EdF : Raymond Domenech se confie enfin sur les échecs des Bleus

Botter en touche, évacuer une question, répondre à côté, Raymond Domenech a toujours joué avec les médias quitte à se les mettre à dos. Longuement interrogé par So Foot, il a pour une fois vraiment parlé football et philosophie de jeu, revenant sur les échecs de l'équipe de France durant son ère.

Par Aurélien Léger-Moëc
3 min.
France @Maxppp

« Attention Raymond is back ». Le magazineSo Foot annonce la couleur en première page de son édition de juin, Domenech est de nouveau prêt à parler de football. Ou du moins est-il prêt pour une nouvelle tentative. Car tout au long de son mandat à la tête de l’équipe de France, l’entraîneur de 59 ans n’a jamais su mettre en avant une quelconque philosophie de jeu. A tel point que tout le monde se trouvait dans le noir le plus total. Ce reproche fondamental, Domenech l’évacue à nouveau mais il s’évertue pour une fois à développer sa vision du football et surtout ce qu’il a cherché à inculquer aux Bleus.

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Réfutant son statut d’entraîneur défensif, il explique par exemple que les deux milieux défensifs qu’il alignait la plupart du temps n’avaient pas la même fonction. L’un d’entre eux devait rester devant la défense tandis que l’autre avait pour rôle d’apporter du danger devant le but, ou tout du moins une présence. Le problème, c’est que Domenech a attribué à Toulalan la responsabilité offensive, persuadé que le Lyonnais avait les capacités pour le faire. Autre exemple, le comportement des latéraux. « J'ai toujours demandé aux latéraux de participer. S'il y en a un qui me dit le contraire, je dirai devant tout le monde que c'est un menteur. Pour moi, les premiers, les vrais attaquants, ceux qui vont tout décaler, ce sont les latéraux. Le football moderne est ouvert sur les côtés. Tu prends Barcelone… A ce niveau-là, si tu n'as pas des gens qui viennent t'apporter le soutien, tu peux rêver, tu ne feras jamais de décalages », affirme-t-il.

Mais alors, si Domenech n’était pas un entraîneur défensif et inculquait des principes de jeu fondamentaux à ses joueurs, quels étaient les problèmes lors des échecs de 2008 et 2010 ? Les hommes eux-mêmes à croire l’ancien sélectionneur. « Parfois, ils n’avaient pas confiance en eux. Ils sont un peu craintifs, ils ne se libèrent pas. Il y a toute une pression. Jouer en équipe de France, ce n’est pas jouer le match chamallow du samedi après-midi avec un club de DH. Tu as un wagon de joueurs qui ont à peu près les mêmes qualités, tu n’en as que quelques-uns qui arrivent à passer ce palier psychologique, et d’autres qui coincent. A un moment, tu as l’impression qu’ils peuvent, mais ils restent en dedans », glisse-t-il. « On compare souvent les générations : 2006, plus de 30 ans de moyenne d’âge, 2008 entre 24 et 25 ans de moyenne d’âge. Cette pression-là, elle est lourde à porter ».

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Entre faillites des cadres et une pression trop importante pas toujours assumée, il tente de trouver des explications aux déroutes vécues, 2010 restant de loin la plus marquante. Cependant, Domenech tient à expliquer qu’il était très confiant avant le match face au Mexique, avec un Anelka utile à la pointe de l’attaque. « Mais attends, on a fait des séances d’entraînement, tu demanderas à Pierre Mankowski, les veilles, les avant-matches. Des séances de rêve. Des séances où tout fonctionnait. La veille de France-Mexique, on a fait une séquence sur deux organisations différentes : une avec Nico devant et une autre avec Titi. Je peux te dire que celle que j’ai mise au départ, on a fait 20 minutes, ça a été un bonheur. C’était exactement ce qui devait marcher pour jouer les Mexicains, qui jouaient avec Marquez derrière : il fallait aller dans la profondeur… On veut tous la même chose : quand t’as des mecs qui marchent, bah oui, il te manquera toujours quelque chose. »

Il a fallu attendre une année pour que Raymond Domenech accepte d’argumenter, de discuter de son travail, mais sans le remettre en cause. Peut-être aurait-il dû s’autoriser une telle sortie plus tôt. Surtout, il aurait gagné en tranquillité vis-à-vis des médias s’il s’était montré plus généreux en explications lors de son passage à la tête de l’équipe de France. Le retour médiatique de Raymond Domenech sera-t-il suivi d’un retour sur un banc de touche ?

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