Comment l’AS Monaco a remis la formation au coeur de son projet

Par Sebastien Denis
5 min.
Benoit Badiashile et Chrislain Matsima félicités par Niko Kovac après Monaco-Strasbourg @Maxppp

En procédant à une imposante cure d'amincissement au sein de son effectif, l'AS Monaco a réalisé de sacrées économies. Mais le club de la Principauté a également fait de la place pour ses jeunes talents du centre de formation amenés à avoir un vrai rôle cette saison. La rencontre de dimanche où Monaco a terminé la rencontre à 9 avec quatre joueurs formés au club en est le meilleur exemple. Explications.

Grand fournisseur de talent made in France depuis toujours (Emmanuel Petit, Lilian Thuram, David Trezeguet, Thierry Henry ou encore Kylian Mbappé pour ne citer que des champions du monde), l'AS Monaco s'était perdue ces dernières saisons dans une stratégie de trading qui lui a certes rapporté beaucoup d'argent, mais qui s'est révélée dangereuse pour l'équilibre sportif du club de la Principauté. Voulant remettre l'église au centre du village, l'ASM a pris un virage à 180° pour retrouver les fondamentaux qui ont toujours fait sa force : à savoir le recrutement, la formation et le développement en son sein de jeunes talents.

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Les arrivées de Paul Mitchell, en tant que directeur sportif, pour mener toute la stratégie sportive de l'ASM, en chapeautant notamment le groupe pro, l’Academy mais aussi le club satellite du Cercle Bruges, et celle de Niko Kovac, choisi pour son pedigree, sa propension à lancer et faire progresser les jeunes (RB Salzbourg et Eintracht), en tant que coach principal, abondent dans ce sens. Et le coach croate n'a pas mis longtemps à redonner sa chance aux jeunes. D'ailleurs, dans le match de Ligue 1 face à Strasbourg terminé à 9 contre 11 (3-2) le week-end dernier, quatre joueurs formés au club ont fini la rencontre.

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Benoît Badiashile, chef de file d'une jeune génération vouée à jouer plus à Monaco

Pour Benoît Badiashile, international Espoirs français, ce n'est pas vraiment une surprise puisqu'il évolue depuis plusieurs saisons dans l'équipe première et a été conforté au poste de titulaire cette saison. D'ailleurs, Monaco a refusé des offres folles à son sujet cet été. Pour le jeune latéral droit Giulian Biancone (20 ans), pour le milieu de terrain offensif international U18 belge, Eliot Matazo, et pour le défenseur central et capitaine de l'équipe de France U18, Chrislain Matsima, c'est déjà plus inédit et cela confirme le changement de stratégie opéré par le club du Rocher durant l'été comme l'a expliqué d'ailleurs Niko Kovac après le match. « Le banc était très jeune, le joueur le plus ancien était Gelson Martins avec seulement 25 ans ! Mais si toute cette jeunesse est là, ce n’est pas par hasard, c’est qu’elle a de la qualité. C’est certain que nous avons vécu une situation particulière, je ne sais pas si j’ai déjà connu cela en tant que joueur ou entraîneur. J’ai saisi une belle opportunité de les lancer dans le grand bain, de les jeter à la mer pour voir s’ils arrivaient à nager et ils ont réussi à très bien le faire. Je suis fier d’eux et de leur prestation ! Je retiens surtout que nous avons fait jouer quatre joueurs de l’Academy (Badiashile, Biancone, Matazo, Matsima) cet après-midi et cela fait partie de notre stratégie et de nos objectifs. »

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Le retour de la formation au cœur du projet monégasque est une bonne nouvelle pour tous les supporters du club de la Principauté qui ont sûrement pu apercevoir l’achèvement du nouveau bâtiment du centre de formation ultra moderne à deux pas du Stade Louis II composé d’une trentaine de studios, une balnéothérapie, une salle de sport, des salles de cours, un restaurant. Un outil indispensable et nécessaire pour permettre à l’ASM de franchir un cap chez les jeunes. Autre point important dans le projet monégasque, la place du club filial du Cercle Bruges.

Le Cercle Bruges remis au cœur du projet de développement des jeunes talents de l'AS Monaco

Longtemps décrié, il a lui aussi été totalement repensé. C’est d’ailleurs l’un des objectifs prioritaires de Paul Mitchell comme il l’avait d’ailleurs expliqué à son arrivée au club il y a quelques semaines. « Je dirais que notre projet, mon projet, celui de l’AS Monaco, est d’avoir une stratégie claire et une synergie entre le Cercle Bruges et Monaco. Nous devons renforcer la connexion, la communication, faire en sorte que tout le monde travaille dur et s’améliore sur la progression des joueurs, sur le style de jeu que nous souhaitons mettre en place et qui doit s’aligner le plus possible avec celui de Monaco. Notre stratégie est d’avoir des objectifs alignés entre les deux clubs. Il faut trouver la bonne formule, le bon mélange. Je parlais de style de jeu, c’est donc le cas, mais il faut aussi trouver le bon environnement, la bonne formule. »

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Depuis l'arrivée de Mitchell, Paul Clement, l’ex-adjoint de Carlo Ancelotti, a été nommé au poste d’entraîneur, un directeur technique, Carlos Avina Ibarrola, est arrivé du Club America au Mexique (7 Ligues des Champions CONCACAF), et Damien Perrinelle (passé par les New York Red Bulls) a rejoint l'AS Monaco pour superviser tous les joueurs du Cercle, dont les prêtés, et faire des retours beaucoup plus réguliers auprès du staff monégasque. Le club belge est désormais une véritable passerelle avec l’ASM. Les jeunes les plus talentueux intègrent directement le groupe pro monégasque comme Badiashile, Matazo ou Matsima, les autres grands talents formés au club ou arrivés en post-formation partent à Bruges pour y faire leurs gammes (comme actuellement Harrison Marcelin et Anthony Musaba) et revenir pour tenter de percer sur le Rocher (tel Biancone) ou reviennent pour rebondir ailleurs en Ligue 1 (Cardona, Nardi ou plus récemment Panzo).

Le départ en Jupiler Pro League n’est donc pas une voie de garage, mais constitue au contraire une opportunité unique de progresser au sein d’un championnat relevé (8e à l’indice UEFA) dans lequel ont fait leurs débuts la majorité des derniers demi-finaliste du Mondial 2018, avant de postuler en équipe première. Mieux, cette étape est désormais perçue comme un objectif, comme nous l’explique une source interne monégasque. « Aujourd'hui, concrètement, quand un jeune arrive au centre, on lui présente le plan et on lui dit : "si tu fais partie des tous meilleurs, que tu t'imposes en réserve et que tu as le potentiel pour aller plus haut, tu auras la chance de partir au Cercle t'aguerrir en Première division belge et jouer contre des équipes européennes comme Anderlecht, Club Bruges, Standard, etc... ».

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Le projet n’en est qu’à ses débuts, mais les prémices de celui-ci sont déjà très encourageantes. Par le passé, l’AS Monaco a prouvé qu’il était capable de conjuguer un mercato audacieux avec une politique de formation très ambitieuse. Reste désormais à transformer l’essai sur la durée. C’est sans doute de cette manière que le club de la Principauté retrouvera les sommets.

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