulièrement, j'y ai laissé des amis.

**FM : Enfin, si vous aviez un mot à dire aux lecteurs de Foot Mercato, que leur diriez-vous ?

PD :** Il n'y a que le sport, et le football en particulier, pour rassembler et faire parler tout le monde comme cela. C'est unique! Continuez donc de vivre le football comme une passion : à fond, sans jamais oublier qu'il s'agit finalement juste d'un sport !