Moussa Sissoko : « écrire une autre belle histoire avec les Bleus »
Ce mercredi, l’équipe de France entre dans le vif du sujet de sa préparation à l’Euro avec au menu un match amical face au Pays de Galles à Nice. Une première répétition à quelques jours d’un championnat d’Europe où les Bleus comptent bien figurer. C’est en tout cas le souhait et l’objectif de Moussa Sissoko, un élément déterminé à mener les Tricolores. Lors d’un long entretien qu’il nous a accordé samedi à Clairefontaine, le milieu de terrain a raconté le quotidien des Bleus. Il a également évoqué ses ambitions, la concurrence ou encore l’attaque de feu des Français. Entretien.

Foot Mercato: le 18 mai dernier, Didier Deschamps a dévoilé sa liste pour l’Euro. J’imagine que c’était une joie d’entendre votre nom cité.
Moussa Sissoko : oui, bien sûr. C’est une joie immense pour moi mais aussi pour toute ma famille et tous mes proches. On sait que porter ce maillot me tient à coeur. Faire partie de cette liste pour pouvoir participer à l’Euro, c’est quelque chose de très fort.
FM : on connaît votre attachement à l’équipe de France. Participer à un tournoi quatre ans après l’Euro 2016, c’est une grande fierté.
M.S : tout à fait. Je n’oublie pas que le Mondial 2018 m’était resté un petit peu en travers de la gorge car je n’y avais pas participer. Je n’ai pas lâché et j’ai essayé de faire du mieux que je pouvais pour essayer d’être dans cette sélection. Aujourd’hui, j’ai la chance et le bonheur de figurer dans la liste des vingt-six. C’est une bonne chose, en espérant écrire une autre belle histoire avec les Bleus.
FM : vous êtes arrivé à Clairefontaine mercredi dernier. Comment vos premiers jours là-bas se passent-ils ?
M.S : tout se passe très bien. On est arrivé mercredi. On a eu une séance de VTT pour se retrouver. Dès le jeudi, on a commencé à travailler sérieusement. On bosse dur pour pouvoir être prêts le jour J. Il y a une bonne ambiance. Tout le monde a été content de se retrouver, même si quelques joueurs manquent à l’appel. Paul (Pogba) a joué la finale de l’Europa League. Les joueurs de Chelsea, N’Golo Kanté, Olivier Giroud et Kurt Zouma, disputent la finale de la Ligue des Champions aujourd’hui (entretien réalisé samedi 29 mai, ndlr). On est tous heureux d’être réunis ici à Clairefontaine et on travaille dans la joie et la bonne humeur.
Le retour de Benzema enchante Sissoko
FM : vous avez notamment retrouvé Karim Benzema, qui n’avait plus porté le maillot tricolore depuis cinq ans. Que vous inspire son retour ?
M.S : c’est un réel plaisir de le retrouver. C’est amplement mérité. Pour moi, comme pour les autres joueurs je pense, c’est un immense plaisir de pouvoir évoluer à ses côtés. Durant ces cinq dernières années, il faisait partie des meilleurs attaquants au monde. Pour moi, ils étaient deux-trois avec lui. Ce qu’il réalise au Real Madrid, c’est incroyable. On a vu beaucoup d’attaquants passer au Real Madrid, mais il est toujours rester, il a toujours joué et mis ses buts. Ce, malgré les critiques. J’ai un immense respect pour sa carrière. C’est une immense joie de pouvoir compter sur lui. Ca doit être une grande fierté pour Karim d’être de retour en équipe de France car c’était quelques chose qui lui tenait à coeur (…) Un joueur de cette qualité ne peut être qu’un plus pour l’équipe de France. On sait les joueurs de qualité qu’on a. Karim va ajouter encore un plus à l’équipe. Donc tant mieux pour nous.
FM : il connaît très bien Clairefontaine et on imagine qu’il n’a pas été dépaysé une fois de retour au château. Comment l’avez-vous senti durant ces premiers jours de stage ?
M.S : je l’ai senti très à l’aise. Il était très heureux d’être de retour et d’être parmi nous. Il s’est directement bien fondu dans le collectif. Tout le monde était très content de le voir. On a pu constater qu’il se sent bien. Il est très souriant, que ce soit sur le terrain ou en dehors. Il est heureux d’être ici.
FM : les médias comme les observateurs et les futurs adversaires des Bleus parlent de votre attaque de feu avec Karim Benzema, Antoine Griezmann ou encore Kylian Mbappé. Vous fait-t-elle rêver aussi ?
M.S: bien sûr que ça fait rêver. Je pense que pas mal d’équipes aimeraient avoir cette attaque-là sur le terrain. On a la chance de l’avoir en France, tant mieux pour nous. Maintenant, on sait qu’il va falloir répondre sur le terrain. On sait que c’est bien de l’avoir sur le papier, mais le plus important c’est le terrain. On aura la chance d’avoir deux matches amicaux avant le début de la compétition. Deux matches pour encore peaufiner les réglages et être prêts le jour J lors du premier match face à l’Allemagne. On va se préparer au mieux aux entraînements. On va essayer de trouver des automatismes, d’être bien physiquement et collectivement. A nous de répondre présents le jour J.
Le Français rêve de finale
FM : quels seront vos objectifs personnels et collectifs durant cet Euro ?
M.S : personnellement, je veux tenter d’apporter mon expérience au groupe. Je souhaite qu’on aille le plus loin possible. Dès que le sélectionneur fera appel à moi, je veux répondre présent et faire les meilleures prestations possible. On sait qu’on a un groupe de qualité composé de vingt-six joueurs. Il y aura un onze qui sera fait, d’autres seront sur le banc et trois ne seront pas sur la feuille de match. Il ne faut pas oublier qu’on porte tous le même maillot et qu’on a tous un objectifs communs : aller au bout. Il faudra mettre les états d’âmes de côté. Bien sûr qu’on veut tous jouer, mais ce ne sera pas possible. Durant les minutes qu’on aura à jouer, à chacun de donner son maximum. Et si jamais on ne joue pas, il faudra aussi être là pour aider l’équipe à atteindre ses objectifs.
FM : l’objectif, c’est clairement la finale.
M.S : bien sûr, c’est un objectif. Lorsque l’on joue un match, c’est pour le gagner. Quand on dispute une compétition, c’est pour la gagner. Vous dire qu’on ne voudrait pas gagner l’Euro, ce serait vous mentir. Mais il y a des étapes à franchir avant. Il ne faut pas les sauter. Le premier match face à l’Allemagne sera très important. L’objectif sera de sortir des poules. Essayons de bien gérer ça d’abord et après tentons de gravir les échelons les uns après les autres pour aller tout en haut.
FM : les Bleus ont été finalistes de l’Euro 2016 et champions du monde en 2018, vous sentez-vous plus attendus ?
M.S : on sera attendu, c’est une certitude. C’est tout à fait normal. La France est championne du monde et vice-championne d’Europe, donc si qu’on n’est pas attendu c’est que l’on est des menteurs. On a prouvé sur le terrain et on a fait de bonnes choses ces dernières années. Donc ça va être encore à nous d’assumer. Il faudra le faire dès le premier match. Tout ce qu’on a vécu par le passé, le Mondial ou la finale de l’Euro 2016, c’est déjà acquis. A présent, il va falloir écrire une autre histoire. On va tout faire pour que la fin soit aussi belle. Mais on est conscients que ça va être compliqué car il y a beaucoup d’équipes qui prétendent à la victoire finale. On va se focaliser sur nous, sur le fait de prendre les matches les uns après les autres.
Une concurrence saine au milieu
FM : il y a 4 ans en France, on se souvient que vous aviez réalisé un joli tournoi. J’imagine que c’est une expérience sur laquelle vous comptez vous appuyer. Que comptez-vous apporter aux Bleus ?
M.S : mon envie de bien faire, mon envie d’aider l’équipe, mon envie de ne rien lâcher et de toujours me surpasser. Je veux essayer d’être un exemple, que ce soit sur le terrain comme en dehors. On connaît mes qualités et on sait ce que je peux apporter à cette équipe de France. On a un groupe jeune. Donc j’essaye aussi d’être là pour aider les plus jeunes, même en dehors du terrain. Je vais donner le meilleur de moi-même.
FM : au milieu, Didier Deschamps a fait appel à différents profils. Comment abordez-vous cette concurrence ?
M.S : plusieurs profils ont été retenus et je pense que c’est tout à fait bénéfique et bien pour l’équipe de France. Au moins, ça permet de pouvoir varier. Le sélectionneur aura toutes les options et toutes les cartes en mains. Je vis très bien cette concurrence mais c’est le cas pour tout le monde dans le groupe. Il n’y a aucun problème. On a quasiment tous joués ensemble et on se connaît les uns les autres. Peu importe ceux qu’il alignera au milieu de terrain, on tentera de faire de notre mieux pour aider l’équipe à remporter ses matches.
FM : vous allez affronter l’Allemagne, le Portugal et la Hongrie. Que pensez-vous de ces adversaires ?
M.S : l’Allemagne, on sait que c’est une grande nation du football. Ca va être un match difficile, comme tous les autres. On sait que ces derniers temps leurs résultats n’ont pas été favorables dans les grandes compétitions. Donc ils seront un peu revanchards. Ils auront aussi encore en travers de la gorge cette demi-finale de l’Euro 2016 à Marseille. Ce sera une rencontre compliquée. D’autant plus que ce sera chez eux (à Munich). A nous d’être prêts pour ne pas se faire surprendre là-bas et pour l’emporter. La Hongrie, c’est la nation la plus "petite" de notre groupe. Mais il faut faire très attention à ce genre d’équipes. Quand on regarde bien, dans le football, même les plus petites nations savent jouer au football et mettent en difficultés les grandes nations. On prendra ce match très au sérieux car ça pourrait même être un match décisif. Si on arrive à gagner notre premier match face à l’Allemagne, on pourrait peut-être se qualifier en s’imposant lors de ce deuxième match. On ne va pas brûler les étapes et nous focaliser sur l’Allemagne, qui arrive en premier. Ensuite, on se concentrera sur la Hongrie et le Portugal, deux équipes dont il faut se méfier. On va se préparer sérieusement aux entraînements et lors des deux amicaux à venir.