Coupe du monde 2022 : Stéphanie Frappart, une première pour l'Histoire !

Par Josué Cassé
5 min.
Stéphanie Frappart @Maxppp

Pionnière et symbole de la réussite de l’arbitrage féminin en France, Stéphanie Frappart brise, étape par étape, les barrières d'un microcosme essentiellement masculin. Convoquée parmi les 36 arbitres centraux du Mondial 2022 qui se jouera au Qatar du 20 novembre au 18 décembre prochain, la jeune femme de 38 ans s'est longuement exprimée sur son ascension avant de revenir sur ses attentes pour la plus grande des compétitions.

Une première historique. Aux côtés de la Rwandaise Salima Mukansanga et de la Japonaise Yoshimi Yamashita – ainsi que de trois autres femmes désignées comme assistantes – Stéphanie Frappart, arbitre française de 38 ans, sera au sifflet d'au moins une rencontre au Qatar, du 20 novembre au 18 décembre prochain. Un signal fort envoyé par les instances du football et exprimé par l'intéressée, elle-même, lors d'une rencontre au Centre National du Football à Clairefontaine, le 29 septembre dernier. Première femme arbitre en deuxième division française (2014), en Ligue 1 masculine (2019), en Supercoupe d'Europe (août 2019), en Ligue des champions (décembre 2020) et en finale de Coupe de France (7 mai dernier), la native de Plessis-Bouchard dans le Val d'Oise s'apprête désormais à officier lors de la grande messe du football mondial. Une consécration et un plafond de verre définitivement brisé.

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Une immense fierté et une préparation spécifique

«Je l’ai appris un peu comme tout le monde, quand la liste a été envoyée aux fédérations par la FIFA, très émue, car pas forcément prévu. Comme pour les joueurs, les coachs ou les équipes, une Coupe du monde, c’est vraiment le summum à la fois dans le foot, mais aussi dans tous les sports. C’est la plus grosse compétition donc forcément très émue et très honorée d’y participer (...) J’étais chez moi et quelqu’un m’a appelé pour me prévenir. Je ne savais pas que ça allait tomber ce jour-là, il y a cet effet de surprise qui diffère un peu d’avec les joueurs qui connaissent le jour et l’heure de l’annonce. J’ai démarré l’arbitrage en 1996 et au début ça reste une passion sans forcément aller chercher des échelons. Quand j’ai fait mes premiers matches en Ligue 1, je n’avais pas en ligne de mire une compétition internationale. C’est vraiment quelque chose qui vient corroborer une carrière d’arbitre depuis le début», assurait, tout d'abord, la Française avant de revenir sur sa préparation.

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«On a les mêmes cadences que les joueurs. Du mois de mai au mois de juillet, c’était aussi chargé pour moi. On ajuste en fonction des priorités et on ajuste aussi en fonction de mon ressenti, de mon possible état de fatigue, mais aujourd’hui tout va bien donc on va essayer de profiter de ces derniers jours pour trouver ce juste équilibre et arriver en pleine forme (...) On a fait des tests physiques au mois de juin à Madrid pour évaluer notre état de forme sur une fin de saison. On est suivi par un préparateur athlétique et le 9 novembre, on refera des tests pour les derniers ajustements, mais aussi pour s’adapter aux conditions. On aura une dizaine de jours pour s’adapter. Après les températures seront de 24/25 degrés donc ça ne devrait pas changer les habitudes d’un mois de juin sur une grosse compétition». Relancée, par ailleurs, sur le choix du Qatar pour accueillir ce Mondial, Stéphanie Frappart a alors endossé l'habit de citoyenne.

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Une femme et puis le Qatar...

Pour rappel, si cet émirat du Moyen-Orient d'une superficie de 11 586 km a permis aux femmes, via sa politique de «qatarisation», d'accéder massivement aux études supérieures et au marché du travail, le système de tutelle commun à la région demeure et les femmes restent liées à un tuteur masculin, généralement leur père, frère, grand-père, oncle ou mari. Dès lors, ces dernières ont, aujourd'hui, besoin d'une autorisation masculine pour prendre certaines décisions, telles que se marier, étudier, voyager à l'étranger, occuper certains emplois ou encore ouvrir un compte bancaire pour leurs enfants... Une politique plus que discutée dans un pays où 80 % de la population est composée d'expatriés. Outre les considérations humaines, climatiques et sociales, l'arbitre française n'a pas hésité à rappeler que le sport pouvait «jouer un rôle» dans l'histoire de cette petite péninsule s'avançant dans le golfe Persique.

«C’est aussi un signe fort de la part des instances et de la FIFA de mettre des femmes dans ce pays-là. Si ça peut faire avancer les choses, je ne suis pas le porte-parole du féminisme, je l’ai assez dit, mais en tout cas, je sais qu’on joue souvent un rôle dans le sport. Même si on dit que ce n’est pas politisé, il y en a une partie et si ça peut faire avancer les choses, tant mieux. On est toujours attentive quand on est une femme au Qatar, mais je n’ai jamais eu de problèmes à ce niveau-là, j’y étais il y a 3/4 semaines et tout le monde est content de nous voir arriver». Régulièrement critiqué pour son respect des droits humains et de la place des femmes dans sa société, l'émirat gazier reste, en revanche, un choix des instances. Un point sur lequel l'ancienne joueuse de l'AS Herblay est d'ailleurs revenue dans l'espace Jules-Rimet de l'INF Clairefontaine. «Je ne suis pas décisionnaire de l’endroit de la Coupe du monde. Les autorités ont fait leur choix».

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Stéphanie Frappart définitivement ancrée dans le milieu !

Déterminée, bien que reconnaissant une certaine «pression positive», Stéphanie Frappart s'estime, enfin, désormais partie intégrante du paysage footballistique. «Pour nous, c’est la valorisation de l’arbitrage français, on le voit depuis quelques années que ce soit Clément Turpin, Benoît Bastien, François Letexier, on est sur la scène européenne, ça veut dire que la formation à la française et l’arbitrage français est reconnu à l’UEFA et maintenant à la FIFA. À titre personnel, depuis 2019 et ce match de Supercoupe à Istanbul, l’arbitrage féminin, les femmes arbitres dans le monde masculin, c’est devenu le panorama du foot, ce n’est plus une question de genre mais une question de compétences et c’est ce que j’avais un peu dit lors de mes premiers matches de Ligue 1, je ne voulais pas qu’on me stigmatise par rapport à un genre, mais par rapport à des compétences et ça fait quasiment 4 ans qu’on a prouvé, que j’ai prouvé qu’on était jugé par nos compétences et non notre genre», a ainsi ajouté l'arbitre internationale française, à quelques jours de ses premiers pas en terres qataries.

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