Entretien avec... Fahid Ben Khalfallah : « VA est loin du Barça et moi, je suis loin de Messi ! »

Par Khaled Karouri
7 min.
Fahid Ben Khalfallah @Maxppp

Sensationnel en Ligue 2, Fahid Ben Khalfallah fait aujourd'hui les beaux jours de Valenciennes. Le milieu offensif est l'un des fers de lance d'un club nordiste en pleine forme et brille parmi l'élite. Pour Foot Mercato, l'international tunisien revient sur sa vision du championnat de France, le parcours de son club, ses ambitions personnelles et sa sélection nationale.

FootMercato : Tout d'abord, comment allez-vous ?

Fahid Ben Khalfallah : Et bien ça va.

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FM : Vous avez longtemps évolué en Ligue 2. Pourriez-vous nous raconter cette expérience ?

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FBK : J'ai commencé à jouer dans un petit club à côté d'Amiens et je me suis fait repérer. Dès ma première année à Amiens, j'ai connu une saison presque pleine. J'ai donc ensuite signé pro là-bas. Ensuite, ma dernière année à Amiens a été difficile, je ne jouais plus trop et j'ai signé deux ans à Laval. On a malheureusement connu une descente en National et j'ai rejoint Angers. Ça s'est super bien passé. Et puis j'ai découvert la Ligue 1 à Caen avant de signer à Valenciennes.

FM : Vous avez mis du temps avant de jouer en Ligue 1. Avez-vous douté de cette possibilité ?

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FBK : Je me suis posé des questions. Honnêtement, lorsque je me suis retrouvé en National, je me suis dit que ça allait être compliqué. Mais il ne fallait pas baisser les bras. Des joueurs comme Valbuena ou Ribéry avaient flambé en National et avaient fini par jouer en Ligue 1. Après le National, j'ai signé en Ligue 2 à Angers et j'ai continué à progresser et j'ai réussi à entrer dans l'élite.

FM : Qu'est-ce qui différencie la Ligue 2 de la Ligue 1 ?

FBK : La Ligue 1 est beaucoup plus technique, il y a beaucoup moins de déchets. Après, je pense qu'en Ligue 2, le pressing se fait dans toutes les zones du terrain alors qu'en Ligue 1, on laisse plus jouer. C'est surtout techniquement que la différence se fait. En Ligue 2, on peut perdre la balle à 30-40 mètres de son but et ne pas être en danger. En Ligue 1, on sait qu'il y a danger tout de suite.

FM : Votre style de jeu convient-il plus à la Ligue 1 ?

FBK : C'est sûr que c'est plus facile de jouer. Quand on est en Ligue 1, on évolue aux côtés de joueurs de grande qualité. Les adversaires sont aussi de qualité et ça oblige à hausser son niveau de jeu. Pour l'instant, ça se passe plutôt pas mal.

FM : Êtes-vous surpris par le parcours que vous réalisez avec Valenciennes ?

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FBK : Non. C'est sûr que quand on démarre la saison avec trois défaites, on se pose des questions, il ne faut pas se mentir. On se dit que ça peut être compliqué, sans pour autant douter. Mais malgré ça, quand on est joueur de foot, on sent tout de suite à l'entraînement s'il y a de la qualité, s'il y a du potentiel et ça, on l'a vu tout de suite. Dès notre stage de pré-saison, on a vu qu'on avait du potentiel. On savait qu'un seul match, qu'un petit déclic, pouvait changer notre saison. Et c'est ce qui s'est passé à Toulouse. On n'aurait jamais dû gagner ce match-là, Toulouse a eu des tas d'occasions et notre gardien a sauvé les meubles. On gagne finalement 1-0 et c'est ce match-là qui a tout déclenché. On a commencé à enchaîner les victoires et on est en confiance.

FM : Vous avez même obtenu le surnom de Barça du Nord, comment avez-vous accueilli ce nouveau regard sur vous ?

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FBK : Ça a fait plaisir à tout le club mais après, en tant que joueur, on est conscient qu'on est loin du Barça. Le Barça, c'est tellement au-dessus, c'est ce qui se fait de mieux en Europe. C'est difficile de nous comparer à eux. On a une belle qualité de jeu mais de là à nous comparer au Barça... En plus, c'est venu du fait qu'on avait dit que notre coach prenait exemple sur les équipes comme le Barça ou Arsenal, qu'il s'inspirait de leur beau jeu. Mais ça fait plaisir, ça montre qu'il y a de la qualité mais on est parfaitement conscient qu'on est à des années lumières du Barça.

FM : Si on pousse la comparaison jusqu'au bout, vous êtes milieu droit donc vous seriez le Lionel Messi de Valenciennes. Une telle comparaison vous convient-elle ?

FBK : Oui mais bon, Valenciennes est loin du Barça et moi je suis loin de Messi (rires). On ne peut pas comparer. C'est le meilleur joueur du monde qui joue dans le meilleur club du monde. Il met une trentaine de buts par saison, ce n'est pas comparable. Après, chacun prend exemple sur d'autres joueurs pour progresser. On regarde ce qu'il y a de mieux et on s'en inspire. Mais c'est un phénomène, c'est incomparable.

FM : Que pourriez-vous nous dire du coach Philippe Montanier qui a apporté sa patte sur le jeu valenciennois?

FBK : Il est arrivé de Ligue 2 avec beaucoup de principes de jeu. Il a changé le système de jeu et à l'arrivée, ça porte ses fruits. Il a apporté sa patte sur l'équipe, on arrive à bien jouer. C'est un entraîneur ambitieux, qui veut arriver le plus loin possible. Il a hérité d'un bon groupe qui s'est mis en place la saison dernière et il arrive à le construire à son image et ça se passe plutôt pas mal. C'est un entraîneur qui fait du bon boulot.

Ses ambitions personnelles

FM : Quelles sont vos ambitions pour la fin de saison?

FBK : Aller le plus haut possible. Le maintien n'est pas assuré mais il ne faut pas avoir peur d'être ambitieux. Maintenant, il ne faut pas se mentir, l'Europe est loin. Il y a un trou entre les premiers et nous. Marseille, Lyon, Bordeaux, Montpellier, Auxerre et Lille vont très, très vite. L'Europe, ça sera compliqué. Il faut essayer de terminer dans les huit premiers pour l'image du club. Il ne faut pas finir en roue libre parce que si on finit quatorzième, on sera très déçu. Il faut donc se fixer les huit premières places comme objectif.

FM : Un départ dès cet été peut-il être envisageable ?

FBK : Honnêtement, je n'y pense pas. Je suis arrivé cette année donc je ne me vois pas partir. Après, il ne faut jamais dire jamais. Mais j'ai signé trois ans et il y a un beau projet ici avec le nouveau stade pour l'année prochaine. C'est vrai aussi que beaucoup de choses entrent en compte, j'ai toujours dit que je voulais jouer le plus haut possible et découvrir la Coupe d'Europe. Je ne vais pas mentir, si demain un club arrive avec ce projet-là, je vais être tenté. J'attends de voir la fin de saison, on fera un bilan avec les dirigeants. S'il y a des propositions de grands clubs, on en discutera. On parlera de ça une fois que la saison sera terminée.

FM : Avez-vous déjà eu des contacts ?

FBK : Je ne m'occupe pas de ça. Je sais que mon nom a circulé dans certains clubs à un moment donné. Mais j'ai mon agent et je le laisse voir ça. Je ne me prends pas la tête. Il reste une année à finir, je ne veux pas me disperser en pensant à ça, ce serait le meilleur moyen de me planter. Je commence à avoir de l'expérience et je sais que ce n'est pas bon de penser à ces choses là.

FM : Seriez-vous plus tenté par un club de Ligue 1 ou par une aventure à l'étranger ?

FBK : J'ai toujours dit qu'il y avait de très bons clubs en Ligue 1, pas besoin de partir à l'étranger pour jouer dans un grand club. Après, quand on voit le championnat anglais et celui d'Espagne, ce sont les deux meilleurs au monde donc ça attire. Il y a de grandes équipes et on y gagne bien sa vie mais ce n'est pas une priorité. Je ne me suis pas fixé pour objectif de signer à l'étranger en fin de saison.

La sélection tunisienne

FM : Vous jouez pour la sélection tunisienne. Beaucoup de joueurs dans votre situation hésitent entre la France et leur pays d'origine. Cela a-t-il été votre cas ?

FBK : J'ai la double-nationalité effectivement. À un moment donné, il y a un choix à faire entre les deux sélections. Mais comme je l'ai toujours dit, je me sens autant Français que Tunisien. La Tunisie m'a contacté plusieurs fois mais au départ je n'étais pas très chaud. Mais finalement, je me suis décidé à jouer pour la sélection tunisienne et j'en suis fier.

FM : La Tunisie ne disputera pas la Coupe du Monde. Est-ce une grosse désillusion ?

FBK : C'est ma plus grosse déception en tant que footballeur. Je ne connaîtrai sans doute pas de plus grosses déceptions parce qu'on s'y voyait vraiment. Je me voyais à la Coupe du Monde, on avait l'équipe pour, mais on est passé à côté. J'y pense tout le temps et plus la Coupe du Monde se rapproche, plus j'y pense.

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