Henri Michel, disparition d’une légende française

Par Maxime Barbaud
6 min.
Nantes @Maxppp

Ancien numéro 10 et sélectionneur des Bleus, Henri Michel est décédé ce mardi à l'âge de 70 ans. Foot Mercato revient sur le parcours d'une figure majeure du football français entre ses réussites, ses échecs et même sa photo avec Bob Marley.

RFI a lâché la triste nouvelle en fin de matinée. Henri Michel n'est plus. La légende du FC Nantes, international et sélectionneur français, est décédée à l'âge de 70 ans. Personnage central du football tricolore des années 70, il aura marqué son temps et une génération. «C’est avec une immense tristesse que la Fédération Française de Football a appris ce matin la disparition d’Henri Michel. Il a connu une carrière remarquable de joueur et d’entraîneur» s'est exprimé Nöel Le Graët dans un communiqué publié sur le site de la FFF.

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A l'heure où le football se colorisait à la télévision, le FC Nantes, emmené par son capitaine et élégant meneur de jeu, se dressait comme le principal rival du grand Saint-Etienne. Arrivé en 1966 à l'âge de 19 ans sur les bords de l'Erdre depuis le club de sa ville natale, Aix-en-Provence, Henri Michel ne quittera les Canaris qu'en 1982 avec trois titres de champion de France (1973, 1977 et 1980) et une Coupe de France sous le bras (1979). Il aura porté le maillot du club à 532 reprises en Ligue 1 (640 fois toutes compétitions confondues), un record qu'il co-détient avec Jean-Paul Bertrand-Demanes, gardien à la même période, pour 81 buts marqués (6e meilleur buteur de l'histoire du FCN). Il y a trois jours à la Beaujoire, il était même élu "Canari des 75 ans" du club mais n'avait pu se rendre au rendez-vous des anciennes gloires. Et pour cause, la maladie avait définitivement pris le dessus.

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International français à 58 reprises (pour 4 buts marqués) dont il fut aussi 10 fois capitaine, "Mickey" participera à la Coupe du Monde 1978 en Argentine. Mais c'est déjà l'heure de passer le relais à la génération Platini. Ce dernier n'avait d'ailleurs pas hésité à lui faire comprendre qu'il ferait bientôt partie du passé dès sa première sélection face à la Tchécoslovaquie en 1976. Un coup-franc indirect se présente dans la surface de réparation. Platini à Michel : « Passe-moi la balle et j’la mets au fond.» Le ballon termine dans la lucarne. L'ancien attendra 1980 pour fêter sa dernière cape. L'heure est au passage sur le banc de touche. Michel prend en main l'équipe de France Olympique en 1982 avec qui il remportera la médaille d'Or deux ans plus tard aux JO de Los Angeles en battant le Brésil 2-0. Entre lui et le Brésil, c'est déjà une histoire d'amour. Ce sacre intervient un mois tout juste après la victoire française à l'Euro 1984. Michel Hidalgo quitte son poste et Michel prend logiquement la suite. «C'est la disparition d'un gars de qualité à tout point de vue, il était beau comme tout, il était gentil, agréable et intelligent, c'était un homme de qualité aussi bien dans ce qu'il savait faire dans le football et surtout comme ami» dit aujourd'hui Hidalgo à RTL.

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Arrive la Coupe du Monde 1986 où l'équipe de France fait partie des sérieux outsiders. La bande à Platini-Rocheteau-Tigana-Giresse joue sa dernière carte pour tenter d'être enfin champion du Monde. Sous les ordres d'Henri Michel, ils s'arrêteront en demi-finale, éliminés encore à une fois par la RFA et finiront 3es. Mais en quart de finale, les Bleus réaliseront un match d'anthologie en venant à bout du grand Brésil de Socrates, Zico et autre Falcão. Ce match, qui se termine aux tirs au but (1-1, 4-3 t.a.b.), est encore considéré aujourd’hui comme l'un des plus grands de l'histoire des Bleus. Les lendemains seront moins chantants pour le sélectionneur. Sans sa génération dorée, la France ne se qualifie pas pour l'Euro 1988. Un putsch s'organise même dans le dos d'Henri Michel après un nul des Bleus à Chypre 1-1. Il est alors débarqué et remplacé par... Michel Platini. «La seule raison de mon éviction a été mon refus d'accepter la venue de Claude Bez, président de Bordeaux à l'époque, comme "super-intendant" du groupe France. Et on me l'a fait payer. Le nul à Chypre n'a été qu'un prétexte pour me virer», expliquait-il au Parisien en 2002.

Cantona : «Henri Michel n'est pas loin d'être un sac à merde»

Après cette amère expérience, Michel devient éphémère entraîneur d'un PSG (1990/1991) qui attend sa reprise par Canal Plus. Il choisit l'exil et prend en main diverses sélections, en Afrique notamment mais aussi quelques clubs (Al Nasr en Arabie Saoudite, Raja Casablanca au Maroc, Zamalek en Egypte). Le "Sorcier Blanc" parvient à qualifier le Cameroun, le Maroc et la Côte d'Ivoire aux Coupes du Monde 1994, 1998 et 2006 où il sort dès le premier tour à chaque fois. Avec les Éléphants de Drogba en 2006, il atteint aussi la finale de la CAN. Il quitte la sélection du Kenya en 2012 à cause de soucis de santé. Ce sera son dernier poste.

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Outre son parcours, Michel aura été au cœur de quelques anecdotes amusantes. Il y aura d'abord cette photo prise en compagnie de Bob Marley à l'été 1980 où le chanteur posera avec le mythique maillot jaune et vert Europe 1. En tournée en France, la star jamaïcaine sollicite le FC Nantes pour taper du ballon. «C'était un petit match après l'entraînement, un petit cinq contre cinq. On avait joué avec des petits buts et c'était très agréable. Bob Marley et son groupe étaient réellement passionnés de football», se souvenait Gilles Rampillon dans les colonnes de So Foot.

Autre fait marquant, c'est son altercation par médias interposés avec Eric Cantona. Non convoqué par Michel en équipe de France en 1988, le jeune attaquant d'alors avait traité le sélectionneur de "sac à merde". «Je lisais un truc de Mickey Rourke, parce que c'est un gars que j'adore, qui disait que le mec qui s'occupe des oscars est un sac à merde. Je pense qu'Henri Michel n'en est pas loin.» La fédération suspend Canto pendant un an. «Je suis triste oui. C'est grave de porter des jugements comme cela et c'est ce que je regrette le plus» avait d'abord réagi Henri Michel, avant de calmer le jeu quelques mois plus tard « Il m'a pratiquement traité de sac à merde. » Oui c'était pas loin...

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