Pourquoi Leicester a encore échoué en Premier League
Un an après sa remontée en Premier League, Leicester replonge déjà en Championship. Incapables de gagner à domicile depuis des mois, les Foxes ont touché le fond face à Liverpool, scellant une relégation au terme d’une saison catastrophique.

C’est une statistique révélatrice. Leicester, champion d’Angleterre en 2016, est devenu la première équipe à enchaîner neuf défaites consécutives à domicile en Premier League sans marquer le moindre but. La dernière trace d’un but de Leicester au King Power Stadium remonte à la rencontre face à Brighton (2-2) du 8 décembre 2024. Hier, face à Liverpool, les Foxes ont une nouvelle fois été réduits au silence. Dominés par des Reds ultra-maîtres de leur sujet, ils ont fini par céder sur une frappe de Trent Alexander-Arnold à la 76e minute. Ce succès (0-1), acquis avec patience par Liverpool malgré un grand Hermansen, rapproche un peu plus les hommes d’Arne Slot d’un 20e titre de champion d’Angleterre. Pour Leicester, en revanche, le couperet est tombé. Un an après avoir retrouvé l’élite, le club est d’ores et déjà condamné à un retour en Championship. Avec seize défaites sur les dix-huit derniers matchs, le licenciement de Steve Cooper puis l’arrivée de Ruud van Nistelrooy n’auront pas suffi à enrayer la chute.
« Nous n’avons pas été assez bons toute l’année, c’est vrai. Mais quand on regarde la saison, on se rend compte qu’on n’a pas été à la hauteur. Nous devons nous regarder dans le miroir en tant que joueurs. Et nous devons maintenant essayer de mettre ce club dans une meilleure position cet été parce que nous n’avons pas été assez bons. Nous avons été critiqués et nous continuerons à l’être parce que c’est mérité. Depuis la première minute de la saison, nous n’avons pas été au niveau requis pour être compétitifs en Premier League, car c’est une compétition qui vous mâche et vous recrache. Nous ne sommes pas assez bons et c’est quelque chose que nous devons examiner parce que nous sommes absolument dévastés », a commenté le défenseur Conor Coady, rappelant l’état des lieux d’une saison à oublier.
Manque de précision, défense fébrile et leçon à retenir
Mais alors comment expliquer ce tel revers ? En 33 journées, les Foxes n’ont récolté que 18 points, répartis équitablement entre les matchs à domicile et ceux à l’extérieur (9 points chacun). Leur inefficacité offensive s’est traduite par seulement 27 buts inscrits, tandis que leur défense a sombré avec 73 buts encaissés. Un déséquilibre criant qui illustre l’impuissance d’une équipe jamais réellement au niveau de la Premier League. Et le club ne semble pas non plus avoir tiré les leçons de ses précédentes remontées dans l’élite.
« Cela reflète un club qui a besoin d’être reconstruit. Mais comment et avec qui, sont les plus grandes questions pour le club, alors que Leicester fait face à l’un de ses plus grands carrefours », analyse Nick Mashiter, dans un article pour la BBC. « Collectivement, en tant que joueurs et en tant que club, nous avons échoués. Il n’y a tout simplement pas moyen de s’en cacher, et je refuse d’envisager toute suggestion en ce sens. Je suis dans ce club depuis si longtemps, nous avons connu tant de hauts et de succès, et cette saison n’a été que misérable, et pour moi personnellement, une honte totale. Cela fait mal, et je sais que vous le ressentez aussi », a aussi confié Jamie Vardy, figure emblématique du club.
Van Nistelrooy veut rester et reconstruire
Mais Ruud van Nistelrooy avait pourtant tiré la sonnette d’alarme dès l’hiver : l’effectif dont il avait hérité manquait de profondeur, et l’absence de renforts, notamment pour compenser la blessure d’Abdul Fatawu, a pesé lourd. « Lors du mercato d’hiver, il n’était pas possible de se renforcer et c’est ce dont l’équipe avait vraiment besoin », a-t-il regretté. Faute de moyens, Leicester n’a pas pu suivre le rythme des autres, comme les Wolves qui ont investi près de 43 millions de livres pour trois recrues majeures. À la clôture du mercato, seuls deux points séparaient les Foxes des Wolves, aujourd’hui, l’écart est monté à 17, rappelle le Leicester Mercury. « L’écart est grand entre les promus et les 17 autres équipes », a-t-il insisté, estimant que « certains postes clés » auraient dû être renforcés, même si les réalités économiques ont forcé le club à « ajuster ses attentes ».
« Je suis très déçu que ce soit désormais une certitude. Nous avons continué à espérer et à nous battre, mais ces dernières semaines, nous avons vu l’écart se creuser. On le voyait venir, même si nous n’avons jamais abandonné, et nous avons orienté notre attention vers l’avenir en utilisant ces derniers matches pour finir la saison du mieux possible », a également déclaré le coach à l’issue du match contre Liverpool. Avant d’ajouter : « Mon objectif est de diriger le club. […] La nouvelle saison commence très vite et il faut commencer à se préparer pour aller de l’avant. Le plus tôt sera le mieux. Je vais travailler dans les semaines à venir, c’est mon rôle d’agir dans l’intérêt de Leicester ».
Si un départ avait été évoqué dans la presse britannique, ce dernier pourrait, avec la relégation, être différé. « Le limogeage d’un deuxième entraîneur de la saison a des conséquences financières et, compte tenu des contraintes budgétaires, il faudra envisager cette option. Leicester peut-il se permettre financièrement de limoger Van Nistelrooy, mais, à l’avenir, peut-il se permettre de ne pas le faire ? » commente la BBC. Ce qui est certain, c’est que Leicester devra trouver les leviers sportifs et économiques nécessaires pour relever la tête une fois de plus.
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