Real Madrid : qui pour détrôner l’inamovible roi Karim Benzema ?

Par Dahbia Hattabi
8 min.
Karim Benzema célèbre l'un des plus beaux buts de la saison face à Valence @Maxppp

Les attaquants passent mais Karim Benzema reste. Présent depuis maintenant onze ans dans la capitale espagnole, le Français a su mater la concurrence pour s’octroyer la place d’attaquant numéro un au Real Madrid. Auteur de l’une de ses meilleures saisons, KB9 poursuit son règne sans partage. Mais pour encore combien de temps ?

Du petit prince de Lyon au Roi de Madrid. En onze ans, Karim Benzema a connu une trajectoire phénoménale, faite de haut et parfois de bas, mais souvent couronnée de succès. Après avoir fait ses premières armes dans la cité rhodanienne, l’attaquant a rapidement été courtisé par les meilleures écuries européennes, à l’image de Manchester United. Mais en 2009, le joueur de la fameuse "Génération 87" a finalement décidé d’aller conquérir un autre royaume. Et pas n’importe lequel. Le plus grand. Le Real Madrid. Un défi immense pour le Gone de Bron Terraillon que l’on surnommait "Coco". Mais pas de quoi l’effrayer, lui qui a été recruté à l’époque pour 35 millions d’euros afin de former avec Ricardo Kaka et Cristiano Ronaldo les nouveaux Galactiques. Dans l’ombre des deux stars, Karim Benzema devait se faire un nom au sein d’un pays et d’un club où il n’y a ni passe-droit, ni droit à l’erreur.

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Higuain, Morata & co : tous ont ployé le genou face au Français

Une écurie où la quête de l’excellence est quotidienne et où la concurrence est féroce et accrue. Et ça, le natif de Lyon a pu le découvrir très rapidement. Dès l’an I de son règne madrilène, lors de la saison 2009-10, le footballeur intégrait un groupe où étaient présents Gonzalo Higuain, Raul et Ruud Van Nistelrooy. Rien que ça ! Mais les deux derniers nommés, qui ont été des grands noms de la planète football, étaient sur le déclin. Agé de 22 ans à l’époque, Benzema avait le couteau entre les dents. Rapidement titulaire, il était freiné dans son élan, lui qui a notamment été blessé en février et qui a été absent 8 rencontres. Ce dont a profité Gonzalo Higuain, qui enchaînait les titularisations et les buts. Remplaçant, Benzema terminait l’année avec 9 buts en 33 apparitions toutes compétitions confondues sous les ordres de Manuel Pellegrini, qu’il n’a connu qu’une année. Mais dans une interview accordée au site officiel du Real Madrid en août 2010, il assurait que l’exercice 2010-11 serait le sien. L’an II de l’ère Benzema promettait donc.

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D’autant plus que José Mourinho arrivait dans la capitale espagnole. Bien décidé à le bousculer et à le pousser dans ses retranchements pour en tirer le meilleur, l’entraîneur portugais ne l’a pas du tout ménagé. Doublure de Gonzalo Higuain dans l’esprit du Special One, il était très souvent remplaçant lors de la première partie de saison. En décembre 2010, alors que Gonzalo Higuain était blessé, il avait lâché sa célèbre punchline au sujet de Karim Benzema. «Si tu n’as pas de chien pour aller chasser mais que tu as un chat, alors tu prends le chat, non ? Parce que tu ne peux pas y aller seul. Nous avons un seul attaquant, Benzema. Si Benzema ne joue pas, nous avons un attaquant sur le banc de touche, mais dans ce cas-là il faudra qu’on change de système». Après ce coup de griffe de son coach, l’ancien joueur de l’OL a eu Emmanuel Adebayor dans ses pattes. Un concurrent arrivé au mercato d’hiver pour compenser la blessure d’Higuain.

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L’an XI du règne de Benzema a été couronné de succès

Mais le joueur de Manchester City n’est resté que six mois (8 buts en 22 matches). Car parallèlement à cela, Karim Benzema, auteur de 9 buts sur la première partie de saison, est monté en puissance. Il achevait l’exercice 2010-11 avec 26 buts pendant que le Real Madrid ne levait pas l’option d’achat d’Adebayor. Un concurrent écarté assez rapidement. L’année suivante, en 2011-12, le Français continuait à briller (32 buts toutes compétitions confondues). Buteur, il était aussi un redoutable passeur (19 assists) notamment pour Cristiano Ronaldo, avec lequel sa relation n’a cessé de s’améliorer. Il a aussi cohabité avec succès avec Gonzalo Higuain, le seul véritable attaquant à avoir été un concurrent pour le Français. Car depuis le départ de Pipita en 2013, aucun avant-centre n’a vraiment été un danger pour Karim Benzema. Dans des styles différents, Javier Hernandez (2014-15) comme Alvaro Morata (2013-14, 2016-17), qui s’y est pris à deux fois puisqu’il a évolué dans le groupe professionnel avant d’être vendu à la Juventus puis racheté en 2016, ne sont pas sortis de l’ombre de Benzema.

Lui-même était d’ailleurs souvent dans l’ombre d’un certain Cristiano Ronaldo. Complices sur le terrain, les deux hommes ont noué une belle relation où le Français n’hésitait pas à se mettre au service de la légende CR7, en grand seigneur. Il a été un précieux bras droit qui a permis au Portugais de régner, quitte à parfois (trop) s’oublier. Mais CR7 avait avoué à plusieurs reprises qu’il n’aurait été aussi bon sans Benzema à ses côtés. Après le départ de Cristiano Ronaldo pour la Juventus en 2018, beaucoup prétendaient à sa succession et s’attendaient à la chute de KB9. Mais tel un chat, il a su retomber sur ses pattes pour s’emparer de la couronne laissée par CR7. C’est d’ailleurs l’une des grandes forces du joueur de 32 ans, qui réussit à s’adapter à ses coéquipiers et au style de chacun tout en se montrant décisif. Il a réussi à exister par lui-même et s’est aussi monté en grade avec le départ de CR7, puisqu’il a été promu troisième capitaine de l’équipe derrière Sergio Ramos et Marcelo. Titulaire en puissance, il est l’atout offensif numéro un de Zinedine Zidane, un coach qui compte sur lui et un frère en dehors des terrains comme il aime le dire. Après une saison 2018-19 où il a marqué 26 buts, il a été royal cette année 2019-20. Une année qui marque réellement son avènement à Madrid. Avec 26 réalisations et 11 passes décisives en 47 matches, en attendant le 1/8e de finale retour de Champions League face à Manchester City, il a porté les siens.

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Qui pour détrôner KB9 ?

Bien qu’il ait pu parfois avoir des coups de moins bien, il a été précieux dans la conquête du titre en Liga. Une belle année de la part du Français, que certains auraient bien couronné Ballon d’Or. Mais il n’en sera rien puisque le trophée ne sera pas attribué cette saison. Et pendant que le Roi Benzema domine son royaume, les autres attaquants doivent se contenter des restes. Ou plutôt des quelques miettes. Après une belle saison à l’Eintracht Francfort, Luka Jovic (21 ans) arrivait des ambitions plein la tête pour être la doublure voire même le concurrent du Français. Mais comme d’autres prétendants au trôle avant lui, il n’a pas réussi à exister dans l’ombre du géant KB9. Le Serbe est apparu à 26 reprises (2 buts) mais il n’a été titulaire que 8 fois. Mariano Diaz lui a été mis au régime sec par Zinedine Zidane. En 2017, Zizou lui avait conseillé de rejoindre l’OL, où il a réalisé une belle saison, car il n’entrait pas dans ses plans. Un an plus tard, il profitait de l’arrivée de Julen Lopetegui, venu remplacer ZZ, pour revenir à Madrid. Blessé à plusieurs reprises, il vivait une saison noire et son avenir s’assombrissait avec le retour de Zidane. Malgré le fait que son coach ne compte pas sur lui, le Dominicain est resté. Et cette saison, il n’a joué que 7 rencontres (1 but). Comme Adebayor, Morata et bien d’autres dont Jesé Rodriguez ou encore Borja Mayoral, Jovic et Mariano ont subi la dure loi de Karim Benzema. Un joueur qui a toujours éteint la concurrence d’une façon ou d’une autre.

A 32 ans, il s’offre aujourd’hui une seconde jeunesse et s’impose plus que jamais comme l’attaquant numéro un du Real Madrid. Une performance remarquable et qu’on sous-estime très souvent puisque cela fait tout de même maintenant onze années qu’il évolue dans l’un des plus grands clubs du monde. Mais si KB9, qui se bonifie avec le temps, est essentiel aux Merengues, il n’est pas éternel. Et les pensionnaires du stade Santiago Bernabéu vont devoir préparer l’avenir puisque le Français est encore sous contrat jusqu’en juin 2022. A ce moment-là, il aura 34 ans. Et son héritier semble tout désigné. En effet, le Real Madrid rêve d’un certain Kylian Mbappé (21 ans). L’attaquant champion du monde 2018 avait déjà été approché lorsqu’il était à Monaco en 2017. Mais les Madrilènes avaient été doublés par Paris. KM7 n’avait pas suivi la voie tracée par KB9, qui n’avait hésité à passer directement de l’OL au Real Madrid sans club intermédiaire. Mais nul doute que le club espagnol reviendra à la charge pour s’offrir Mbappé, dont le contrat prend fin en 2022 au PSG. A moins que les Merengues préfèrent miser sur Erling Brault Haland (19 ans), impressionnant sous le maillot du Borussia Dortmund. Pour lui ou Mbappé, Madrid devrait passer à l’attaque en 2021. Le noms de Lautaro Martinez (Inter Milan), qui semble promis au Barça, Harry Kane (Tottenham), a aussi été mentionné. Le club de Florentino Pérez devra faire le bon choix, lui qui s’est souvent trompé ces dernières années dans sa quête d’un numéro neuf ou du moins qui n’a pas su amener un vrai concurrent à Karim Benzema, qui a gagné de nombreux titres et le respect d’une bonne partie du monde du football. Un footballeur qui peut donc continuer à avancer sur la voie royale à Madrid, où son trône n’est toujours pas menacé. Il sera devrait donc bien régner une nouvelle saison dans la capitale. Il reste à savoir ce que l’an XII de l’ère Benzema nous réservera et qui sera là pour tenter de lui voler sa couronne.

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