Zidane-Makelele : un début de carrière d’entraîneur déjà sous pression
Cette saison, trois vice-champions du monde 2006 ont débuté leur carrière d'entraîneur. Mais si tout sourit pour l'instant à Willy Sagnol, Claude Makelele et Zinedine Zidane connaissent des débuts plus compliqués.

Avec Willy Sagnol, Claude Makelele et Zinedine Zidane forment le trio des vice-champions du monde 2006 à avoir donné le coup d'envoi officiel de leur carrière d'entraîneur. Une nouvelle vie que ces trois anciens cadres de l'équipe de France découvrent chaque jour et qui est loin de s'annoncer tranquille. Avec une «espérance de vie» de deux ans en moyenne, le métier d'entraîneur est loin d'être une cure de jouvence. Et si Sagnol s'en tire plutôt bien pour le moment (le coach des Girondins de Bordeaux est deuxième de Ligue 1), ses deux ex-partenaires en bleu connaissent un début de parcours mouvementé.
À commencer par Claude Makelele. Adjoint de Carlo Ancelotti puis de Laurent Blanc, l'ancien milieu de terrain âgé de 41 ans a décidé de profiter d'une dérogation qui lui a été accordée pour entraîner la saison prochaine sans avoir son diplôme d'entraîneur (DEPF) pour se lancer dans le grand bain avant l'été. Officiellement intronisé coach de Bastia le 24 mai dernier, Make a donc quitté son rôle de tampon entre les joueurs et Blanc pour s'envoler de ses propres ailes. Un choix qui avait surpris Blanc. «Il n'y pas eu de tristesse, il y a eu une petite surprise. On ne s'attendait pas à ça, on était sur le point de repartir pour un an ou deux ans. Mais il n'y a pas de déception.»
Atterri en Corse, Makelele a logiquement suscité une grande curiosité dans les médias. Pour son premier test, le nouveau coach bastiais a d'ailleurs été servi avec la réception de l'Olympique de Marseille. Un match spectaculaire qui a lancé sa nouvelle carrière sur les chapeaux de roues, Bastia ayant réussi à remonter un handicap de deux buts pour arracher le match nul (3-3) face à l'actuel leader de la Ligue 1. Un début prometteur auquel a succédé une première victoire en championnat contre Toulouse (1-0, 3e journée). Malheureusement pour Makelele, ce succès a rapidement été gâché par une série de mauvais résultats. Avec 3 nuls et autant de défaites lors de ses 6 derniers matches, le SCB pointe aujourd'hui à la 19e, et avant-dernière, place du classement. Un constat qui a fait sortir de ses gonds un Makelele davantage réputé pour être un homme calme ne montrant pas de sautes d'humeur en public. « Il n’y a pas eu d’amour-propre. Les joueurs ont parlé cette semaine, mais les actes n’ont pas suivi les paroles. Je n’ai pas à leur trouver d’excuses. Je n’ai pas vu des joueurs avec un amour-propre. C’est indigne de professionnels. Indigne de joueurs de Bastia. C’est ne pas respecter le maillot. Il faut que les joueurs se remettent en question », a-t-il déclaré à l'issue du revers concédé à domicile face à Lorient (0-2). Une attaque frontale qui ne sera pas sans conséquence. En haut de l'organigramme du club, même le président Pierre-Marie Geromini s'inquiète. « Si on continue comme ça, on sera probablement en Ligue 2 la saison prochaine. » L’Équipe annonçait hier que le coach se sentait trahi par certains éléments. En interne, des proches de Make estiment même que certains n'ont pas le niveau de la L1. Tendu, Makelele a donc promis du changement. Seront-ils payants ? Makelele fait en tout cas face à sa première difficulté de taille.
Zidane pas épargné par la critique
De l'autre côté des Pyrénées, le cas Zinedine Zidane a davantage fait parler. Titulaire d'un diplôme de manager général de club sportif professionnel, ZZ est resté un an dans l'ombre de Carlo Ancelotti avant de vouloir, lui aussi, prendre son envol. « Quand j’ai pris ma retraite, je me suis dédié à ma famille. Maintenant, j’ai envie de faire quelque chose, de revenir dans le football et de démontrer encore une fois que je peux apporter à cette profession d’entraîneur. » Une décision saluée par Carletto, mais qui a provoqué une vague de rumeurs envoyant Zidane aux quatre coins de l'Europe alors que ce dernier n'a aucune expérience de coach. En France, Bordeaux, voire Monaco ont tenté leur chance avec le Merengue. Mais à Madrid, pas question de prendre le risque de voir partir un futur coach qui pourrait reprendre les rênes de l'équipe première en cas d'expérience concluante.
Le président Florentino Pérez a donc offert à Zizou le siège de coach d'un Real Madrid Castilla relégué en troisième division espagnole. La mission du Français est donc claire : profiter d'une exposition médiatique moins forte d'une formation de troisième échelon pour débuter tranquillement et faire remonter «la réserve» du Real Madrid. Mais quand on s'appelle Zidane, la pression est toujours là. Avec seulement deux victoires et cinq défaites en sept rencontres, l'ancien numéro 10 des Bleus est déjà pointé du doigt. Et ce n'est pas tout. En plus des contre-performances sportives, un problème d'ordre administratif pose également des soucis à ZZ. Le CENAFE (Centre National de Formation des Entraîneurs, Ndlr) a ainsi reproché à l'entraîneur madrilène de ne pas posséder les documents nécessaires pour exercer la fonction de coach principal (Zizou a un diplôme de niveau 2 or il lui faut un de niveau 3). « Zidane endosse la fonction d’entraîneur du Real Madrid Castilla pour la saison en cours. Le Real Madrid ne le nie pas. Sur l’acte officiel de son premier match, il est noté comme entraîneur adjoint et Santiago Sanchez comme entraîneur. Mais cette répartition des tâches n’existe que sur papier. Zidane ne dispose pas des diplômes requis. » Une polémique supplémentaire qui n'a pas manqué de faire réagir, même si pour le moment, Zidane ne semble pas spécialement en danger. Le Français peut même compter sur le soutien d'une autre gloire du football ayant vécu une expérience d'entraîneur, Johan Cruyff. «Il vaut mieux un “sans-papier” qui sait ce qu'il fait plutôt qu'un (coach) qui les a, mais qui ne sait rien.» Un soutien que Zidane appréciera. Reste maintenant à savoir s'il saura inverser la tendance.
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