L’analyse sans détour de Luis Campos sur le football français avant l’opposition de styles Portugal-France

Par Alexis Pereira
5 min.
Luis Campos lors de la rencontre de Youth League entre le LOSC et l'Ajax @Maxppp

Fin connaisseur des deux styles, Luis Campos a livré son analyse du Portugal-France de ce mercredi soir et plus largement des deux philosophies. Morceaux choisis.

À quelques heures de Portugal-France (3e journée du groupe F de l'Euro 2020), Luis Campos était un observateur demandé. L'ancien conseiller sportif de l'AS Monaco et du Lille OSC connaît sur le bout des doigts les deux styles de football qui s'affrontent ce mercredi. Dans les colonnes de O Jogo, il a donné la recette aux Lusitaniens pour bien maîtriser les Bleus. «La seule façon d'annuler cette équipe, très physique en attaque, passe par une bonne structure défensive globale. Et ce n'est pas en marquant individuellement les Français qu'on arrivera à bien défendre. Il faut que ce soit le collectif qui les freine. La France possède trois attaquants dotés d'une énorme capacité à déséquilibrer et deux milieux, Pogba et Rabiot, qui se libèrent. C'est pour ça qu'il faut fermer tous les espaces ensemble», a-t-il expliqué, pointant du doigt les difficultés dans ce domaine lors de la rencontre face à l'Allemagne (4-2).

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«Nous avons très mal défendu contre l'Allemagne. C'est une évidence, il n'y a pas besoin d'être un spécialiste. Et quand on défend, qu'on occupe mal les espaces, on n'arrive même pas à faire des fautes. Les joueurs étaient toujours très loin du ballon, en retard sur toutes les actions. L'équipe était sur le terrain, mais semblait être hors jeu, elle n'a jamais compris ce qui était en train de se passer. Le problème a été beaucoup plus complexe que la simple prestation des défenseurs. J'espère que cela servira de leçon », a-t-il analysé. Mais le Lusitanien, pour El Pais, s'est livré à une comparaison plus philosophique entre les deux nations de football.

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Transition et puissance en France

«La France a un éventail incroyable, elle a des talents et elle en a beaucoup. Les accords de Cotonou pour les aides au développement entre l'Union Européenne, l'Afrique et les Caraïbes ont permis à la France d'avoir une position dominante sur le marché africain. Cette loi permet aux clubs d'aligner des joueurs venus d'Afrique. Cotonou a été un point de départ et les centres de formation spécialisés ont fait un énorme travail en parallèle. L'école des entraîneurs français est très bonne aussi et je pense que cet ensemble de choses constitue un centre de formation unique. Le Brésil et l'Argentine ont des talents, mais ils n'ont pas les mêmes conditions pour les faire grandir et progresser», a-t-il d'abord lancé avant de poursuivre.

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«Souvent, on dit que les équipes françaises ne sont pas tactiques. Moi, je crois le contraire. Elles le sont, mais à leur manière. Il y a beaucoup de styles différents. En France, la tactique est la même, les systèmes ne changent pas, 4-4-2, 4-3-3... Mais le profil du joueur et ce qu'on lui demande est complètement différent de ce qui se passe au Portugal ou en Espagne. En Espagne, c'est jeu combiné et de proximité. En France, on prend ses distances parce que c'est un football de transition rapide. Beaucoup des joueurs français sont très puissants physiquement. Cette nature transforme leur football en quelque chose de plus physique, plus intense, plus lointain et distant, parce qu'ils cherchent souvent la profondeur offensive et défensive. En Espagne, on essaie d'être proches les uns des autres pour combiner avec le ballon. Ainsi, on réduit l'impact physique. En Ligue 1, quand le ballon est au milieu, il y a des chocs, des duels», a-t-il confié.

Le Portugal et l'exemple Bernardo Silva

Il s'est ensuite penché sur le football portugais. «Le football au Portugal est plus espagnol que français. Mais comme il y a aussi une histoire africaine, il y a aussi cette puissance et cette intensité dans les duels. C'est pour ça que l'adaptabilité du joueur portugais est si grande. Avant, les méthodes d'analyse et de travail bénéficiaient au joueur plus mûr. Souvent, ceux qui avaient le plus de talent restaient à l'écart, même les plus doués techniquement. Aujourd'hui, il y a une précocité naturelle, parce que les jeunes ont une meilleure connaissance du jeu. Ils se forment différemment. C'est le succès du Portugal. Le Portugal n'a pas de joueurs de grande dimension physique. Morphologiquement, ils ne sont pas si forts. Cristiano est une exception. Maintenant, il y a des joueurs comme João Félix, Bernardo Silva...», a-t-il expliqué avant de poursuivre.

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«Des garçons qui ont réussi à être professionnels parce qu'ils avaient une extraordinaire connaissance du jeu. Ils ont tous été champions d'Europe U20, U19, U18, parce que, comme ils ne pouvaient pas gagner les duels, ils ont trouvé d'autres solutions. Comment ? En étant meilleurs tactiquement que les autres», a-t-il résumé, illustrant avec l'exemple Bernardo Silva, qu'il a très bien connu à l'ASM. «Bernardo aimait tellement le football qu'il savait parfaitement qu'il ne pouvait pas aller au duel. Comment faire ? Être plus rapide intellectuellement. La vitesse de pensée de Bernardo est très difficile à trouver. Il l'a développée parce que, morphologiquement, il ne pouvait pas aller au combat. Quand le défenseur le charge, il n'y est déjà plus parce qu'il pense et exécute plus vite. Il a développé sa capacité d'anticipation parce que c'est sa manière de survivre dans le football moderne. Il s'est dit : "je suis fluet, je ne peux pas aller au duel sinon ils vont me tuer. Je dois prendre les bonnes décisions avant les autres". C'est une forme naturelle d'aller vers l'intelligence, la vitesse et l'agilité».

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