Comment Manchester City a progressivement éteint le PSG @Maxppp

Comment Manchester City a progressivement éteint le PSG

Par Frederic Yang - 29/04/2021 - 15:16

Timide et malmené pendant la première période, Manchester City a su progressivement éteindre le PSG lors du match aller des demi-finales de Ligue des champions. Analyse de ce match à deux visages et des ajustements de Pep Guardiola.

Pour sa première avec Manchester City à ce stade de la plus prestigieuse compétition européenne, Pep Guardiola ne voulait pas se manquer. Après avoir enchaîné les désillusions lors des précédentes campagnes en C1, l’entraîneur catalan avait un plan pour contrecarrer les forces du PSG.

Lors des matchs aller contre le FC Barcelone et le Bayern Munich, les Parisiens avaient fait très mal sur transition en attaquant l’espace laissé dans le dos des défenseurs, grâce notamment à la vitesse supersonique de Mbappé et la vista de Paredes, Neymar, Verratti, Di Maria et Draxler. Pour se prémunir de ça, Pep Guardiola a clairement élaboré un plan en début de match qui ne s’est pas avéré efficace.

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Une entame prudente et trop timide

« Vous savez quand on affronte le PSG, on veut bloquer ces joueurs exceptionnels que sont Neymar et Mbappé », a indiqué l'entraîneur de Manchester City à l'issue de la rencontre. Afin d’éviter de prendre des vagues dans son dos et limiter les dégâts que pouvait provoquer Mbappé dans la profondeur en cas de pressing haut raté ou trop facilement éliminé, Manchester City a entamé le match en défendant dans un bloc mi-haut assez passif, qui laissait les premiers relanceurs parisiens (Marquinhos, Kimpembe et Paredes, qui venait souvent s’insérer entre les deux défenseurs centraux) libres. Ces derniers avaient donc tout le loisir de manœuvrer.

Une stratégie qui ne s’est pas vraiment révélée payante puisqu’une erreur technique de Rodri a donné, dès la première minute, une belle opportunité de contre à Mbappé, qui a servi Neymar pour le premier tir de la rencontre. Le problème de ce bloc mi-haut était aussi son manque de compacité qui donnait des couloirs de passe en plein cœur du jeu qu’ont su exploiter les Parisiens dans les premiers instants de la rencontre.

Mais pour bien contrôler les transitions parisiennes et la vitesse de Mbappé, les Citizens avaient aussi fait le choix de la prudence en possession du ballon. Ainsi, dès les premiers instants de la rencontre, on a pu voir Manchester City peu entreprenant sur phase offensive avec peu de projections des latéraux et des milieux de terrain et peu de prises de risque qui ont été illustrées par l’activité restreinte de Foden, cantonné à son couloir gauche et qui a très peu dézoné en première période, et par le positionnement relativement bas de Cancelo, peut-être aussi refroidi par la perte de balle de Rodri lors de la première minute du match. Le choix d’aligner Kyle Walker en arrière droit était aussi clairement un signe de la volonté des Skyblues de contrôler la vitesse de Mbappé.

Qualité technique et malice sur corner

En raison de l’approche prudente de Manchester City avec et sans ballon en début de match, le PSG a réussi à jouer les yeux dans les yeux avec lui. En avant-match, on soulignait l’importance de la qualité technique de Verratti et Di Maria pour se sortir du pressing de Manchester City, mais il fallait aussi signaler celle de Neymar, qui a beaucoup décroché pour fluidifier les sorties de balle parisiennes. L’association de talents au milieu de terrain a permis aux Parisiens de se créer des opportunités de se projeter dans la surface de réparation adverse et de provoquer de nombreux corners.

Le staff de Mauricio Pochettino avait justement mis en place une stratégie redoutable sur les coups de pied de coin avec des rôles cruciaux occupés par Verratti et Paredes. Pour empêcher les deux meilleurs joueurs de tête de Manchester City (Stones et Dias) de remporter des duels aériens, les deux milieux parisiens étaient chargés de se positionner devant eux pour bloquer leurs courses et permettre à leurs coéquipiers d’arriver lancés. C’est exactement ce qui s’est produit sur le but de Marquinhos, avec un écran parfait de Paredes qui a gêné Ruben Dias au moment de sa prise d’appel pour sauter vers le ballon.

Quelques instants plus tard, les Parisiens reproduisaient la même combinaison sur corner mais Di Maria tentait sa chance directement avec un corner rentrant avant que Paredes, du côté opposé, manquait de peu de doubler la mise en jaillissant toujours au premier poteau, qui était la zone privilégiée des tireurs. Finalement, « l’erreur » des Parisiens aura été de ne pas avoir pu doubler la mise pendant leurs temps forts. Car dès la 41e minute, Manchester City a changé d’approche.

S'adapter sans se renier

« Les gars, jouez au foot ! Faites preuve de personnalité, et jouez ! Si on doit perdre, perdons, mais on doit essayer ! On doit être nous-même, agressif, surtout avec le ballon. » Voici en substance le discours de Pep Guardiola à la pause. Timides et timorés en première mi-temps, ses hommes ont lâché davantage les chevaux en deuxième tout en conservant leurs principes fondamentaux et le plan initial : contrôler les transitions offensives du PSG.

Dès l’entame de la seconde période, les Citizens ont harcelé les premiers relanceurs parisiens, qui n’ont plus su ressortir les ballons et qui ont progressivement subi les possessions « défensives » des hommes de Pep Guardiola. Car en réalité, Manchester City a aussi mieux défendu grâce à sa conservation du ballon et au positionnement plus haut des compensateurs défensifs (Rodri et Gündogan). Les rares opportunités de contres parisiens ont aussi été malicieusement coupées dès leur source. Ce que l’on appelle grossièrement des fautes « intelligentes ».

Les Skyblues n’ont pas pris beaucoup plus de risques en attaque en deuxième période, à l’exception des mouvements plus libres et plus axiaux de Foden. Les Citizens qui avaient peu joué dans les zones axiales lors du premier acte, ont commencé à toucher le jeune international anglais et De Bruyne dans ces zones, permettant aussi à Cancelo puis Zinchenko d’évoluer plus haut sur le couloir gauche et de faire reculer le bloc parisien. Acculés devant leur but et trimbalés de gauche à droite, les Parisiens ont perdu leur patience et leurs nerfs comme sur la faute du Gueye précédent le coup franc de Mahrez.

La chance a souri aux audacieux

« C'était un match à deux visages. En première mi-temps, on n'a pas su être dangereux. Eux non plus, je ne pense pas qu'ils ont vraiment été dangereux. Mais ils ont été un peu mieux que nous. En deuxième mi-temps, on a été bons, parce qu'on les a obligés à rester dans leur camp. On a fait tourner jusqu'à trouver les décalages. On a de la chance sur les deux buts. Même moi, mon coup franc il passe entre deux joueurs. Mais c'est le football et à l'arrivée on prend », résumait justement Riyad Mahrez après la rencontre.

S’ils ont été bien meilleurs et impressionnants de contrôle en deuxième période, les Citizens n’ont paradoxalement pas été très dangereux devant le but de Navas durant cette rencontre. Les deux buts inscrits par les Skyblues ont été plutôt chanceux. Sur le premier, il faut tout de même reconnaître que les coéquipiers de De Bruyne ont su exécuter à la perfection leur fameux corner à deux dont on vous avait parlé en avant-match afin d’effectuer ces centres-tirs si difficiles à gérer pour les défenseurs et les gardiens.

Sur le deuxième but, la réussite de Mahrez a été maximale mais il faut rappeler que le coup franc a été obtenu suite à une longue séquence de possession où Foden a touché le ballon deux fois devant la surface de réparation en appui (voir les illustrations précédentes). Ce qui a frustré les Parisiens, qui ont aussi coulé physiquement au fil de la rencontre.

Si l’issue de la rencontre a basculé sur « deux coups de chance », elle aurait aussi pu être différente si Marco Verratti avait réussi à couper le centre de Kylian Mbappé, consécutif à une talonnade géniale de Neymar sous la pression (56e). Cette action fut la seule occasion parisienne de la deuxième période avec un ballon en profondeur de Di Maria vers Mbappé coupé par Ederson.

La leçon de la rencontre, c’est peut-être la capacité qu’a eue l’équipe de Pep Guardiola de s’adapter sans renier ses principes, chose que l’on pouvait reprocher au technicien catalan lors de ses dernières éliminations en Ligue des Champions. Il a aussi su dompter sa propre peur de se faire punir par la vitesse de Mbappé en demandant à ses hommes d'évoluer plus haut. Preuve de sa maturité et de celle de son groupe ? Finalement, Manchester City a été récompensé par ses intentions et ses convictions plus que par sa production offensive.

« Le retour sera différent, il faudra jouer comme lors de la 2e période. Mauricio va changer des choses, nous aussi. Je suis content parce que j'ai vu des joueurs calmes dans le vestiaire, il y avait des câlins mais rien de plus, pas d'euphorie. (...). Ce n'est que la première manche, il reste un gros travail à faire. Quand on voit Neymar prendre le ballon dans les 10 dernières minutes et éliminer nos joueurs alors qu'ils sont à dix... Ce club a l'habitude de gagner la L1 presque tous les ans. L'année dernière, ils ont atteint la finale de la Ligue des Champions, ils savent ce qu'il faut faire pour y arriver, il faudra être nous-mêmes au retour », a prévenu Pep Guardiola à l’issue de la rencontre. On a hâte de voir ce que Mauricio Pochettino préparera au retour en réponse à la force tranquille des Citizens.

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