La Copa América 2021, un scandale sanitaire

Par Matthieu Margueritte
5 min.
Le trophée de la Copa América @Maxppp

L'édition 2021 de la Copa América a beaucoup fait parler. L'Argentine de Lionel Messi a enfin remporté un trophée majeur, mais cette compétition a aussi été remplie de scandales sanitaires.

Les amoureux du ballon et des joutes sud-américaines n’ont pas forcément assisté à la plus belle des finales de la Copa América. Mais bon nombre d’entre eux ont pu enfin voir Lionel Messi soulever un trophée majeur avec l’Albiceleste après les échecs de 2014, 2015 et 2016. Ajoutez à cela les images de la Pulga, appelant ses proches sur la pelouse du Maracana pour fêter son titre de champion d’Amérique, et la belle histoire est parfaite. Mais au Brésil, il n’y a pas que la défaite face au rival argentin qui fait parler.

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En ces temps de Covid-19, l’organisation de cette Copa América 2021 a de quoi faire jaser. Prévue en Argentine et en Colombie, la compétition avait déjà fait le buzz lorsque la CONMEBOL (l’équivalent de l’UEFA en Amérique du Sud) a décidé fin mai de retirer l’organisation à la Colombie, en raison des graves conflits sociaux enflammant le pays. Quelques jours plus tard, la même sanction tombe pour l’Argentine, mais cette fois en raison de la propagation de la Covid-19.

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500 000 morts pèsent moins qu'une Copa América

Durement touchée par la pandémie, l’Amérique du Sud a alors retenu son souffle. Après avoir été repoussée d’un an à cause du virus, la Copa América 2021 allait-elle pouvoir se disputer ? Le 31 mai, la réponse est donnée. Le tournoi aura bien lieu et il se disputera au Brésil ! Au pays auriverde, le foot est roi, mais la nouvelle provoque un véritable tollé. Encore une fois, le gouvernement de Bolsonaro, pas vraiment au point dans la lutte contre la Covid-19, est pointé du doigt, notamment par le député de l’État de Rio de Janeiro et membre de l’opposition, Marcelo Freixo.

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« La Copa América au Brésil démontre comment les régimes autoritaires utilisent le football pour détourner l’attention de leurs crimes. (…) L’Argentine a refusé la Copa América à cause de l’aggravation de la pandémie. Là-bas, le nombre moyen de morts est de 470 personnes sur les sept derniers jours. Ici, c’est 1844. Quatre fois plus ! C’est l’image d’un gouvernement assassin ! (…) Les gouverneurs, qui se disent défenseurs de la vie et de la science, ne peuvent pas accepter l’organisation de la Copa América dans leur État », a-t-il écrit dans de nombreux messages de protestation sur Twitter.

Pas de quoi émouvoir les autorités locales. Pourtant, le jour du match d’ouverture, le Ministère de la Santé brésilien annonçait que 41 cas positifs avaient été détectés dans les délégations vénézuéliennes, colombiennes et boliviennes. Quelques jours plus tard, certains joueurs du Chili remettaient de l’huile sur le feu en brisant la bulle sanitaire pour faire venir un coiffeur dans l’hôtel de la sélection. Dans les médias, la colère n’a fait que gronder. « L’instrumentalisation du spectacle », titrait le média local Terra, scandalisé de voir le Brésil accueillir la Copa América, malgré le nombre hallucinant de 500 000 décès provoqués par la pandémie.

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Bolsonaro au cœur du scandale

Même en Espagne, El Pais valide cette thèse de l’écran de fumée choisie par un Bolsonaro désormais menacé par une procédure d’impeachment. « Déplacer les projecteurs. C'était, pour beaucoup, la motivation du gouvernement Bolsonaro lors de la confirmation de la tenue en urgence de la Copa América 2021 au Brésil. Après 30 jours, il est certain de dire que cela n'a pas fonctionné. Les matchs ont eu lieu, le Brésil s'est battu, Messi a fait un show, mais les principaux problèmes dans le pays sont dominés par de nouvelles accusations de corruption », est-il écrit dans l’article publié le 2 juillet dernier. Un scandale de corruption lié à des vaccins manquants, qui ne sont pas vraiment la priorité du chef d’État brésilien.

« Le Brésil est devenu un laboratoire à ciel ouvert pour la production de nouveaux variants du virus, avec des unités de soins intensifs et des cimetières pleins et des réfrigérateurs de plus en plus vides. Après que le gouvernement ait refusé des dizaines de fois les offres de vaccins, la vaccination de la population se poursuit à un rythme lent, tandis que le niveau de chômage bat des records et que le prix des denrées alimentaires monte en flèche », peut-on lire dans l’article de Terra publié le 19 juin. Le média ne croyait pas si bien dire.

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Aujourd’hui, UOL Esporte annonce que le journal O Estado de São Paulo révèle que certaines sélections présentes à la Copa América ont ramené de nouveaux variants au Brésil. Des preuves ont été trouvées au Mato Grosso, État dans lequel les sélections de l’Équateur et de la Colombie ont joué. Il s’agirait du variant B. 1216 originaire de la Colombie, et déjà détecté aux États-Unis ainsi que dans les Caraïbes. Un variant dont les études n’ont pas encore pu démontrer s’il était plus contagieux ou non que le variant Delta. De qui inquiéter encore plus les autorités sanitaires locales puisque ces deux équipes ont joué dans d’autres États. Lors de son dernier bilan publié le 24 juin, la CONMEBOL indiquait que 166 personnes ayant travaillé durant l’événement ont attrapé le virus.

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