OM : les joueurs poussés à bout par le système Bielsa…

Mal en point sur le plan comptable depuis deux rencontres, l’Olympique de Marseille ne parvient plus à reprendre la première place du classement de Ligue 1 que le club a pourtant occupé de nombreuses journées en début de saison. Mais, les joueurs le savent, c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens. Pourtant, tout n’est pas si rose à la Commanderie comme le révèle une enquête de RMC. Si la « méthode Bielsa» semble avoir fait progresser quelques joueurs de l’effectif marseillais depuis le précédent exercice, la recette argentine semble manquer de quelques ingrédients. Ce sont les joueurs eux-mêmes, sous couvert d’anonymat, qui le confient.

Un manque de communication déploré par le vestiaire

Les non-dits laissent toujours la place à la frustration. Les éléments du vestiaire olympien ne semblent pas toujours tout confier à Marcelo Bielsa, comme le révélait ce joueur de l’OM : «Bielsa est très charismatique. Il inspire beaucoup de respect, mais aussi beaucoup de crainte, explique la même source, interne au vestiaire. C’est dur d’avoir le courage d’aller frapper à sa porte pour lui parler. Et le système de communication qu’il a mis en place est très fastidieux» ou encore «parce que l’on est dans une logique où l’on n’osera jamais contredire le maître. Il faudrait pourtant que l’un d’entre eux ait les "cojones" de dire les choses en face à Bielsa» Pourquoi ? Parce qu’un homme désigné fait le lien entre l’ancien technicien du Chili et ses hommes. Jan van Winckel, l’adjoint belge de Bielsa, fait office de couteau suisse de l’effectif professionnel.

Attaché à la préparation physique marseillaise, van Winckel semble être un bras droit au cœur de toutes les discussions phocéennes : «Le staff médical, par exemple, ne parle quasiment jamais avec Bielsa. C’est toujours "le Belge" (sic) qui transmet les infos au sujet des blessés. Est-ce qu’il dit la vérité au coach ? Beaucoup sont persuadés que les messages ne sont pas clairs, voire parfois brouillés, par peur de vexer ou d’énerver Bielsa. Demandez à Alessandrini comment il a vécu sa deuxième blessure à la cheville. Il était furieux.» Van Winckel n’est donc pas seulement un homme de terrain, c’est aussi un homme de discours. Et il semblerait qu’il soit devenu le seul porte-voix d’un Bielsa très discret, voir muet, à certains moments. « Son rôle est compliqué et Jan est très exposé. On ne sait plus quel est son véritable poste. C’est flou. Et du coup van Winckel perd en autorité. Est-il le préparateur physique ? L’organisateur vidéo ? L’intendant en charge des voyages et des programmes d’entraînement ? » Livrait un joueur marseillais, vraisemblablement navré de n’avoir d’autres repères.

Des séances trop lourdes pour des joueurs à bout

Outre le manque d’échanges humains, le vestiaire marseillais regrette aussi l’organisation des séances quotidiennes d’entraînement. «Trop de vidéo ou de pauses sans ballon finissent par nuire. Il n’y a plus d’étonnement. On ressent parfois le besoin de s’amuser, de prendre plus de plaisir, tout simplement», confiait un membre de l’effectif olympien. Des entraînements «hachés, saccadés» par des analyses vidéos qui amènent les joueurs marseillais à «sortir un peu abrutis et lessivés mentalement.» Des programmes trop copieux, des séances trop longues fatiguent les joueurs qui semblent perdre confiance en la doctrine du préparateur belge. Il y a quelques jours, un proche de Marcelo Bielsa confiait à RMC sentir « qu’une poignée de joueurs faisait moins d’efforts », pourtant ceux-ci ne paraissent pas déterminé à laisser tomber leur coach.

« Bielsa, on a du mal à lui en vouloir. C’est un gros travailleur. Dans sa méthode, il n’y a pas d’états d’âme, car il veut gagner et ça, on peut le comprendre», confiait un joueur olympien. Avant qu’un autre ne le rejoigne : « Bielsa a changé notre quotidien et tout le monde a envie que ça fonctionne». Car s’il est difficile dans la tête de passer outre les manquements communicatifs du technicien et du staff olympien, dans les jambes, les Phocéens gardent la même détermination : «On est dans le dur psychologiquement et physiquement, mais je pense qu’on aura l’orgueil pour s’accrocher. Peut-être que le coach nous réserve une adaptation pour le sprint final, qui nous permettra de retrouver de la confiance et de la fraîcheur mentale ?» Les joueurs de l’Olympique de Marseille parviendront-ils à mettre leurs états d’âme de côté pour offrir à Marcelo Bielsa son premier titre hexagonal en fin de saison ?