Girona, le projet du City Group qui a la cote en Liga

Par Max Franco Sanchez
6 min.
Les joueurs de Girona @Maxppp

Girona est une des sensations de la saison outre-Pyrénées. Cinquièmes meilleure attaque de Liga et avec un jeu particulièrement offensif, les Catalans vivent une belle saison malgré leur statut de promu. Le point sur une des équipes du moment en Espagne, avant son duel face au Barça de samedi.

Une saison encore, le titre de Liga va se jouer entre le FC Barcelone et le Real Madrid. Pour autant, on ne peut pas dire qu’il n’y aura pas de suspense ni de spectacle sur cette deuxième partie de saison, bien au contraire. Derrière les deux ogres, les places européennes vont être très chères, et il est fort possible qu’on ait quelques équipes qui parviennent à se qualifier pour des compétitions auxquelles elles ne sont pas habituées. Le Betis et la Real Sociedad, respectivement cinquième et troisième, pourraient bien se faire une place en Ligue des Champions, pendant qu’Osasuna a de belles chances de grappiller une place en Europa League ou en Conference League. Et pas loin derrière, il y a une des équipes à la mode en ce moment chez nos voisins ibériques, Girona. Les fans de Liga les plus férus se rappellent forcément de cette belle équipe de la saison 2017/2018, sous les ordres de Pablo Machín, avec des joueurs comme Bono, Mojica, Portu ou Stuani, par ailleurs encore présent dans l’effectif. Et cette saison, pour son retour en Liga après sa relégation de 2019, la formation catalane fait aussi bien.

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Sous les ordres de Michel - à ne pas confondre avec l’ancien de l’OM - l’écurie de la ville située 100km au nord de Barcelone régale tout le monde. C’est clairement l’une des équipes qui pratique le jeu le plus plaisant du championnat, avec des intentions particulièrement offensives. Avec un entraîneur qui ne veut pas que son équipe se contente de défendre comme il l’a déjà martelé à plusieurs reprises devant la presse, l’équipe affiche parfois différents systèmes tactiques, mais l’idée générale est toujours la même : contrôler le jeu. Dans une conférence de presse accordée aux médias internationaux à laquelle nous avons pu participer, Oriol Romeu a bien résumé le style de l’équipe. « Nous sommes une équipe courageuse, agressive, on essaie de défendre très haut. Même si on est assez jeunes dans cette ligue, on veut quand même dominer, attaquer autant que possible. Parfois ça nous expose un peu en défense (rires), on doit progresser là-dessus, mais notre nombre de buts marqués fait partie des plus hauts de la Liga (la 5e meilleure attaque de la Liga, NDLR) », explique le milieu de terrain formé au Barça, indiscutable dans cette équipe de Girona.

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Michel, l’architecte

Et face au leader du championnat ce samedi, pas question de changer ses principes comme nous l’a expliqué Romeu : « quand tu joues une équipe si talentueuse, tu dois faire en sorte qu’ils se sentent inconfortables, leur faire faire des choses qu’ils ne sont pas habitués à faire. Des joueurs comme Gavi, Pedri, Busquets, les attaquants, peuvent courir derrière le ballon, mais ce n’est pas leur qualité première. Donc il faudra contrôler le ballon un peu plus longtemps, les faire courir un peu plus derrière le ballon pour les fatiguer, ça nous aidera à nous créer plus d’occasions. Il faudra aussi gagner les duels, être méchant dans le bon sens du terme ». Mais surtout, c’est un effectif particulièrement attirant, dans lequel on retrouve un savant mélange de joueurs expérimentés, comme Oriol Romeu, Christian Stuani et David Lopez, et des jeunes plutôt prometteurs, comme les deux latéraux Miguel Gutierrez (prêté par le Real Madrid) et Arnau Martinez, ou Rodrigo Riquelme. Sans parler de profils intéressants comme Aleix Garcia, le meneur de jeu, ou Taty Castellanos, dont l’arrivée en Europe après avoir cartonné en MLS est particulièrement réussie.

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Un groupe formé par l’ancien joueur du Barça Delfí Geli et le directeur sportif Kike Cárcel, ancien joueur pro dans les années 90-2000, et bien aidé par le City Group. Effectivement, le club catalan fait partie du groupe mené par Manchester City qui compte 12 formations à travers le monde. Même s’il convient de signaler que dans le cas de Girona, et contrairement à Troyes ou au New York City FC, le City Group n’a "que" 47% des actions du club, le reste appartenant notamment au frère de Pep Guardiola, Pere, qui travaille main dans la main avec les Emiratis depuis un moment et qui préside le conseil d’administration du club, et à l’homme d’affaires bolivien Marcelo Claure, proche de David Beckham. Contrairement à ce qu’on pourrait penser - et c’est légitime quand il y a autant de têtes pensantes et de décisionnaires au sein du même club - ça travaille particulièrement bien sur tous les plans du côté de Girona et c’est loin d’être le désordre. Pep Guardiola, l’entraîneur de Manchester City, s’implique même dans le projet, et s’est réuni à plusieurs reprises avec Michel pour parler football.

Le joyau du City Group

Il faut dire que la collaboration entre les deux clubs date d’avant l’entrée des Citizens dans l’actionnariat du club, en 2017. Effectivement, en 2015, Manchester City avait alors acheté Ruben Sobrino, attaquant de la Ponferradina, pour le prêter à l’écurie catalane. Même modus operandi pour Pablo Marí un an plus tard. Une chose semble sûre, le but du City Group avec Girona n’est pas d’en faire un simple club filiale pour y envoyer des jeunes en prêt. Ils ne sont d’ailleurs que deux à être prêtés par le champion d’Angleterre dans l’effectif : Yangel Herrera et Yan Couto. L’état-major du CFG souhaitent réellement installer durablement le club dans l’élite du football espagnol et ces liens forts entre différents clubs du groupe vont avant tout servir à renforcer Girona plutôt qu’à l’utiliser comme tremplin pour de jeunes espoirs. On l’a vu avec Castellanos cet été, et Girona a pu griller plusieurs clubs plus huppés qui le convoitaient du fait d’avoir les mêmes propriétaires que le NYCFC où jouait l’Argentin. De même pour Alexander Callens, présenté plus tôt dans la semaine. Cet hiver, les Catalans ont également accueilli Viktor Tsygankov, un des tous meilleurs joueurs ukrainiens, qui est arrivé du Dynamo Kiev pour 5 millions d’euros seulement. Un transfert signé Pere Guardiola, qui a su convaincre le joueur de venir en Espagne, alors que plusieurs clubs le voulaient en Angleterre.

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En interne, la communication entre les différents décideurs et Michel est très fluide. Il faut dire qu’en nommant l’entraîneur qui compte trois montées de D2 à D1 avec trois clubs différents, la direction de Girona s’est offert un coach à la hauteur de ses ambitions. « L’objectif, c’est 53 points, pour faire mieux que la meilleure saison de l’histoire du club en Liga », confiait-il récemment, là où les entraîneurs d’équipes fraîchement promues ont généralement l’habitude de parler du maintien, ou de ces fameux 42 points qui leur garantirait la place en première division pour une saison supplémentaire. Le projet est solide, pas de doutes, mais il faudra espérer que les dirigeants aient appris de leurs erreurs passées et de cette relégation en 2019 après les deux premières saisons de l’histoire du club en première division. Mais la tendance invite plutôt à l’optimisme et à imaginer un avenir plutôt serein et tranquille pour les Blanc-i-Vermells

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