OM : sommes-nous trop patients avec Jorge Sampaoli ?

Par Constant Wicherek
5 min.
Jorge Sampaoli en conférence de presse avec l'OM @Maxppp

En début de saison, quasiment tout le monde était affable avec Jorge Sampaoli. Mais depuis quelque temps, l’OM patine. Deux clans s’opposent désormais. Ceux qui réclament de la patience et de l’indulgence et ceux qui n’en peuvent deja plus.

En début d’année, l’Olympique de Marseille brûlait. On ne parle pas là que des malheureux cyprès. Crise de gouvernance, presque crise institutionnelle, peu de vision sur le moyen terme, voilà quel était le quotidien du seul club français à avoir remporté la Ligue des Champions jusqu’alors. En toute fin de saison, alors que d’espoir il n’y avait plus, Jorge Sampaoli est apparu. Malgré une certaine faiblesse dans le contenu, «El Pelado» a réussi à qualifier l’OM pour la Ligue Europa.

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Ce jeudi, ses Phocéens en sont sortis. Par la petite porte de l’enfer que représente le Nef Stadyumu pour tous ceux qui y pénètrent avec d’autres couleurs que le rouge et le jaune du Galatasaray. Pourtant, les Marseillais ont effectué de belles parties, ils auraient probablement mérité de l’emporter quelques fois. Mais dans le football, il faut marquer et cet OM a beaucoup de mal dans ce domaine. Dans cette campagne - et en attendant la 6e et ultime journée - l’OM n’aura marqué que cinq petits buts dont seulement deux dans le jeu (les trois autres sont des penaltys).

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Un effectif reconstruit et jeune comme excuse

C’est alors que l’on sent un léger vent d’exaspération souffler autour de Jorge Sampaoli qui, ce jeudi contre le Gala, il faut l’avouer, s’est un peu trompé. D’aucuns diront que ce n’était pas la première fois. Mais dans cette société où quand on n’est pas pour, on est forcément contre, deux clans s’opposent. Ceux qui considèrent que l’Argentin a déjà eu sa chance, d’autres qu’il a des circonstances atténuantes. Sommes-nous trop patients avec lui ? Ou au contraire, trop dur, dans un club où l'on brûle les idoles plus vite qu’on ne les porte au pinacle ?

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Jorge Sampaoli était d’accord avec cela, comme il l’a évoqué en conférence de presse ce vendredi : « c’est normal, c'est le football. On tombe amoureux très vite et l'inverse se produit très vite aussi. Il n'y a pas de croyance en une idée sur le long terme, l'important c'est de gagner. Aujourd'hui, on s'appuie seulement sur les résultats. Les critiques peuvent influer sur les prestations des joueurs, mais ça fait partie du métier, on est exposés. Certaines critiques sont dures, elles viennent "d'amateurs" qui ne prennent pas tous les critères en compte, mais il y a aussi des remarques cohérentes. J'essaye de ne pas trop y penser et de me concentrer sur le prochain match. »

Chez certains, il va être question de patience. La patience est mère de toutes les vertus, certes, mais il parait compliqué d’en demander dans un monde - celui du football - où justement la vertu se raréfie. Pour autant, on saisit assez bien l’idée. Sur le onze « titulaire » de l’Argentin, seuls quelques éléments font figure d’anciens (Caleta-Car, Payet plus Lirola et Milik, qui n’ont pas une grande expérience du club). En outre, l’effectif est court et surtout très jeune. Pour le coup, il faut de la patience pour arriver à maturité.

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Milik et Lirola comme problèmes

De la patience, il semble en falloir aussi pour comprendre le style Sampaoli. « Parfois, mes amis en Turquie me demandent dans quel système on joue. Je leur dis "laissez tomber" et je change de sujet. Sampaoli est quelqu'un qui a beaucoup d'énergie, il s'enflamme souvent, il est comique aussi. Je suis vraiment content de travailler avec lui. Même avant de venir, quand je l'ai eu au téléphone, je ressentais son énergie », s’amusait Cengiz Ünder encore récemment. Ce clan réclame donc de la tolérance.

« La tolérance ? Il y a des maisons pour ça », philosophait le dramaturge et poète français Paul Claudel. Après, certes, quelques belles partitions en début de saison, le style commence à s’essouffler. Les pires détracteurs d’«El Pelado» diraient même qu’ils ne sentent pas cette histoire depuis le début malgré les buts et le déséquilibre. Même si l’arrivée tardive de Lirola et le retour à la compétition non moins tardif d’Arkadiusz Milik avaient suscité des espoirs, ils ont plutôt rendu inoffensive une formation qui semblait pouvoir terrasser tout le monde.

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Une animation offensive illisible

Tout n’était pas parfait, mais c’était joli à voir. Puis la Ligue Europa est arrivée. Des enchaînements tous les trois jours, moins de possibilités de travailler le projet de jeu et les circuits de passes préférentiels, donc plus de difficulté dans le contenu. Nous sommes arrivés presque à la mi-saison et il devient très compliqué de trouver des circonstances atténuantes à l’Argentin quand il s’agit de déceler, de comprendre et d’expliquer son animation (in)offensive. Alors, certes, l’OM perd peu (trois défaites cette saison), mais ne gagne que trop peu (six victoires). Et au milieu de tout cela, des nuls (9) dont beaucoup indigestes, il convient de l’admettre.

L’indulgence et la patience ne sont pas les vertus les plus répandues dans ce « beautiful game », mais elles s’entendent et se comprennent. Dans un club comme l’OM, où l'on oublie assez rapidement le « projet » pour évoquer les résultats, il devient relativement compliqué d’avoir une majorité claire qui se dégage. Ici, il n’était question que d’un homme, d’un entraîneur. Les dynamiques s’inversent si rapidement qu’il faut apprendre à garder son sang froid et s’épargner des conclusions trop hâtives. Héros du mois d’août, condamné en novembre, Jorge Sampaoli, s’il est encore là, sera peut-être l’homme du mois de mai, période à laquelle on connaît les qualifiés pour la prochaine Ligue des champions…

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