La Ligue 1 face à une guerre des gardiens n°1

Par Dahbia Hattabi
6 min.
De la concurrence chez les gardiens n°1 cette saison en L1 @Maxppp

Cet été, plusieurs cadors du championnat ont décidé de mettre en concurrence des gardiens de haut niveau. Une gestion et une cohabitation parfois compliquées.

La valse des gardiens. Cet été, le marché des portiers anime le mercato en Europe. Et la France n'y échappe pas. Ce mardi, Jessy Moulin, fidèle à l'ASSE depuis une vingtaine d'années, a rejoint l'Estac. De son côté, le RC Lens a recruté Valentino Lesieur (Nantes), venu pour poursuivre sa progression aux côtés de l'expérimenté Jean-Louis Leca. Le champion de France en titre est aussi concerné par des mouvements. Outre Hervé Koffi, parti à Charleroi, le LOSC a vendu Mike Maignan à l'AC Milan. Pour le remplacer, Robin Olsen, pour lequel la Roma réclame 6 millions d'euros, est en pole.

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Navas-Donnarumma, un casse-tête à venir pour Pochettino

D'autres cadors de L1 ont, eux, déjà recruté à ce poste. Le Paris Saint-Germain a sauté sur la bonne occasion Gianluigi Donnarumma. Auteur d'un bel Euro, le gardien de 22 ans a signé pour 5 ans dans la capitale, lui qui était en fin de contrat chez les Rossoneri. Une belle affaire financièrement et sportivement. Mais cela pourrait poser problème. Paris, qui a une dizaine de gardiens sous contrat, était déjà pourvu à ce poste. D'autant que Keylor Navas, qui rempli bien sa mission depuis son arrivée en provenance du Real Madrid il y a deux ans, a prolongé son contrat jusqu'en 2024 le 26 avril dernier. Apprécié sur le terrain comme dans le vestiaire, l'homme de 34 ans voit donc un concurrent de taille arriver.

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D'ailleurs la venue de Donnarumma va faire déjà une victime. Doublure de Navas, Sergio Rico doit trouver un point de chute, puisque Alexandre Letellier occupera le poste de n°3 dans la hiérarchie. Maurico Pochettino, qui a à présent deux portiers de classe mondiale mais aux profils différents, va devoir gérer la concurrence et la cohabitation entre deux titulaires potentiels pour éviter des problèmes d'égos et de vestiaire. Ce que certains de ses prédécesseurs avaient notamment dû faire avec les cas Sirigu, Trapp, Areola ou Buffon.

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L'OM et Monaco ont aussi recruté un n°1 potentiel

Et si Keylor Navas part avec quelques longueurs d'avance, lui qui connaît bien l'équipe, le coach et la L1, Donnarumma aura des arguments à faire valoir. Ancien entraîneur des gardiens de Manchester United et de la sélection néerlandaise avec Louis van Gaal, Frans Hoek nous donne son avis sur cette concurrence. «Pour moi, Gianluigi Donnarumma a une classe différente. S'il peut continuer ce qu'il a fait à l'Euro, il peut s'imposer à Paris». Chez le rival, l'Olympique de Marseille, on pourrait aussi connaître un problème du même genre. Jorge Sampaoli voulait un numéro un bis cet été et il a été exaucé.

Pau Lopez (26 ans) est donc arrivé sous la forme d'un prêt payant payant (720 000€ plus 500 000€ de bonus) avec une option d'achat de 12 M€. Un gardien qui vient pour apporter une vraie concurrence à un Steve Mandanda vieillissant (36 ans) mais toujours apprécié dans la cité phocéenne. Ce dernier ne serait d'ailleurs pas forcément ravi de l'arrivée d'un concurrent. Quoi qu'il en soit, c'est sur le terrain que les deux hommes seront départagés, puisque la hiérarchie n'est pas encore établie. Du côté de l'AS Monaco, Alexander Nübel (24 ans) est arrivé sous la forme d'un prêt de deux ans.

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Il dispose d'une option pour revenir dès l'année prochaine au Bayern Munich. Désiré par Niko Kovac, l'Allemand cohabite avec Benjamin Lecomte, actuellement blessé (déchirure à la cuisse). Une blessure qui intervient au pire moment pour le portier français arrivé il y a deux ans de Montpellier. Kovac a déclaré que le gardien qui débuterait en Ligue des Champions serait titulaire cette saison. Et a priori, il y a de fortes chances que ce soit Nübel. A Lyon, Peter Bosz, arrivé cet été, veut recruter André Onana (25 ans) pour apporter notamment plus de technique. Et le gardien de l'Ajax, suspendu 9 mois pour dopage en janvier dernier, est intéressé par ce défi avec un coach qu'il connaît bien.

L'OL veut Onana pour bousculer Anthony Lopes

Il faut encore s'entendre avec le club néerlandais, qui demande 10 millions d'euros quand Lyon en propos 3 avec des bonus, mais l'affaire semble en bonne voie. Numéro un depuis plusieurs années, Anthony Lopes va donc être bousculé. Juninho avait déjà tenté de le faire en 2019 avec Ciprian Tatarusanu. Mais Sylvinho comme Rudi Garcia avaient misé sur le Portugais. Le Roumain, lui, était parti au bout d'un an. Julian Pollersbeck est arrivé l'an dernier en tant que n°2. Avec Onana, un portier réclamé par Bosz en personne, la donne sera différente pour Lopes, qui devra se battre pour sa place lui qui avait réclamé l'arrivée d'un nouvel entraîneur des gardiens (Vercoutre). Un défi dans les cordes du joueur formé à Lyon.

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Malgré tout, son concurrent, qui aimerait jouer la prochaine CAN, partirait avec un peu d'avance comme nous l'explique Frans Hoek. «André Onana a été bon dans l'ensemble à l'Ajax Amsterdam. Mais il a aussi fait des erreurs importantes. Je pense au match Liverpool-Ajax de l'année dernière par exemple. Mais Peter Bosz le connaît très bien, ce qui aide». Le coach, qui s'est montré clair sur ses envies, devra donc gérer cette situation si Onana arrive. Ce que connaît bien Frans Hoek, qui a notamment dû composer avec ça en sélection ou avec MU où il dirigeait notamment David De Gea.

Trancher vite pour éviter les problèmes

«J'ai déjà vécu ces situations car cela fait partie du haut niveau. Il faut deux très bons gardiens. Il y a de nombreuses combinaisons possibles mais vous devez réussir à gérer cela. Il faut être clair avec tous, même le numéro 3 voire le 4 ou 5. Il faut s'assurer que tout le monde est toujours prêt à prendre le relais ou à entrer en cas de besoin. On peut aussi changer selon les compétitions et mettre le numéro 2 en coupes. Ce n'est pas une situation évidente à gérer. Mais pour que ça marche, vous devez être honnête, clair et direct. Vous devez communiquer et trancher parfois. Si le numéro 2 ne peut pas gérer, il doit partir c'est évident !»

Pour Fabien Barthez, interrogé par Le Parisien il y a quelques années, il faut absolument faire un choix. «Pour moi, tu ne peux pas dire : "Vous êtes deux numéros 1". La concurrence, je suis contre. Le gardien ne sait pas où il va, il a du mal à progresser. Ça ne peut pas marcher. C'est une aberration. J'en ai parlé avec d'autres très grands gardiens. On partage tous ce sentiment. (...) Ça fragilise les deux gardiens, mais aussi l'équipe. Tu as des défenseurs qui sont devant toi, avec des affinités. Il te faut du feeling avec eux. Tu parles du regard. C'est de la gestuelle, des attitudes». Il reste à voir comment Pochettino, Sampaoli, Bosz & co vont gérer cette situation complexe !

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