LOSC : Mike Maignan ou la revanche du besogneux

Par Maxime Barbaud
6 min.
Lille Mike Maignan @Maxppp

Après une saison plus que mitigée, Mike Maignan revient en force par des prestations très solides en plus de nouveaux exploits sur penalty. Résultat, le gardien dirige la meilleure défense du championnat cette année. Rien de bien surprenant lorsqu'on scrute à la loupe le parcours du gardien de 23 ans en compagnie de ses anciens entraîneurs.

«Si Mike est concentré sur son rôle, sur sa tâche, c’est un gardien qui a un gros potentiel. Un potentiel que l’on a rarement vu la saison dernière.» Christophe Galtier l'admet sans problème, le LOSC suit peu ou prou la même trajectoire que son gardien Mike Maignan. Après avoir frôlé la relégation en mai dernier, le club nordiste est aujourd'hui 2e du classement, avant de recevoir Saint-Etienne ce samedi (17h), 4e et autre candidat au podium. Si les Dogues sont aussi bien classés, ils le doivent en partie à leur trio de feu Pépé-Bamba-Ikoné mais surtout à une défense en net progrès. Avec 6 buts encaissés en 8 matches de championnat, Lille possède l'arrière-garde la plus efficace de France, au même titre que le PSG et Montpellier.

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L'arrivée du Portugais José Fonte a fait beaucoup de bien, tout comme le redressement spectaculaire de Mike Maignan. Cette saison, le gardien de 23 ans est en train de franchir un cap. Auteur d'arrêts déterminants comme face à Thauvin et Ocampos contre l'OM, ou bien encore sur le Nantais Boschilia dans les ultimes minutes, l'ancien du PSG a en plus gardé ses qualités face aux tireurs de penalties. «Il m’a rappelé une anecdote l’autre fois, nous révèle Nicolas Dehon, l'ancien entraîneur des gardiens à Paris (2009/2010 puis 2013 à 2017). Un jour, on va à Chelsea en Ligue des Champions. On s’entraîne la veille du match au stade (à Stamford Bridge, ndlr) et on en discute avec Nicolas Douchez. Depuis ce temps, il impressionne l’attaquant en s’approchant de lui à 50 centimètres, manière de dire : "je suis en face de toi. Tu n’es pas sûr de marquer." C’est un rapport psychologique.»

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Une moyenne hallucinante de 6 penalties arrêtés sur 10 tentatives

À Monaco, le 18 août (0-0), comme à Amiens, le 15 septembre (victoire 3-2), Maignan a stoppé les penalties de Falcao puis Konaté, ramenant à chaque fois des points à son équipe. Le Guyanais en a déjà fait sa spécialité. La Ligue 1 et le grand public l'ont découvert à Rennes en septembre 2015 où il remplace un Vincent Enyeama expulsé. Pour son premier ballon chez les professionnels, il repousse la tentative de Paul-Georges Ntep. Rebelote une semaine plus tard, où David N'Gog se casse les dents face à lui. La saison dernière, Fekir et Delort ont échoué face à lui à trois jours d'intervalle. Le voilà à 6 penalties arrêtés sur 10 tentatives. Une machine. Cette réussite dans cet exercice ne doit pas occulter non plus ses solides prestations d'ensemble, alors qu'il avait un temps perdu sa place l'an dernier.

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«C’est un mec de challenge. Qu’est ce qu’il y a de plus difficile à relever comme challenge qu’un penalty arrêté ? C’est simple, c’est un face à face. Là-dessus, il est monstrueux. C’est ça qu’il faut qu’il arrive à retrouver dans les matches. Il doit se mettre en capacité d’être challengé sur toutes les actions, même quand elles n’aboutissent pas. Il faut tout de même se rendre compte de l’effort et de l'énergie que cela nécessite. Il faut qu’il arrive à mûrir un peu plus et je n’en doute pas un seul instant», décrit Jean-Luc Vasseur. L'ancien coach des U17 du PSG connaît bien le gardien du LOSC pour l'avoir eu sous ses ordres lors du titre de champion de France de la catégorie en 2011 avec cette fameuse génération 1995 (Rabiot, Kimpembe, Ongenda).

«Maignan était sûrement le moins doué de sa promo, mais il avait une force mentale à toute épreuve»

«De cette promo dorée, c’était sûrement le moins doué intrinsèquement, mais il avait une force mentale à toute épreuve. On faisait des toros. En début de saison, il ne faisait qu’aller au milieu. En fin de saison, c’est lui qui était en capacité de faire les râteaux, des petits ponts et de chambrer ses partenaires qui n’avaient pas autant évolué, nous indique l'actuel coach de Châteauroux. Je ne le jugerais pas sur ses qualités de gardien car il n’avait pas une technique de base comme certain peuvent avoir, mais c’est quelqu’un qui bosse, qui savait le retard qu’il avait, et qu’il a parfaitement comblé. Il est sur cette dynamique-là aujourd’hui. Je le comparais souvent avec Alphonse Areola (de deux ans son aîné, ndlr), qui avait de meilleurs fondamentaux, mais mentalement Mike était meilleur», juge Vasseur.

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L'imperméabilité de Maignan s'en ressent. Après 67 buts encaissés en Ligue 1 la saison passée, voilà le portier (et sa défense) qui se retrouve 3e au classement de l'efficacité défensive et ses fameux "expected goals" (ce chiffre est obtenu en soustrayant les buts réels encaissés aux situations où l'équipe aurait dû marquer). Une surperformance et une réaction positive dont il a le secret. Cet été, Galtier avait même demandé l'arrivée d'un gardien capable d'être une véritable alternative à Maignan. Finalement, cette doublure n'est jamais venue, mais "Miki" a su se remettre en question après avoir été publiquement pris pour cible par son coach. Comme à son habitude et toujours armé d'un caractère en béton armé, le Titi s'est réfugié dans le travail.

Objectif équipe de France

«C’est quelqu’un de sûr de lui. Il était jeune, il arrivait du centre de formation, mais il s’entraînait avec des grands joueurs au PSG. Il n’était pas du tout impressionné. Dans une équipe, il est assez imposant. Je pense qu’il pourrait être capitaine au bout d’un certain temps car il a une grosse personnalité. Il doute peu. Il a fait quelques erreurs, mais il ne les fait plus. C’est un garçon intelligent. Il est jeune mais avec l’expérience ça s’efface », nous assure un Nicolas Dehon qui a fixé un grand objectif à celui qu'il considère un peu comme «son fils» : l'équipe de France. Des U16 aux Espoirs, Maignan a fait toutes ses classes chez les jeunes Bleus mais il lui manque cette dernière étape qui ferait de lui l'un des tous meilleurs à son poste en France. Comme l'ancien coach des gardiens au PSG, Vasseur y croit depuis longtemps.

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«Le PSG a fait une erreur (en le laissant partir en 2015, ndlr) car je pense que Mike va faire partie des trois meilleurs gardiens français. Je lui vois une progression linéaire. Titulaire, je ne sais pas, mais dans les trois. Il y a trois ou quatre ans, j’aurais dit la même chose. Je fais plutôt très attention car la seule certitude que j’ai dans le football, c’est qu’il n’y a que des incertitudes, mais il sait d’où il vient (Villiers-le-Bel dans le Val-d'Oise, ndlr). Je pense qu’il ne s’arrêtera pas de grandir et de progresser s’il arrive à atteindre ses objectifs. Et je ne vois pas pourquoi il ne les atteindra pas.» Les Lloris (31 ans), Mandanda (33 ans), ou encore Costil (31 ans) ne sont pas éternels. Et si Areola (25 ans) et Lecomte (27 ans) ont une longueur d'avance, Mike Maignan pourra toujours se dire qu'il ne fut jamais le premier de sa classe, mais que ça ne l'a jamais empêché de terminer avec les meilleurs élèves.

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