Séville : les premiers pas compliqués de Papu Gomez

Par Aurélien Macedo - Max Franco Sanchez
5 min.
Papu Gomez sous les couleurs du Séville FC @Maxppp

Arrivé en Andalousie l'hiver dernier, l'Argentin de 33 ans avait créé un sacré engouement en Espagne. Mais ses premiers pas avec l'écurie sévillane ne se passent pas forcément très bien, et ce pour plusieurs raisons. Focus.

Célèbre pour sa danse, mais surtout pour ses performances sur les prés de Serie A, Alejandro "Papu" Gomez est le meilleur ambassadeur du projet Atalanta. Formé à l'Arsenal de Sarandí et passé ensuite à San Lorenzo, Catane et le Metalist Kharkiv il a livré une première partie de carrière calme. Malgré un talent certain et de grosses qualités techniques, le petit attaquant argentin d'1m65 a souvent été hors des projecteurs, mais en 2014 il a trouvé le club qui lui fallait : l'Atalanta. Troisième meilleur buteur de l'histoire du club avec 60 buts en 254 matches, celui qui a aussi distillé 70 passes décisives avec la Dea n'a eu de cesse de prendre de l'importance. Après une première saison d'acclimatation, il s'impose totalement lors de la saison 2015/2016 où sa capacité à évoluer en tant qu'ailier gauche et attaquant de soutien a permis au club de se maintenir facilement. L'été suivant, Gian Piero Gasperini arrive et la belle histoire s'enclenche pour l'attaquant argentin.

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Établissant son système autour du natif de Buenos Aires, le technicien transalpin avait identifié ce que pouvait apporter Papu Gomez. S'appuyant sur lui, comme d'un véritable accélérateur de jeu, il va très vite en tirer le maximum. La première saison de l'Argentin avec Gian Piero Gasperini est exceptionnelle puisqu'en 37 matches de Serie A, il marquera 16 buts et délivrera 11 passes décisives. La meilleure saison de sa carrière d'un point de vue comptable alors qu'il avait déjà 29 ans. Quatre ans plus tard, l'aventure à Bergame d'Alejandro Gomez est terminée, mais sa trace est encore visible puisque l'Atalanta est devenue un club habitué au haut de tableau sur les dernières années et se retrouve toujours en course au stade des huitièmes de finale de la Ligue des Champions.

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Un joueur qui doit se réadapter

Alejandro Gomez, lui, a décidé de donner un nouveau souffle à sa carrière suite à une brouille avec son mentor. Parti au Séville FC l'hiver dernier, il a déjà pris part à neuf rencontres. Loin encore du niveau qu'il a su atteindre avec l'Atalanta, l'international argentin va devoir cravacher pour convaincre Julen Lopetegui et s'adapter tactiquement dans une équipe où il a moins de libertés. Habitué à décrocher et à jouer dans les intervalles derrière un attaquant agissant pivot, il ne retrouve pas le même contexte à Séville où le seul coéquipier dans ce registre, Luuk de Jong, est devenu remplaçant au profit de Youssef En-Nesyri. Il doit aussi se réadapter un nouveau poste puisqu'il occupe jusqu'à présent le rôle d'ailier gauche comme lors de ses débuts à l'Atalanta.

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Il faut signaler que la tactique de l'entraîneur basque est plutôt rigide, et très peu de joueurs ont de véritables libertés. Si on regarde de plus près, Koundé est pratiquement le seul joueur qui l'autorisation pour décrocher et quitter sa zone préférentielle, venant souvent prêter main forte en attaque ! Même un joueur comme Suso, au profil plutôt créatif, est cantonné à ce côté droit, ne se déplaçant que très peu dans d'autres parties du terrain. Dans cette configuration, où les joueurs de flanc sont bridés et doivent surtout créer du déséquilibre balle au pied ou envoyer des centres dans la surface pour les deux attaquants cités ci-dessus, très doués dans le jeu aérien, difficile pour un joueur comme Gomez de briller. On voit bien qu'à son poste, les profils habituellement utilisés comme ceux de son compatriote Ocampos ou même Munir El Haddadi, sont bien différents du sien.

Le spectre de Banega plane au-dessus

En Espagne, une question se pose. Papu Gomez a-t-il vraiment sa place à Séville ? Était-ce vraiment intelligent de le recruter au delà du fait qu'avec son prix très peu élevé, il était une bonne opportunité de marché ? Pas forcément adapté à un rôle d'ailier comme mentionné plus haut, on aurait pu l'imaginer dans un rôle de relayeur. Mais dans le 4-3-3 de Julen Lopetegui, il est aussi difficile de lui trouver une place dans l'axe. Il est logiquement hors de question de le voir en numéro 6 à la place de Fernando, alors que pour le poste de relayeur droit attribué à Joan Jordan, Lopetegui préfère un profil de joueur box-to-box, avec un gros volume de jeu et utile sur les phases défensives et offensives. Ce n'est pas vraiment le cas de l'Argentin. Pour le poste de milieu gauche, occupé par Ivan Rakitic ou Oliver Torres, on pourrait éventuellement penser qu'il a le profil. Seulement, Gomez est surtout un joueur à l'aise entre les lignes dans les derniers mètres adverses, et pas en partant d'aussi bas sur le terrain avec autant de responsabilités.

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La presse andalouse l'a ainsi souvent présenté comme le remplaçant, avec six mois de retard, d'Eder Banega, d'autant plus que Rakitic n'a pas convaincu dans ce costume. Mais, sans entrer dans un jugement de valeur sur les deux Argentins, le Papu est un joueur bien différent. Le match de samedi dernier face au promu Elche l'a d'ailleurs prouvé. L'ancien sélectionneur de la Roja a tenté l'expérience en le plaçant au milieu... Et ça c'est très mal passé. « Les attentes placées sur son arrivée accélèrent encore plus le désespoir que provoque le fait de le voir tourner sur lui même sans briser une ligne, réussir une passe qui en brise ou tirer vers les cages », résumait ce week-end Marca. Une influence pratiquement inexistante dans le jeu de l'équipe, en somme. Certains lui trouvent tout de même des circonstances atténuantes, qui sont plutôt légitimes d'ailleurs : en plus de découvrir un nouveau championnat, l'Argentin arrive aussi dans une équipe qui traverse une phase difficile, mais qui est déjà bien rodée en temps normaux. Habitué à être le leader offensif de son équipe, il doit maintenant partager le ballon avec d'autres joueurs, dans une équipe plus scolaire et moins folle que la Dea. Mais avec une équipe de Séville qui risque de prendre la porte en Ligue des Champions et qui voit ses poursuivants revenir à la vitesse de la lumière en Liga, le Papu Gomez serait bien inspiré de retrouver rapidement le niveau qui est le sien...

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