Droits TV : la LFP est dans une terrible situation

Par Maxime Barbaud
3 min.
Vincent Labrune, le président de la LFP @Maxppp

L’appel d’offres de la LFP pour les droits TV de la Ligue 1 sur la période 2024-2029 n’a rien donné de satisfaisant. Aucun diffuseur n’est disposé à s’aligner sur les prix planchers de la Ligue, qui va devoir passer par une étape plus risquée en négociant directement avec les acteurs intéressés. Le milliard d’euros espéré par Vincent Labrune n’a jamais semblé aussi loin.

C’est un terrible échec pour la Ligue de Football Professionnel et pour Vincent Labrune. Après le fiasco Mediapro, ce dernier avait fixé comme objectif d’atteindre le milliard d’euros pour les seuls droits TV de la Ligue 1 pour la période 2024-2029, en comptant sur la commercialisation du championnat à l’étranger. Mais les résultats de l’appel d’offres sont tombés ce mardi et ne sont pas satisfaisants. Aucun des diffuseurs intéressés n’a bien voulu s’aligner sur les exigences de la LFP, et ce, malgré «plusieurs offres qualitatives et dispositifs de garantie financière sur l’ensemble des lots 1 à 5.» L’ancien championnat de Neymar et Messi tombe de haut.

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Ce communiqué sonne comme un véritable camouflet. Comme on pouvait s’y attendre, la LFP a vu le championnat bien trop beau pour la valeur que lui accordent les groupes de diffusion. Sans les droits internationaux dont la consultation doit rendre son verdict le 2 novembre, les patrons du foot professionnel français espéraient au minimum 800 M€, soit le prix plancher pour les deux lots qui ont été proposés : 530 M€ pour le lot premium (les deux meilleures affiches par journée et le 4e choix en co-diffusion), 270 M€ pour le lot volume (les autres matchs). Nous serons visiblement plus proches de la somme des 624 M€ pour la période actuelle.

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La LFP a perdu son pari

Il y a des raisons à cela. Déjà, et comme expliqué précédemment, le marché regarde les prix vers le bas. Les diffuseurs ont intérêt à proposer des offres à la baisse, si bien sûr tout le monde est sur la même longueur d’onde, ce qui était le cas lors de cet appel d’offres. Aussi, deux candidats attendus dans la bagarre ont finalement déclaré forfait. La Warner Bros Discovery, propriétaire d’Eurosport, n’a pas déposé de dossier, selon RMC, alors qu’elle avait manifesté son intérêt. Ce choix est d’autant plus surprenant que le groupe a annoncé ce lundi le lancement d’une nouvelle plateforme en France à l’été 2024 avec du contenu sportif.

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Et puis il y a Amazon. Pourtant diffuseur actuel (et jusqu’à la fin de la saison) de 80% de la Ligue pour 250 M€, il n’a pas bougé le petit doigt pour une bonne raison : le gré à gré. À l’inverse des Américains, DAZN s’est bien positionné sur les deux lots, comme c’était attendu, lui qui vient de proposer 700 M€ jusqu’en 2029 pour la diffusion de la Serie A. Si leur offre n’a pas donné satisfaction, ce premier contact a permis de présenter leur projet et vérifier sa solidité financière. BeIN Sports a également présenté un dossier sans aller jusqu’aux exigences fixées par la ligue. Cette dernière va donc poursuivre son processus mais dans des proportions autrement plus risquées.

Canal, le grand gagnant… pour le moment

Elle va entrer dans des négociations dîtes de gré à gré, c’est-à-dire, directement avec les diffuseurs intéressés. Même ceux qui n’ont pas participé à l’appel d’offres. Forcément, elle ne sera pas en position de force. Cela fait le jeu de Canal +. En froid avec la LFP, la chaîne cryptée a joué un sacré de poker en boycottant l’appel d’offres. Un bluff qui a porté ses fruits puisqu’elle va pouvoir revenir dans le jeu, même si elle a déjà considérablement déboursé dans des droits TV d’autres sports comme le rugby et les sports automobiles. Rien ne dit que Canal se positionnera, lui qui diffuse déjà les 20% restant de la L1 pour 330 M€ mais il dispose d’un atout majeur dans sa main. Il est déjà distributeur d’Apple, Disney, BeIN et DAZN. En d’autres termes, si l’un de ces acteurs décrochait la timbale, le groupe disposerait d’un accès à la L1…

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