Bordeaux : le nouvel échec cuisant de Gérard Lopez en National 2
Ce samedi, Bordeaux s’est encore incliné en N2 (sa 8e défaite sur les 10 derniers matches) et a officiellement dit adieu à la montée. Un nouvel échec cuisant pour le club dirigé par Gérard Lopez et qui enchaîne les désillusions.

Les supporters de football aiment souvent se considérer comme malheureux ou maudit avec leur équipe. Et si pour certains, c’est un peu exagéré, pour d’autres, on ne peut pas vraiment leur donner tort. Bordeaux rentre parfaitement dans cette case. Depuis plusieurs années, le club sombre complètement dans les bas fonds du football français et enchaîne les échecs. Sous la présidence de Gérard Lopez qui avait donc repris le club en Ligue 1, le club au scapulaire a dégringolé jusqu’en quatrième division enchaînant les désillusions sportives et les galères financières.
L’été dernier, le club était rétrogradé de la Ligue 2 au National 2 par la DNCG. «Les gens oublient parfois que je suis autant touché, si ce n’est plus, par le fait qu’on est en National 2. Je pense que c’est un mal pour un bien. On peut reconstruire, on a des équipes motivées pour faire revivre le club là où il doit être. On pourra repartir d’une feuille non pas blanche mais nettement plus claire que par le passé», confiait encore récemment Gérard Lopez. Pourtant, cette saison, Bordeaux a encore connu de gros échecs. Après un été mouvementé avec une vague de départs et d’arrivées, Bordeaux avait décidé de confier les rênes du club au coach Bruno Irles. Pour le poste de directeur sportif, avec le départ d’Admar Lopes, c’est John Williams qui s’était occupé du mercato alors même qu’il reste directeur sportif d’Amiens.
Une déception sportive
Et l’objectif était clair au moment de commencer la saison : remonter en National directement. Une nécessité aussi bien sportive qu’économique pour un club dans le rouge financièrement et qui continue de bricoler chaque semaine pour survivre. En début de saison, l’actualité bordelaise avait été animée par une bataille avec Bordeaux Métropole pour le loyer du stade Matmut Atlantique. Gérard Lopez a finalement réussi à obtenir gain de cause pour pouvoir utiliser le stade à très moindres coûts. Sur le terrain, les performances de la formation de Bruno Irles laissaient à désirer malgré un budget très largement supérieur à la concurrence et un recrutement assez coûteux pour de la 4e division.
Andy Carroll avait notamment débarqué en Gironde avec un salaire dérisoire, mais qui ne s’appliquait qu’à sa première saison. Au niveau comptable, après un début de saison galère avec plusieurs matches en retard et une équipe qui se découvrait, Bordeaux avait réussi à trouver son rythme sans pour autant briller. L’ancien coach de Troyes Bruno Irles n’arrivait pas à proposer un jeu séduisant malgré un effectif très largement supérieur aux autres formations de cette poule de N2, probablement la plus "faible" des trois. Mais qu’importe, l’essentiel était de prendre les points pour vite remonter au classement et s’offrir une fin de saison palpitante alors que le leader Saint-Malo enchaînait les victoires.
Une gestion douteuse
Au mercato hivernal, les Girondins, à la recherche d’un numéro 9, décidaient de s’offrir Étienne Beugré en provenance de Maribor (Slovénie) en lui proposant un salaire délirant de 10 000 euros bruts par mois, ce qui n’existe pas en N2. Preuve que le club dirigé par Gérard Lopez, plombé par une masse salariale XXL pendant plusieurs saisons, n’avait pas vraiment retenu la leçon. Surtout que ce transfert n’a finalement rien apporté ou presque puisque le joueur de 25 ans a inscrit deux petits buts. Mais sans briller, Bordeaux a cru un temps à un exploit. Au moment où Saint-Malo commençait à lâcher des points, Bordeaux enchaînait cinq victoires de suite, à chaque fois sans vraiment convaincre, au point de prendre la tête du classement de National 2.
On s’attendait alors à une fin de saison canon avec une montée au bout du bout. Mais les supporters n’ont pas rêvé très longtemps. La semaine d’après cette première place, l’équipe bordelaise a débuté son incroyable descente aux enfers, concédant 8 défaites en 10 matches au point de dire officiellement adieu à la montée ce samedi, à deux journées de la fin (le club est 4e à 11 points du leader). Un nouvel échec cuisant pour Gérard Lopez. Le président bordelais continue d’incarner un projet à l’agonie, mais pas question de quitter le navire. Au contraire. Cette saison, il a recalé Oliver Kahn qui souhaite racheter le club.
Gérard Lopez ne veut pas partir
Récemment présent au stade, une première depuis très longtemps, il s’était confié en zone mixte pour expliquer que la non-montée ne changera rien à son projet. «En termes de plan d’affaires, on a prévu deux saisons dans chaque division, donc ça ne change rien. Idem pour la recherche de partenaire, ça ne change rien. On ne dépense pas 40 millions par saison. S’il faut rester comme ça, on restera comme ça. Seul ou accompagné, ça ne change pas.» Il y a quelques jours, les Ultramarines sont enfin sortis du silence sur la situation du club. Ces derniers ont rencontré la direction du club après cette nouvelle désillusion. «Nos échanges se sont articulés autour de quatre points. La gestion financière : sortie du redressement judiciaire, passer la DNCG, apurement de la dette, contrôle de la masse salariale, commissions d’agents. Sérieux budgétaire à renforcer. Incarnation de l’autorité : nomination d’un Président qui gère le club au quotidien, qui assiste aux matchs et qui a l’autonomie nécessaire pour prendre des décisions, ce qui aurait pu éviter que cette saison ne soit sabordée en quelques semaines. Un recrutement N2 : prioriser des joueurs guerriers qui connaissent ce championnat, arrêter les recrutements systématiques à l’étranger souvent coûteux et en lien trop étroit avec certains réseaux d’agents. Ouvrir la porte à tout projet de rachat, sérieux tant sportivement que financièrement» détaillait le communiqué.
Dans ce même communiqué, les Ultramarines expliquaient également que Gérard Lopez avait bien l’intention de rester encore un bon moment au club. «Cette réunion fut tendue, parfois musclée, mais un dialogue constructif a toutefois été maintenu pendant plus de deux heures. Les réponses apportées par Gérard Lopez, qui n’engagent que lui, sont les suivantes : il dit s’engager à assurer la pérennité financière du club pour les échéances à venir et présente un plan sur 6 ans avec une rigueur budgétaire. De plus, il a affirmé ne pas vouloir répéter les erreurs sur le recrutement, et assure être prêt à étudier toute proposition de rachat crédible. Enfin, concernant le poste de président, nous avons exposé avec force nos arguments, sa réponse sera connue dans les prochaines semaines.» Une annonce qui a de quoi crisper et étonner les supporters. Bordeaux va donc continuer en N2 la saison prochaine, mais commence peu à peu à disparaître des radars du football français. Avec Gérard Lopez, ce club historique français qui continue d’attirer des dizaines de milliers de supporters à chaque rencontre est tombé bien bas… Jusqu’à quand ? L’avenir nous le dira.
En savoir plus sur